Body-painting : le corps comme support d’expression artistique

Jeudi 16 Juillet 2020 - 20:02

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Faire de son corps un moyen d’expression à part entière : on connaît bien cette tendance avec les tatouages et les scarifications. Le body-painting s’apparente un peu à ces techniques mais regorge de spécificités bien particulières. Peinture temporaire, il est très en vogue auprès de la jeunesse africaine qui trouve en lui un moyen de se réapproprier son identité culturelle.

Comme en témoigne le Festival de body-painting organisé il y a quelques mois au Cameroun, l’art prend de plus en plus d’ampleur en Afrique. La peinture corporelle est l’une des premières formes d’expression plastique pratiquée par l'humanité, qui connaît une régénération modernisée dans la société contemporaine. Le body-painting, de sa traduction peinture de corps, exige de la maitrise et de la technique. Cet art ancestral qui allie beauté et identité culturelle consiste à habiller le mannequin par la peinture, des couleurs, des paillettes et des motifs.

Au Congo, de jeunes artistes recourent de plus à cet art pour exprimer leurs idées et prôner leurs origines africaines. Dans des clips vidéos, pour des shootings personnels ou encore dans des films, le body-painting s’incruste à la perfection. Quelques fois, il fait office de sous-catégorie de l'art de la performance, dans lequel les artistes utilisent ou abusent de leur propre corps pour faire des déclarations particulières.

Par ailleurs, le body-painting est également utilisé pour des occasions spéciales de la vie, telle que lors d’un mariage. Dans les années antérieures, cet art était autant utilisé sous-forme de peinture de guerre ou de reconnaissance à l’intérieur d’une tribu. Dans la tradition congolaise, plusieurs ethnies recourent effectivement au body-painting. Chez les vili par exemple, le rituel de « tchikoumbi » ou rite ancestral d'initiation et de fécondité, marquant le passage de la jeune fille de l'enfance à l'âge nubile, donne lieu à l’usage d’une forme de peinture ancestrale.

Aujourd’hui, les communautés s’en servent aussi comme une volonté de communication passant par une démarche créatrice et artistique. Mixiana Laba, artiste comédienne congolaise résidant à Pointe-Noire, s’est récemment métamorphosée en guerrière du royaume Kongo pour montrer la beauté de la culture congolaise et la fierté de conserver l’héritage ancestral. Une approche vivement saluée par de nombreux internautes sur la toile.

Les couleurs les plus utilisés sont le noir et le blanc. Contrairement aux autres arts corporels comme le tatouage, le body-painting ne dure qu’un jour, au plus une semaine quand il est fait à base d’henné. Au fil des ans, il s’est élargi donnant ainsi naissance au body-painting artistique, de mode, commercial, les effets spéciaux…

Le body-painting, un costume à part entière

La peinture corporelle d'aujourd'hui, telle qu'elle est de nouveau pratiquée dans les sociétés, a un but surtout ludique et ornemental. Son caractère spectaculaire en fait une activité événementielle très prisée. De plus, le côté « ni nu, ni habillé » du modèle peint permet une exposition du corps sans que cela choque la pudeur prévalant dans lesdites sociétés : on voit très fréquemment des modèles « habillés » de vêtements en trompe-l’œil. Cet aspect permet ainsi à des personnes presque entièrement nues de circuler dans des lieux publics en ne suscitant le plus souvent que des sourires amusés.

Le thème animalier est aussi fréquemment traité : les modèles sont ainsi transformés en félins dans la plupart des cas, mais aussi en zèbres, oiseaux… Lorsque d'autres animaux apparaissent, ils sont le plus souvent intégrés dans un décor peint sur la peau du modèle : serpents dans la jungle, araignée sur sa toile…

Eviter l’amateurisme

Comme tout art, il est important de maîtriser les règles d’usage pour ne pas causer de problèmes à sa peau. Selon certains professionnels, il est conseillé d’utiliser une peinture spécialement formulée. Les peintures pour les beaux-arts, le bâtiment et autres sont à proscrire, sous peine d'allergies, voire d'intoxication.

De même, certaines encres pour « tatouage temporaire » et même le henné peuvent entraîner des effets indésirables. Par ailleurs, le body-painting est à appliquer sur une peau propre et tout à fait saine. Les parties corporelles lésées par des irritations et les cicatrices récentes sont à éviter. A cela, soulignons qu’il faut aussi nettoyer pinceau et éponges après usage, dans le but d'éviter la propagation d'éventuelles maladies ou infections. Respecter les délais de port du body-painting est également essentiel pour ne pas abîmer l’épiderme.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

1-L’art du body-painting traditionnel sur la femme africaine/DR, 2- Mixiana Laba dans son costume de guerrière accessoirisé de quelques graffitis de body-painting/DR

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