Opinion

  • Le fait du jour

De courte durée

Samedi 22 Août 2020 - 15:35

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Le séjour des militaires maliens dans les allées du pouvoir qu'ils viennent de ravir à son titulaire, le désormais ancien président, Ibrahim Boubacar Kéita dit IBK, sera sans doute de courte durée. Pour la simple raison que malgré l’onction populaire à leur entreprise, ils seront obligés de tenir compte des avis émis à l'extérieur du Mali et notamment par ses voisins de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest-CEDEAO-.

A l'unisson, ces voisins avec lesquels le Mali est lié par des échanges indispensables à la survie dans divers domaines, leur demandent de rétablir l'ordre constitutionnel et regagner les casernes où le rôle qui leur est assigné est de veiller à la sécurité du pays. Les soldats putschistes sont de ce fait visiblement à l'étroit. Cette réalité n’empêche pas de penser que dans l'état actuel des rapports de force sur le terrain, batailler pour le retour au pouvoir du président déchu ne va pas sans poser un certain nombre de problèmes.

Non seulement le chef de l’Etat qui a déclaré peut-être sous la contrainte sa démission pourrait difficilement se (re)légitimer aux yeux de la population qui réclamait son départ depuis plusieurs mois, mais la frustration pourrait grandir dans les rangs de l'armée et déboucher sur des violences que IBK, sur le départ, a refusé formellement d'inscrire dans son agenda. Jusqu’à présent donc, malgré les circonstances rocambolesques de la fin de son régime, son honneur est sauf.

En règle générale quand un putsch qui a réussi sur le plan de son exécution échoue sur celui de l'exercice du pouvoir, les meneurs ont plusieurs attitudes qu'ils peuvent adopter. Prenons en deux : soit ils durcissent leur position et versent dans la chasse aux sorcières et les intimidations pour se rendre légitimes ; soit ils implorent une porte de sortie honorable pour ne pas perdre la face. Il est certain que la junte malienne est tentée par la dernière option.

Sa chance, si on peut parler ainsi, réside dans le fait que l'agitation antagonique à son avènement n'a pas cours dans le pays depuis la bruyante sortie des casernes de ses meneurs. Au contraire, ces derniers s’essayent à l’excitant exercice des bains de foule et prennent langue avec toutes les forces politiques et sociales du pays. Même si elle se fait menaçante désormais, la CEDEAO qui était au chevet du Mali avant que les événements précipitent IBK, n’a pas abandonné ses bons offices.

Au plan intérieur, que ceux des acteurs maliens qui pensent profiter du vide institutionnel actuel pour se mettre en vedette se rappellent que le moment venu, le pouvoir d’Etat, les Maliens le remettront à un des leurs qui sortira des urnes. Qui sera sans doute aussi confronté à un certain nombre de problèmes demeurés insolubles depuis des décennies. Il devra alors se montrer à la hauteur s'il ne veut pas voir d’autres militaires « excédés » par la déconfiture de l’Etat refaire le coup de feu et invoquer « le salut » du Peuple.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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