Evocation : 1884, de Chavannes implante Brazzaville

Vendredi 18 Septembre 2020 - 13:57

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Au commencement était MFâ. C’était écrira l’inoubliable Roger Frey, architecte du livre consacré au centenaire de Brazzaville, « l’agglomération la plus importante de Ncouna-NTamo. Elle était formée de plusieurs villages, distants du fleuve d’une centaine de mètres ». Girard, le premier maire français de 1912 à 1915 de ce qui était devenue dès 1910, la capitale de l’Afrique équatoriale française  s’interrogea dans un article paru en 1916 sur le nom téké du site qui hébergeait sa ville. Il recensa au moins cinq noms dont NTamou, Ncouna, Bouaboua, Djali, MFa etc., « diversement cités par les auteurs de quelques relations faites sur ce point précis d’histoire. » Il concluait que «  Bouaboua Djali est peut-être le nom du petit village vendu à De Brazza et où s’élève le Brazzaville administratif actuel »

Le débat sur l’appellation indigène de Brazzaville faisait rage entre Européens au début du 20ème siècle. Le flottement autour des appellations « Ntamou ou Ntamo et Ncouna » fut rapidement évacué. Le nom « Ntamo » fut reporté à une agglomération située sur la rive gauche du fleuve en territoire belge, à l’entrée des rapides. C’est l’actuel Kintambo, une des communes de Kinshasa. Le bâtisseur de l’église catholique du Congo, Mgr Prosper Augouard se mêla à la dispute sur l’appellation indigène du site de Brazzaville.  Il écrira : « A propos de la capitale de l’AEF, Girard fait une confusion étrange… Nkouna veut dire « là-bas », rien de plus. Bouaboua Djali (qui signifie « cri de guerre de la rivière » est le nom d’un chef qui résidait sur le Djoué et M’Fâ, au bord de la M’Foa est bien le lieu exact du futur Brazzaville.

Le même Augouard notait l’attraction des commerçants sur les rives  du lac formé par l’expansion du fleuve. Il écrira : « Stanley-Pool est incontestablement le plus grand marché d’ivoire de la côte occidentale et il n’est point étonnant qu’il soit aujourd’hui le point de mire de tous les Européens. Le village Omfoa où j’étais établi est le village central où il se vend en moyenne 80 à 100 défenses par jour…» Est-ce un hasard si Stanley et Brazza choisirent d’établir leurs villages respectifs sur les bords du Pool aux rôniers ?

Il nous faut donc parler de M’Fa quand nous évoquons le village téké qui hébergeait comme tête de pont des Européens qui implanteront le « village des Blancs », c’est-à-dire le futur Brazzaville. D’après Brazza, « Makoko tenait beaucoup à ce qu’on établit près de sa résidence, à Mbé, le nouveau village des Blancs. Ce n’est pas sans regret qu’il accéda à ma demande de le fixer plus loin, à N’Couna, lors même que je lui eusse expliqué les raisons de mon choix, qui était d’ouvrir sur ce point une route plus facile aux Blancs Fallas.

 

 La chronique installe la fondation de Brazzaville à la date du 3 octobre 1980. Dans les faits, cette date est celle de la prise du territoire par les Français, c’est-à-dire le lieu de l’implantation du nouveau village des Blancs comme sus-indiquée par Brazza lui-même. L’implantation de la ville sera le fait de Charles de Chavannes le 30 septembre 1884. Secrétaire de M. Pierre de Brazza, de Chavannes implanta la première maison européenne de la ville désignée Brazzaville par la société de géographie de France.

 

En  séjour à M’Fâ, il repéra le promontoire qui héberge actuellement le Plateau-ville pour installer le village des Blancs, des allogènes par opposition aux indigènes tékés. De l’autre côté du fleuve, les Belges construisaient déjà le village des Blancs, Léopoldville, après avoir séjourné chez les indigènes tékés du village Nchassa, le futur Kinshasa. De Chavannes quittera M’Fâ pour émigrer vers Brazzaville.

Mais laissons parler de Chavannes lui-même :

« 2 mai. Déménagement de M’Fa. Installation provisoire dans les cases achetées sur le plateau ; ouverture de deux chemins pour aller au fleuve et au ruisseau qui coule à l’Ouest » (A suivre)

 

 

 

 

 

 

François-Ikkia Onday Akiera

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