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Le jour où le général de Gaulle a rendu son honneur à la France

Lundi 19 Octobre 2020 - 12:25

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Si l’Histoire, la grande Histoire ne saurait se réécrire des décennies ou des siècles plus tard, il n’est jamais trop tôt, ni d’ailleurs trop tard, pour en rappeler les heures, les jours, les mois essentiels qui l’ont vu basculer de façon imprévisible dans le bon sens. Ceci simplement parce que des humains, confrontés à des situations dramatiques, apparemment ingérables, incontrôlables ont entrepris de l’écrire au péril de leur vie, bravant des adversaires qui détenaient le pouvoir les armes à la main et comptaient imposer leur gant de fer à des nations entières.

 

Et c’est bien ce rappel qui inspire les documents de toute nature que nous publierons dans nos colonnes tout au long de la semaine qui débute aujourd’hui, notamment dans le numéro spécial des Dépêches de Brazzaville que nous consacrons à ce grand évènement. Un rappel d’autant plus nécessaire qu’il se produit dans un temps où les cartes se rebattent sur la sphère mondiale au risque d’effacer ou de faire oublier le passé dont nous sommes les héritiers.

 

S’il est vrai que la libération de la France, alors que l’Allemagne d’Adolf Hitler mettait l’Europe sous son joug inhumain, a débuté le 18 juin 1940 lorsque le général de Gaulle lança depuis Londres son appel à la liberté, il l’est tout autant qu’elle a pris corps, qu’elle est devenue une réalité en Afrique, précisément le 27 octobre de cette même année. De façon très concrète puisque ce même militaire de haut rang, après avoir effectué un bref séjour à Douala, Yaoundé et Fort-Lamy, vint à Brazzaville pour y publier le Manifeste qui donna une existence réelle à la résistance française, créer le Conseil de défense de l’Empire, lancer la radio qui diffuserait ses appels « au combat et au sacrifice », faire de Brazzaville la « Capitale de la France Libre ».

 

Le jour où De Gaulle a rendu réellement son honneur à la France est bien le 27 octobre 1940. Une date sinon oubliée, du moins présentée trop souvent par les historiens comme presque anecdotique alors même qu’elle a marqué l’un des principaux tournants de la Deuxième Guerre mondiale. Et c’est pourquoi il convient aujourd’hui, quatre-vingts ans plus tard, d’en commémorer dignement les grandes heures en rappelant à ceux qui l’auraient oublié que la France a entrepris de se reconstruire sur la rive droite du fleuve Congo, à l’endroit même  où Pierre Savorgnan de Brazza, ayant conclu son accord historique avec le roi des Tékés, Makoko, avait jeté soixante ans plut tôt  les bases de la cité qui porte toujours son nom et où il repose à jamais.

 

Ne jamais oublier ce que la France – mais pas seulement la France car c’est à Brazzaville que l’Europe tout entière a entrepris pour une large part de retrouver la paix que lui avait volée l’Allemagne nazie – doit à l’Afrique centrale, au Bassin du Congo dans son ensemble est assurément un devoir de ce temps. Et c’est bien ce message que nous devons transmettre.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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