Procès Minova : les ONG de droits de l’Homme dénoncent la faiblesse du jugement

Samedi 10 Mai 2014 - 14:49

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La mission onusienne a déclaré étudier la motivation de la Cour avant de se prononcer sur le fond du problème.

Le jugement rendu à Goma le 5 mai dans le cadre du procès Minova continue de susciter des remous dans les rangs des victimes qui s’estiment lésées en ce sens que leurs intérêts n’ont pas été pris en compte. Des voix ne cessent de s’élever, en effet, pour condamner ce verdict jugé complaisant pour autant qu’il blanchit la quasi-totalité des soldats présumés coupables des viols massifs commis fin 2012 à Minova, au Nord-Kivu. Alors que plusieurs dizaines des femmes ont subi le martyr de la part de ces éléments des Fardc en débandade après la prise de Goma par les rebelles du M23 novembre 2012, il est inconcevable que seulement deux d’entre eux aient été reconnus coupables. Les juges ont, en effet, déclaré n’avoir pas assez d’éléments de preuve pouvant établir la responsabilité de tout le reste d’officiers et sous-officiers incriminés dans cette affaire. À la fin, treize militaires ont été acquittés sur les trente-neuf poursuivis par le ministère public.

Cette sentence a soulevé le tollé des organisations de la société civile locale et des différentes organisations des droits de l’Homme à l’instar de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH). Cette ONG a, dans un communiqué publié au lendemain du jugement, dénoncé une « justice expéditive et bâclée qui découragera davantage les victimes de crimes de violences sexuelles de porter plainte ». Tout en militant pour que les victimes de violences sexuelles obtiennent justice et réparation, l’association demande à la communauté internationale de repenser son soutien à la justice congolaise pour qu’elle devienne crédible et efficace et condamne effectivement les auteurs des crimes les plus graves et garantisse une réparation effective aux victimes. Sur le même ton, d’autres structures associatives locales ont dénoncé la faiblesse du jugement qui, d’après elles, n’a pas prévu d’allocations en terme de dommages et intérêts à l’endroit des victimes. D’autres activistes des droits de l’Homme s’interrogent sur le sort d’autres femmes et filles violées dont les cas n’ont pas été portés devant le tribunal. Et de faire remarquer que cette catégorie des victimes est très nombreuse dans cette partie de la République le viol est entré dans les mœurs.

Au niveau de la Monusco, l’on dit attendre de lire et d’étudier la motivation de la cour avant de se prononcer, en connaissance de cause, sur le fond du problème. « Nous partageons à 100 % la déception des victimes de viols massifs et autres crimes à Minova », a déclaré Scott Campbell, le directeur du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme en RDC à Goma. Entre-temps, la mission onusienne a exprimé son soutien à l’auditeur militaire qui a décidé de poursuivre les enquêtes « afin que tous les responsables de ces crimes soient traduits et éventuellement punis ».

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Les prévenus pendant le procès