Dossier Marché de la Poésie - Entretien : Vincent Gimeno-Pons, Délégué général du Marché de la Poésie

08-06-2014 22:15

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" La poésie ne se contente pas d’être un rêve ou un leurre, mais est ancrée dans la réalité profonde des sociétés"

Pourquoi une édition consacrée à la poésie du Bassin du Congo ?

Le Marché de la Poésie est une manifestation qui s’est développée petit à petit au cours de ses trente et un ans d’existence. Aujourd’hui, nous accueillons environ cinq cents éditeurs et revues ainsi que des spectacles. Il y a une dizaine d’années, nous avons décidé de mettre à l’honneur un pays ou une région du monde dans le cadre du Marché de la Poésie et, depuis trois ans, nous avons décidé d’alterner un pays d’Europe et un pays d’un autre continent. Nous avons déjà reçu l’Espagne, la Finlande, les pays nordiques, l’Inde, etc. L’idée de consacrer une édition au Bassin du Congo est née il y a deux ans, au Salon du livre de Paris, sur le stand Livres et Auteurs du Bassin du Congo. Et de toute façon, notre objectif étant de faire le tour du monde, nous serions, bien sûr, passés par le Bassin du Congo une année ou l’autre. La collaboration s’est passée de façon merveilleuse, nous avons même dû freiner notre dynamisme, notre enthousiasme… et cela a abouti à cette édition.

Y aura-t-il des nouveautés par rapport aux précédentes éditions ?

Nous avons voulu faire une inauguration différente cette année, plus vivante. Jacques Darras et Henri Lopes* ont fréquenté le même lycée, mais ils s’étaient perdus de vue. Ils ont retissé des liens à l’occasion de la préparation de cette 32e édition du Marché de la Poésie et nous avons donc décidé de marquer cette inauguration par un entretien entre eux, qui sera l’occasion de dessiner le contour des choses, afin que les gens comprennent ce que sont la géographie du Bassin du Congo, sa culture et sa poésie.
La partie musicale a été amplifiée cette année puisqu’au moins deux artistes se produiront par soirée. L’idée est aussi de montrer l’univers culturel contemporain du Bassin du Congo en dehors de la poésie.

Et pour ce qui est de la programmation des poètes du Bassin du Congo ?

Tchicaya U Tam’si, Sony Labou Tansi, Gabriel Okoundji, Nimrod, Paul Dakeyo sont déjà connus des amateurs de poésie en France, mais l’idée était justement de ne pas se contenter de recevoir des poètes connus et reconnus, mais aussi, et surtout, de faire découvrir tout ce qui peut se passer aujourd’hui dans cette région émergente du monde. Bien sûr, seront également présents des poètes qui servent de « locomotives » aux nouvelles générations et qui les aident à porter le projet de la poésie africaine contemporaine : je pense notamment à Maxime Ndébéka.

Peut-on parler d’une particularité de la poésie du Bassin du Congo ?

Chaque pays, chaque nation, chaque région possède son empreinte personnelle au-delà de l’universalité de la poésie. L’histoire de ces pays émerge dans la poésie. Elle ne se contente pas d’être un rêve ou un leurre, mais est ancrée dans la réalité profonde de ces sociétés. J’ai découvert, au travers des poètes du Bassin du Congo, une poésie assez représentative dans son ensemble de la violence qu’il peut ou qu’il a pu y avoir dans cette région du monde, que l’on pense à la Centrafrique, au Congo, au Rwanda… Nous nous sommes d’ailleurs battus ensemble, avec Livres et Auteurs du Bassin du Congo, pour accueillir une poétesse venant de Centrafrique. Cela était important à nos yeux d’un point de vue symbolique.

 

*Respectivement Président et Président d'honneur du Marché de la poésie (NDLR)

Depuis 1983, le Marché de la poésie est devenu l’événement incontournable de la vie littéraire à Paris. À la veille de l’été, la capitale accueille auteurs, libraires, éditeurs et musiciens qui ouvrent leur univers à ce rendez-vous des amoureux des belles lettres. Cette manifestation, créée par Jean-Michel Place, rassemble, au pied de l’église Saint-Sulpice, le monde de la poésie dans le lieu symbolique qu’est la Ville-Lumière. Chaque année, des milliers de personnes s’y bousculent, curieuses de nouveautés. Chaque année, une région ou un pays est invité afin d’ouvrir l’événement sur le monde. Ainsi, la trente-deuxième édition mettra le Bassin du Congo à l’honneur en présentant ses poètes et leurs œuvres, ofrant des moments de rencontres privilégiées avec les auteurs, de la musique live et d’autres festivités. Tout au long du mois de juin, La Périphérie prolonge le Marché de la poésie dans différents endroits de Paris avec de nombreuses manifestations.
Propos recueillis par Rose-Marie Bouboutou