Marie-Jeanne Kouloumbou : « Je préfère la complémentarité à l'égalité »

Dimanche 19 Octobre 2014 - 5:00

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Elle n’est peut-être pas parmi les pionnières du journalisme au féminin au Congo, mais son passage au JT de 20 heures sur Télé Congo a suscité bien des vocations chez de nombreuses jeunes filles congolaises qui rêvaient de devenir comme elle

Marie-Jeanne Kouloumbou (MJK) a commencé à côtoyer les couloirs de la Radiodiffusion Télévision congolaise (RTC) alors qu’elle était encore sur les bancs de l’école. Dans l’itinéraire de cette femme des médias, on peut noter son passage au théâtre avec un troisième prix au concours de RFI. Après un bref séjour à la radio, elle est affectée à la télévision, où elle est reçue par des « aînés » qui l’ont accompagnée dans ses premiers pas. Et MJK de reconnaître : « Quand vous êtes bien reçu, vous allez nager dans de bonnes eaux ! »

C’est cette modestie qu’elle a mise en avant et qui l’a propulsée vers les cimes du métier. « Le diplôme et l’expérience sur le terrain doivent être en symbiose. Le métier et les conditions de travail d’hier et d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes. Il faut s’adapter, la précipitation n’arrange rien », conseille-t-elle, ajoutant une recette pour ses jeunes sœurs d’aujourd’hui : « Bannir l’esprit de suffisance ! » qui souvent condamne.

Star du plateau, MJK a été aussi la cible des fameux « scuds » lors de la Conférence nationale souveraine en 1991. Un épisode, sombre certainement, mais dont elle a tiré assez de leçons et de ressorts pour se propulser. L’expérience aidant, et forte de certains atouts et surtout de son entregent auprès de ses confrères et consœurs, elle se voit ouvrir les portes du Conseil supérieur de la liberté de communication où elle a été l’unique femme parmi les onze membres. Pendant dix ans, elle a géré les fonds et joué les régulatrices de cette profession où tous les excès sont possibles.

En arrière-plan, Marie-Jeanne Kouloumbou anime une association culturelle, Mbandza-Kongo, qu’elle a créée en 2000. Un moyen pour elle de rester connectée à son terroir dont elle s’est engagée à sauvegarder le patrimoine. Intellectuelle et moderne, MJK n’est pas indifférente au débat sur le genre. D’après elle, les femmes doivent d’abord la mériter avant de réclamer leur représentativité dans les sphères de prises de décision. « Il y a des domaines où il ne faut pas tricher. La femme devrait s’impliquer plus dans le rendement et l’efficacité et être un modèle. Je préfère la notion de complémentarité à celle d’égalité. Cette complémentarité peut déboucher sur la compréhension mutuelle et l’égalité… »

Mariée, mère de deux enfants, MJK a été élue conseillère parmi les six que va compter le district de Boko dans le département du Pool.

Cet article a été réalisé dans le cadre du projet Médias voix pour tous initié par l’ONG Search for Common Ground en partenariat avec le Groupe des journalistes pour la paix, avec l’appui du Département d’État américain.

Lydie-Gisèle Oko