Enseignement supérieur privé : la suspension des masters professionnels fait grincer les dents

Mercredi 15 Avril 2015 - 19:30

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La réunion qui a regroupé le 15 avril à Brazzaville, les cadres du ministère, les promoteurs des établissements privés, les étudiants et l’Association des parents d’élèves et d’étudiants du Congo (APEEC), n’a pas fait l'unanimité entre les différentes parties. 

 En effet, le ministère de l'Enseignement supérieur justifie cette démarche par, entre autres, le manque d’enseignants qualifiés et des structures appropriées dans le secteur privé. Au cours de la rencontre présidée par le conseiller à l’enseignement supérieur du ministre, Jean Ngoma-Maniogui, il a été question de rappeler aux promoteurs de ces écoles ainsi qu'aux étudiants, la réglementation en vigueur, notamment les conditions à remplir pour l’ouverture d’une école ; la démarche qualité.

Les participants ont aussi échangé sur l’épineuse question d’agrément définitif. Ces deux sujets ont suscité des échanges houleux  entre d’un côté les représentants du ministre de l’Enseignement supérieur, et de l’autre les promoteurs d'écoles et les représentants d'étudiants, appuyés par le président de l’APEEC, Christian Grégoire Epouma. Au terme des discussions, il a été retenu quelques propositions dont le changement des méthodes de travail en ce qui concerne l’agrément définitif et la mise en place d’un chronogramme au cas par cas pour les établissements. Ils ont également retenu la mise en place d’une commission mixte technique ainsi que le coaching du ministère.

« Aujourd’hui, nous disons qu’il s’agit d’aller à un examen assez rapide au cas par cas par rapport à tous les établissements qui ont introduit les dossiers complets parce que le reproche qui a été fait concerne par exemple la qualification du personnel enseignant. Nous pensons que le ministère gagnerait à mettre en place une commission technique qui regarderait assez rapidement ces questions pour permettre aux établissements qui le méritent de continuer à dispenser les enseignements liés aux masters professionnels », a expliqué le président de l’APEEC, dénonçant la décision unilatérale qui a consisté à fermer tous les masters.

S’agissant de l’agrément définitif, Christian Grégoire Epouma, a déploré le fait que certains établissements privés sont à plus de sept ans d’agrément provisoire alors que le décret du 23 juin 2008 a placé la barre à deux ans. Selon lui, l’article 14 de ce texte stipule : « Lorsqu’on a accordé un agrément provisoire, on continue à suivre ces établissements et 2 ans après, on est censé donner soit l’agrément définitif, soit retirer l’agrément provisoire ». C’est ainsi qu’il a invité le ministère à respecter ce décret  car l’agrément définitif permettrait aux établissements privés de pouvoir s’ouvrir vers l’extérieur. « Pour nous, que les enfants soient dans le public ou dans le privé, ce sont des enfants congolais, il ne faut pas créer des conditions pour  les bloquer, les emmener à réagir en disant que nous sommes considérés comme des parias. Ils ne sont pas des parias parce que le chef de l’Etat accorde de l’importance au secteur de l’éducation », a-t-il conclu.

« On ne peut pas continuer d’exercer au moment où le licencié enseigne le licencié »

Pour rappel, cette réunion fait suite aux menaces que les étudiants des écoles privées regroupés au sein d’un collectif, proféraient à l’endroit du ministère depuis le 26 mars dernier. Pour le coordonnateur de ce collectif, Aurélien Matouala, cette réunion n’a pas produit des résultats escomptés puisqu’il n’y a rien eu de nouveau. « Nous nous heurtons encore à un mur, celui de l’irrationalité pure et simple parce que nous n’arrivons pas à comprendre pourquoi, les autorités nous obligent d’aller étudier à l’étranger alors que nous avons des moyens nécessaires pour étudier chez nous au Congo. Mais nous allons combattre cette situation jusqu’à notre dernière énergie en faisant recours à toutes les entités possibles », a-t-il laissé entendre.

Le ministre a suspendu les masters sur la base d’un certain nombre de critères afin de doter le pays d’un enseignement supérieur public ou privé de qualité.  Rappelant les conditions d’ouverture d’un établissement privé, le directeur général de l’enseignement supérieur, Joachim Massamba, a précisé qu’on : « ne peut pas continuer d’exercer au moment où on n’a pas d’enseignants ; au moment où le licencié enseigne le licencié ». En effet, dans certaines écoles, les licenciés occupent même les fonctions de vice-doyen, a- t-on appris.

 

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Jean Ngoma-Maniongui entouré de Jocelyne Dello et de Joachim Massamba ; une vue des promoteurs des écoles privées ; crédit photo Adiac