Soudan : Khartoum mécontent de l’extension de la Minuad

Lundi 20 Juin 2016 - 12:25

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Les autorités soudanaises ont convoqué dimanche le chef de la Mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour (Minuad) pour dire leur désagrément sur l’extension de cette force de paix de l’ONU dans cette région soudanaise. Une réaction qui intervient à la suite d’un rapport de l’ONU recommandant le renouvellement pour un an du mandat de la force internationale.

Dans un rapport spécial soumis au Conseil de sécurité par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon et la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini-Zuma, il est recommandé l’extension d’un an du mandat de cette force conjointe. Le texte note des « progrès limités » accomplis par la Minuad pour la résolution du conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts depuis 2003 au Darfour. Par conséquent, il recommande d’étendre cette mission pour « 12 mois jusqu’au 30 juin 2017 ».

« Avec des dizaines de milliers de personnes nouvellement déplacées en 2016 et environ 2,6 millions toujours déplacées au Darfour, les civils dans la région continuent de subir les conséquences de la situation volatile en matière de sécurité », souligne le rapport.

En dépit de ce constat, Khartoum ne veut nullement voir les choses se faire de cette manière. Depuis quelque temps, et surtout à l’approche du lancement en juin des discussions au Conseil de sécurité sur le renouvellement de la Minuad), le gouvernement soudanais intensifie la pression pour que les Casques bleus se retirent du Darfour.

« Il est temps de dire adieu à la Minuad (…). Cette mission était destinée à protéger les civils, mais ils ne sont désormais plus en danger. Il n’y a pas de conflit au Darfour », a déclaré par exemple le secrétaire d’Etat, Kamal Ismaïl. Comme ce responsable gouvernemental, d’autres personnalités du pouvoir affirment que Khartoum est en train de négocier avec la Minuad pour organiser la fin de l’opération. Ils vont jusqu’à indiquer que certains pays membres de la mission ont exprimé leur souhait de retirer une partie ou l’intégralité de leurs troupes.

Kamal Ismaïl a, par ailleurs, assuré que le Soudan était en mesure de « maintenir la paix » si la Minuad se retire. « La poursuite de cette mission est tout simplement un gâchis d’argent, qui pourrait être consacré à des projets de développement au Darfour ou ailleurs au Soudan », a-t-il estimé.

Chargée de lutter contre les violences au Darfour, la Minuad qui a été lancée en 2007 assure que malgré le recul des affrontements entre les troupes gouvernementales et les rebelles ces derniers mois, la situation générale dans cette partie du pays demeure préoccupante. Or, depuis l’organisation en avril d’un référendum - contesté et boycotté par l’opposition- sur le statut administratif de la province, le régime fait croire que le conflit est terminé. Khartoum qui augmente ces pressions sur le retrait de quelque 20.000 soldats et policiers déployés au Darfour assure ouvertement que cette région ravagée par la guerre est désormais pacifiée.

Selon des sources concordantes, plus de 100.000 personnes ont été forcées de fuir leurs foyers ces derniers temps après des combats sporadiques qui continuent d’opposer l’armée loyaliste aux rebelles dans le Jebel Marra, une zone montagneuse à cheval sur trois Etats du Darfour.

Depuis le début des combats en 2003 entre l’armée régulière et les groupes armés issus de minorités ethniques qui dénonçaient la marginalisation politique et économique de leur région par le régime du président soudanais Omar el-Béchir, ce conflit dévastateur a fait 300.000 morts et quelque 2,5 millions de déplacés selon l’ONU.

Nestor N'Gampoula

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