RDC : Diomi Ndongala appelle les Congolais à surpasser leur peur

Samedi 21 Décembre 2013 - 13:30

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Le politicien, membre de l'opposition, a décidé de lancer une rubrique éditoriale sur le pays et les questions politiques majeures, en vue de continuer à contribuer, malgré son incarcération, sur la marche de la Nation.

Dans une lettre écrite à partir de sa cellule de la Prison centrale de Makala, à Kinshasa, le président de la Démocratie chrétienne (DC) et porte-parole de la majorité présidentielle populaire (MPP), Eugène Diomi Ndongala, a exhorté les Congolais à se surpasser de leur peur et de comprendre que leur futur est en danger. Dans cette première correspondance, le député invalidé et remplacé a décrit l’ « entropie politique » que vit le pays.

Dans son courrier, Eugène Diomi a décrié les derniers accords signés entre le gouvernement et le groupe rebelle M23 ainsi que le revirement pris par le forum national organisé dernièrement. « Les accords politiques avec la communauté internationale, avec les rebelles, s’additionnent mais la République démocratique du Congo (RDC), plutôt que de reprendre le chemin de la remise sur les rails du processus de démocratisation, semble œuvrer dans le sens contraire : la mise en place d’une dictature à vie », a-t-il noté.

De l‘avis du président de la DC, les concertations nationales, en tant que forum politique complètement « téléguidé », ont donné lieu quand même à quelques allures d’espoir de redynamisation de la vie politique interne du pays. « Mais, comme d’habitude, au-delà des grands discours et des chorégraphies folkloriques habituelles, les Congolais ont vite compris que le pouvoir ne veut pas respecter ses propres engagements souscrits par sa propre majorité lors de ce forum politique », a-t-il écrit. De son avis, la non-application de la résolution des concertations sur la libération des prisonniers politiques est l’exemple patent de la situation décriée.

Pour Eugène Diomi, en effet, alors que l’Accord-cadre d’Addis-Abeba prône la réconciliation nationale et la relance du processus de démocratisation, le pays assisterait à un processus contraire avec, à la clé, une prévisible révision constitutionnelle pour éterniser Joseph Kabila à la tête du pays.

Manque de dialogue entre opposition et majorité

Dans sa réflexion, le porte-parole de la MPP a décrié une « politique de faux habillage dialectique », qui serait toujours d’actualité alors que le manque de dialogue entre la vraie opposition et « majorité » est incontestable. « Au moment où j’écris mes réflexions que, en toute modestie, je désire partager avec mes compatriotes, il me semble qu’un vide de pouvoir s’annonce en RDC, un vide à peine colmaté par le dynamisme du nouveau représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en RDC, le vert Martin Kobler », a-t-il dit. Pour Eugène Diomi, en effet, si l’on grattait la surface de la fine couche de peinture étalée pour cacher la « passivité kabiliste », on se rendrait vite compte que ce pays est actuellement sans un vrai gouvernement, l’actuel étant de facto démissionnaire, « avec une assemblée nationale et un Sénat en vacances alors que le budget de l’état pour 2014 n’est pas voté et surtout avec la signature par le Cirgl/Sadc d’une conclusion des pourparlers de Kampala alors que l’application essentielle de cet accord demeure sans prise en charge à ce jour ».

Application des accords signés

« Combien de temps encore ces insurgés qui se sont rendus résisteront à dormir à la belle étoile, sans nourriture et sous la pluie, avant de reprendre le chemin de la brousse ? », s’est demandé Diomi Ndongala.

Pour le président de la DC, en effet, il ne faut pas oublier que le prétexte du lancement de la rébellion/agression fut la non-application des accords précédents de mars 2009. « Des lors, il me semble nécessaire au moins de ne pas se replacer dans la position, encore une fois, en signant des accords, devant une pléthore de témoins internationaux, et par la suite de ne pas donner application à ces engagements souscrits au nom de la République », a-t-il soutenu.

De son avis, un plan de désarmement, démobilisation et réinsertion ni l’amnistie, le pays ne fera que se placer, encore une fois, dans la même position de mars 2009. Et, en toute vraisemblance, les mêmes préalables donneront lieu à des nouveaux prétextes visant sa déstabilisation permanente.

Dans son  état de lieu, Eugène Diomi Ndongala pense que, malgré l’application systématique de la politique du maquillage esthétique à la consommation extérieure, aucune fracture politique n’est colmatée alors que le choix de la politique économique dite de la « modernité » à la place de la promotion du développement qui passe par la construction des infrastructures de base, la promotion de l’agriculture et le démarrage de l’industrialisation du pays, demeure à la base des basses performances économiques du pays.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

1- Eugène Diomi Ndongala/Photo LDB. 2- Diomi Ndongala, Moni Della, Olenghankoy et Franck Diongo/Photo LDB