Interview. Nicole Sulu : « Le Makutano se veut une autre porte d’entrée en RDC »

Lundi 17 Juillet 2017 - 16:15

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Nicole Sulu est la fondatrice et la présidente du réseau d’affaires « Makutano » qui est également un grand rendez-vous économique mettant en connexion les acteurs de l'innovation et du progrès social congolais. La troisième édition de cet évènement se tiendra à Kinshasa du 14 au 16 septembre prochain. Nicole Sulu était de passage à Paris le vendredi 7 juillet pour participer à l' event organisé par le Congo Millenium Business Club en vue de sensibiliser la diaspora à prendre part à cette prochaine édition.

Le Courrier de Kinshasa : Quelle est aujourd’hui l’envergure du réseau Makutano ?

Nicole Sulu : le réseau compte aujourd’hui 400 membres dont plus de 250 actifs et qui s’investissent réellement dans chaque évènement. Sur une année, nous avons organisé plus de six évènements : déjeuner-conférence, dîner-débat, présence à la semaine française, etc. C’est très intéressant de voir que tous ces membres répondent présents. Et on espère en avoir en plus à chaque fois.

LCK : Comment évaluez-vous vos échanges avec la diaspora congolaise de Paris lors de la présentation du Makutano ?

NS : Nous sommes très contents de l’organisation de Paris. La mobilisation a été grande. Cela nous rassure et nous conforte dans l’idée que nous sommes sur la bonne voie, sinon on n’aurait pas eu un si bel accueil, avec beaucoup d’entrepreneurs et beaucoup de projets pour la RDC. Et on espère que par ces quelques mots que ce déplacement et ces échanges aussi, on a pu convaincre certains de miser sur la RDC. Il faut absolument faire ce pari de la RDC, il faut oser la RDC.

LCK : Vous vous êtes rendue dans plusieurs villes pour parler du Makutano, Paris, Bruxelles, Genève, Dubaï, etc. Sensibilisez-vous uniquement les membres de la diaspora congolaise ou également les entrepreneurs d’autres pays ?

NS : Nous sensibilisons ceux qui ont un projet en RDC, ceux qui sont intéressés par la RDC et qui ne connaissent peut-être pas très bien les interlocuteurs ou éventuels partenaires sur place. On se veut  une autre porte d’entrée en RDC. Il faut que des investisseurs viennent en RDC, il faut développer l’industrie, créer des emplois et il faut créer de l’emploi avec tout le monde car ce ne sont pas seulement les Congolais qui peuvent le faire. On veut rassurer par notre présence et démontrer que l’on fait de notre mieux pour connecter les hommes d’affaires, trouver des synergies intéressantes et offrir un espace d’échanges à des partenaires potentiels. Ils auront ainsi à leur disposition une plate-forme en RDC où ils peuvent rencontrer les entrepreneurs qui évoluent sur place et discuter des projets.

LCK : À quel niveau se trouve actuellement l’organisation de la troisième édition de Makutano ? Combien de participants sont-ils attendus ?

NS : Nous attendons 350 personnes et ça va vite cette année. Nous sommes très contents de constater que les gens s’inscrivent plus tôt pour cette édition. On pourrait accepter 400 participants au maximum car les sites ne nous permettent pas d’en accueillir plus. Nous sommes dans la dernière ligne droite.

LCK : Quel est le profil des entrepreneurs qui se sont inscrits ?

NS : Nous aurons de belles délégations en provenance de Brazzaville, du Cameroun, du Gabon, de Paris, de Bruxelles, de Dubaï du Canada, des États-Unis. Ce sont des chefs d’entreprises. Nous essayons d’ouvrir les portes, le plus largement possible, pour des opportunités d’affaires en RDC.

LCK : Quelle sera la spécificité de cette troisième édition ?  

NS : Le Makutano est un réseau qui monte en puissance, en témoigne son évolution ces deux dernières années. La troisième édition aura comme thème « L’industrialisation ». On veut parler d’une industrialisation de transformation avec une valeur ajoutée. C’est un passage obligé notamment dans le secteur de l’agriculture, si on veut voir la RDC se transformer rapidement.

LCK : Le célèbre homme d’affaires nigérian Tony Elumelu est le parrain de cette troisième édition. Sera-t-il présent à Kinshasa ?

NS : Il ne sera pas présent à cette édition. Mais il a eu un coup de foudre pour le Makutano et c’est pourquoi il a décidé de parrainer cette troisième édition qu’il suit de près. Il est tombé amoureux de ce réseau qu’il suit et qu’il soutient. Son parrainage permet de donner également une ouverture à la RDC. Il dispose d’une Fondation qui offre un soutien aux jeunes entrepreneurs. Cela nous a permis notamment de sensibiliser et certainement d’avoir plus d’accès pour les Congolais. Le but du Makutano est aussi d’amener les Congolais le plus loin possible. La Fondation de Tony Elumelu réalise un excellent travail. Et le nombre de Congolais qui devraient bénéficier du travail de cette Fondation pourrait être plus élevé.

LCK : l’évènement de Paris, où vous avez présenté le réseau Makutano à la diaspora, a été rehaussé notamment par la présence du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, She Okitundu, et par l’ambassadeur de la RDC en France, Christain Atoki Ileka. Le réseau Makutano est apolitique, mais quelle relation entretenez-vous avec les autorités politiques.

NS : c’est une excellente question car il faut vraiment faire la part des choses. Il faut qu’on arrive à dépasser ce débat et à penser au pays dans le sens de l’État. On paye les impôts pas parce qu’on aime ou on n’aime pas, mais c’est parce qu’il faut les payer. On se procure les passeports au ministère des Affaires étrangères. À ce moment-là, on ne se pose pas la question de savoir si c’est politique ou pas. L’ambassade est reconnue comme étant la représentation diplomatique officielle de la RDC en France. Cette présence crédibilise le réseau. Cela ne veut pas dire que l’on est d’un camp ou d’un autre. Le but des hommes d’affaires est aussi de travailler avec les politiques et de s’inscrire dans une continuité. Ce sont des hommes d’État et il y aura une continuité. Il ne faut pas tout politiser car cela nous freine dans beaucoup de choses. Les hommes politiques ont leur part et nous avons la nôtre. Notre rôle de contrepoids économique permet d’avoir des échanges intéressants.

LCK : Que répondez-vous à ceux qui disent que participez au Makutano coûte très cher et que cela exclut une catégorie d’entrepreneurs ?

NS : c’est vraiment une frustration que je comprends. Néanmoins, les frais que nous demandons couvrent tout : le réseau mis à votre disposition, les repas, l’accès aux sites, etc. Et en RDC, les prix ne sont pas donnés…Ce sont des factures que nous devons honorer auprès de nos partenaires. Mais un chef d'entreprise doit comprendre cela car c'est aussi un investissement. Quand, pendant ou après l’évènement, on bénéficie de bonnes opportunités d’affaires et qu’on signe des contrats de partenariats qui s’évaluent à plusieurs milliers de dollars, le montant investi pour assister au Makutano pourrait paraître dérisoire. Le montant que nous demandons équivaut presque au prix d’une paire de chaussures ou encore est moins élevé que le prix d’un billet d’avion en classe économique. Une entreprise entraîne des investissements dans le matériel, dans l’humain, dans le réseau. Un business sans réseau aura du mal à se développer. On ne peut pas être un homme d’affaires sans un réseau réellement soutenu.

Pour plus d'informationswww.makutano-network.org

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Nicole Sulu (Crédit photo: Ayme Katendi)

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