L’Italie, troisième investisseur en Afrique

Samedi 22 Juillet 2017 - 18:11

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Le continent est toujours dans une perspective positive auprès des hommes d’affaires et investisseurs : priorité de la coopération italienne.

Plus que jamais, l’Italie mise sur l’Afrique et place le continent au centre de sa stratégie de développement pour le futur. Dans divers secteurs, depuis l’énergie qui est la plus citée jusqu’aux infrastructures de base, la coopération italienne s’est évertuée à traduire en actes les proclamations de ses politiques les plus volontaristes. Le résultat, que documente le dernier rapport 2016 de l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement en Europe), montre que Rome est devenue la principale partenaire économique occidentale de l’Afrique.

Avec 11,6 milliards de dollars d’investissements, l’Italie occupe en effet la troisième place des investisseurs en Afrique, derrière la Chine (38,4 milliards) et les Emirats arabes unis (14,9 milliards). Publics et privés, les investissements italiens ont été boostés depuis 2011, année où fut signé à la Farnesina, le ministère italien de la coopération à Rome, le « Pacte africain ». Ce pacte de relance fut signé par plusieurs pays africains. Il marquait le changement de cap opéré par l’Italie sur le continent, Rome passant du statut de donateur à celui de partenaire de développement pour l’Afrique dans un esprit gagnant-gagnant.

La volonté était d’apporter les effets de ce changement de perspective dans des secteurs aussi divers que les infrastructures, les technologies, la transformation, l’agriculture ou le tourisme. Volonté maintenue et même réaffirmée, ainsi que le démontre la multiplication des voyages de hauts-dirigeants italiens en Afrique depuis plus de 5 ans. On ne compte plus les « premières fois » des gestes posés depuis lors, avec la signature d’accords essentiels ayant des Italiens comme acteurs.

Entre janvier et novembre l’an dernier, l’Italie a compté pas moins de six missions de haut-niveau venues en Afrique. Des voyages destinés chaque fois à poser un maillon supplémentaire dans la concrétisation des engagements annoncés. Avec la visite de l’actuel Premier ministre Paolo Gentiloni, alors ministre des Affaires étrangères, en novembre dernier au Niger, au Mali et au Sénégal, Rome a signé des accords de développement avec ces trois pays retenus aussi parmi les plus importants d’où proviennent les migrants économiques en Italie. En avril, le vice-ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Mario Giro, avait déjà visité le Sénégal, puis le Ghana, la Tanzanie, la Namibie et le Mozambique.

Toujours l’an dernier, en mars, le président Sergio Mattarella, a effectué la première visite historique d’un chef d’Etat italien en Afrique centrale, au Cameroun et, avant, en Ethiopie. Le 18 mai 2016, l’Italie a accueilli la première conférence Italie-Afrique à Rome, avec la participation des délégations de 52 pays africains. La conférence réaffirma non seulement la nécessité d’une collaboration avec l’Afrique, mais aussi « l’urgence d’une stratégie de l’Union Européenne » face aux situations d’urgence en Afrique ou à partir de ce continent.

Pour sa part, l’ancien Premier ministre Matteo Renzi est venu en Afrique à trois reprises. La première fois, en juillet 2014, il fit étape au Mozambique et à Brazzaville, au Congo ; puis à Luanda, en Angola. Il y est revenu en 2015 et en 2016, visitant pour cette dernière fois le Nigéria, le Ghana et encore le Sénégal. Chaque fois les officiels italiens ont réaffirmé une ligne de conduite qui n’a pas varié depuis, quels que soient les contextes : l’Afrique est une priorité, et l’Italie est un pont.

« Investir en Afrique pour le développement et contre les effets des changements climatiques ; ramener la stabilité en Lybie ; combattre les trafiquants » de migrants, a réaffirmé ces jours-ci Paolo Gentiloni. Pour lui, « l’accueil humanitaire ne suffit plus ; il doit être accompagné d’un effort collectif (européen) qui offre des prospectives à qui émigre ». Pour cela, la priorité doit aller à l’amélioration en Afrique du contexte des investissements privés. « Nous sommes prêts à cela », a dit  M. Gentiloni qui appelle les partenaires européens à investir massivement en Afrique.

« Les discussions avec l’Afrique se concentrent aujourd’hui sur l’exigence d’un partenariat ouvert entre les pays du G-7, les organisations internationales et les pays africains. Au centre, nous plaçons l’objectif de l’innovation et du développement du capital humain, portant l’attention à l’Afrique et aux investissements à l’Afrique », a dit Paolo Gentiloni cette semaine. Il appuie l’idée de Matteo Renzi, que reprennent en boucle les journaux de la Péninsule tel un mantra : il faut aider l’Afrique, pour ôter à sa jeunesse la tentation d’émigrer. C’est le fameux : « Aidons-les chez eux », diversement accueilli à gauche.

Lucien Mpama

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