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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : le Tribunal populaire

Jeudi 7 Septembre 2017 - 14:58

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Le Tribunal populaire est une juridiction d’exception créée pour juger les crimes politiques d’une manière générale, dans une période d’effervescence révolutionnaire voire de transport mystique des prosélytes du socialisme. Le 15 août 1963, le président Fulbert Youlou est renversé et mis aux arrêts. Jacques Opangault, absent du pays lors du mouvement insurrectionnel dit Révolution des 13, 14 et 15 août 1963, se constitue prisonnier, par solidarité avec le président déchu. C’est un courage rare dans un pays réputé pour la  poltronnerie, la couardise et la roublardise de ses politiciens. En pleine guerre froide, la situation est tendue entre les deux Congo. Instruments d’une guerre qui les dépassent mais convaincus de jouer leur partition dans ce monde bipolarisé, ces deux pays qui se regardent en chiens de faïence.  En 1964, le Congo-Léopoldville renvoie les Brazzavillois installés sur ses terres. La querelle devient paroxystique. Entretemps, un Tribunal populaire est mis en place à Brazzaville. Ses membres  prêtent serment vendredi 8 janvier 1965, dans la salle de conférence du ministère de l’Information , sis rue Lamothe, devant le procureur général Auguste Rock Nganzadi, entouré de Nkounkou Jules, substitut général, ancien ministre de la Justice, substitut général au parquet, commissaire du gouvernement, Adouki, juge d’instruction, assistant du Tribunal populaire, et en présence  des membres du bureau politique du MNR (Mouvement national de la Révolution). Les fortes  personnalités de Roch Nganzadi, finalement, commissaire du gouvernement et du président du tribunal, Stanislas Batchy ont occulté la présence des autres membres. 

En 1965, le président Youlou s’évade de la prison où il est incarcéré, derrière l’actuel siège du Conseil économique et social, à coté du Cfrad (Centre de formation et de recherche en art dramatique). Dans ce dernier endroit, se tint la Conférence de Brazzaville en 1944. L’évasion de Fulbert Youlou accroît ce que l’on appelle, alors, la vigilance. À Brazzaville et à l’intérieur du pays, le peuple est appelé à se mobiliser pour défendre la Révolution.  C’est dans ce contexte que débute à Brazzaville, le 8 juin 1965, le procès  du régime de Youlou. Pour le premier jour, Apollinaire Bazinga et René Kinzounza sont à la barre. Fulbert Youlou, en fuite, n’est pas sur le banc des accusés. Les jours qui suivent d’autres prévenus sont entendus au rythme de trois par jour. Au terme du procès, l’abbé Fulbert Youlou est condamné à mort par contumace ; Stéphane Tchitchelle (ministre des Affaires étrangères) et Dominique Nzalakanda (ministre de la Justice, garde des sceaux) sont condamnés à 15 ans d’emprisonnement ferme ; Prosper Gandzion, (ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports), Victor Sathoud (ministre du Plan et de l’Equipement) et Joseph Senso (maire de Brazzaville), à 10 ans ; Eugène Ngoma à 5 ans, Marc Delhot (chef du protocole), Isaac Ibouanga (ministre de la Fonction publique), Letembet-Ambily (membre du Cabinet du président Youlou), Mabiala Alfred à 3 ans ; Pierre Goura (ministre des Finances et du Budget) à 2 ans ; Michel Kibangou (ministre des Affaires économiques et du Commerce, chargé du Tourisme), à 1 an. D’autres condamnations ont été prononcées, notamment, celles d’Alphonse Nzingoula (Directeur général de la Sécurité) et Fulbert Loko (Radio Makala), sans précision sur les peines infligées. Jacques Opangault (ministre d’Etat), Kikhounga-Ngot (ministre du Travail et de la Prévoyance sociale), Apollinaire Bazinga (ministre de la Production industrielle, des Mines, des Postes et Télécommunications, chargé de l’Aviation civile et commerciale), Faustin Okomba (ministre des Travaux publics, des Transports, de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat) et Germain Samba (ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et des Eaux et Forêts)et David René Kinzounza sont relaxés à l’issue du procès. C’est l’occasion de parler d’Auguste Roch Nganzadi, premier procureur général congolais, est né le 10 février 1931, à Brazzaville. Il est magistrat de 2ème grade, 2ème groupe, docteur en Droit, diplôme de Droit privé et de sciences criminelles. En 1947, il sort deuxième au certificat d’études primaires. C’est un  élève très doué. Il se classe premier au concours d’entrée à l’école fédérale de Dolisie et entreprend ses études  secondaires. Elève précoce, après un trimestre seulement, il se rend en France.  Bordeaux, Toulouse et Paris, sont ses différents points de chute. Il obtient deux bachots avec mention bien. Attiré par la carrière judiciaire, il s’inscrit en droit. Il obtient sa licence et entre au  Centre national des études juridiques. Il travaille en France, avant de rentrer au Congo. Il est nommé, à titre exceptionnel, le 3 septembre 1964, procureur général près la Cour d’appel de Brazzaville et près la Cour suprême en remplacement de Mathieu Fernand, par décret n°64/286 du 3 septembre 1964. Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.  Il travaille en France, avant de rentrer au Congo. Il est nommé, à titre exceptionnel, le 3 septembre 1964, procureur général près la Cour d’appel de Brazzaville et près la Cour suprême en remplacement de Mathieu Fernand, par décret n°64/286 du 3 septembre 1964. Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.    

 

 

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