Bruno Jean Richard Itoua : « Il n’y aura pas d’année blanche »

Mercredi 1 Novembre 2017 - 16:29

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Le ministre congolais de l’Enseignement supérieur est à Paris pour prendre part à la 39ème conférence générale de l’Unesco. Depuis la capitale française, il s’exprime sur les différents sujets préoccupants en rapport avec la rentrée universitaire 2017/2018.

Le ministre de l’enseignement supérieur Bruno Jean Richard Itoua répondant aux journalistes Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : L’enseignement supérieur est frappé depuis plusieurs mois par une grève. Quelle pourrait être l’issue de ce mouvement social ?

Bruno Jean Richard Itoua (BJRI) : Seule l’université Marien-Ngouabi est touchée par la grève. Les établissements publics d’enseignement supérieur tels l’INTS et le CIRAS, qui ne font pas partie de l’université Marien-Ngouabi, et les établissements privés continuent à fonctionner normalement. Les étudiants ne sont pas en grève et une partie de l’administration assure le service minimum. Nous ne devons pas considérer cette grève comme quelque chose de particulier. Elle intervient dans un contexte macro-économique et financier difficile dû à la baisse des revenus pétroliers. Durant cette période transitoire, quelques obligations de l’Etat n’ont pas été remplies à temps. J’affirme qu’elles le seront quand nous aurons rétabli les équilibres, ce qui devrait intervenir vraisemblablement très rapidement. Bien qu’ayant réglé un mois de salaire, nous ne sommes pas parvenus à résorber la totalité des arriérés et l’intersyndicale n’a pas accepté de reprendre le travail, jugeant l’effort du gouvernement insuffisant. Les syndicalistes ont également refusé d’organiser les concours d’entrée, les sessions de rattrapage et de faire les inscriptions de l’année qui va commencer. Nous sommes toujours en négociation. J’ai bon espoir que nous trouverons un accord assez rapidement. Nous continuerons à nous assurer, au niveau du gouvernement, qu’un deuxième mois de salaire sera rapidement payé et que, d’ici à la fin de l’année, nous pourrons résorber le retard.

L.D.B : Certains agitent le spectre d’une année blanche. Qu’en est-il au juste ?

B.J.R.I : L’année scolaire 2016-2017 est terminée mais subsistent néanmoins les sessions de rattrapage pour quelques examens qui n’ont pas eu lieu. On ne peut donc pas dire qu’il s’agisse d’une année blanche puisque l’ensemble des cours a été dispensé. De même, l’année académique 2017-2018 n’a pas encore commencé ; il se révèle donc difficile de dire qu’elle va être blanche. Nous devrions nous entendre très rapidement avec l’intersyndicale pour que les concours aient lieu et que les inscriptions soient réalisées. Ainsi, nous aurons posé le premier jalon de l’année académique 2017/2018. Aujourd’hui, il n’est question d’année blanche ni pour l’année universitaire qui se termine, ni pour celle qui va commencer. J’appelle l’opinion nationale à être sereine sur ce sujet. La position actuelle des étudiants est de solliciter la compréhension des enseignants pour que les cours reprennent et que ceux-ci puissent commencer à une date compatible avec les calendriers internationaux pour que démarre l’année académique dans les délais requis.

L.D.B. : Concernant les nouveaux bacheliers, pouvez-vous d’ores et déjà annoncer un calendrier pour la tenue des concours et l’ouverture des inscriptions ?

B.J.R.I. : Le démarrage des activités d’une année académique dépend principalement de deux niveaux. D’abord le rectorat de l’université, qui doit prendre toutes les dispositions pour organiser les concours et d’autre part, pour ce qui concerne les facultés, la préparation des procédures d’inscription. A l’heure où nous parlons, tout est prêt. La seule chose qui manque aujourd’hui, c’est la disponibilité des travailleurs. Nous allons donc négocier avec eux. Le gouvernement a payé un mois de salaire dans cette conjoncture difficile. C’est un geste qui est un message important de la priorité que le gouvernement accorde aux questions liées à l’enseignement supérieur et à l’éducation en général. Je suis convaincu que le gouvernement va continuer à travailler pour que rapidement un deuxième geste soit fait. Dès lors, nous pourrons organiser les concours et les inscriptions.

L.D.B. : Quid des étudiants qui n’ont pas encore validé leur année et qui doivent passer des sessions de rattrapage ?

B.J.R.I. : De même, tout est prêt du point de vue pédagogique et académique en ce qui concerne les rattrapages. Nous avons simplement besoin que le personnel soit disponible. Dès que nous aurons un accord avec l’intersyndicale, nous pourrons immédiatement organiser les sessions de rattrapage pour les étudiants.

L.D.B. : Selon vous, la grogne des enseignants pourrait-elle gagner les étudiants qui accusent également plusieurs mois d’arriérés de bourse ?

B.J.R.I.: C’est un scénario qui plairait à beaucoup de gens, notamment à ceux qui s’agitent sur les réseaux sociaux. Heureusement, nous avons un dialogue permanent avec les étudiants à travers les deux organisations de défense de leurs droits : le MEEC et l’Uleeco qui siègent dans les instances de direction de l’université Marien-Ngouabi. Les étudiants ont participé à la commission d’attribution des bourses. Ils savent donc dans quelles conditions et à qui les bourses ont été attribuées ; les listes se trouvent au niveau du ministère des Finances et, en fonction des disponibilités au niveau du Trésor, la bourse sera payée. Il n’y a pas de raison pour qu’ils aient la moindre inquiétude. Nous traitons en ce moment les réclamations qui donneront lieu à une liste additionnelle. Il y a du retard mais les gens en connaissent la raison. La bourse est versée selon le calendrier civil et non académique. Pour pouvoir organiser la session d’attribution de la commission des bourses, il faut que nous ayons reçu les résultats des facultés. Or, cette année, il y a eu un retard assez important, non seulement du fait de l’administration mais également des étudiants qui ont fait une grève l’an dernier, retardant ainsi la fin de l’année académique. Ce n’est qu’à partir du 30 mai que nous avons pu commencer à traiter les dossiers. Nous mettons tout en œuvre pour rattraper le retard.

L;D;B; : Vous êtes à Paris pour la 39ème conférence générale de l’Unesco ; quel message du Congo portez-vous ?

B.J.R.I : L’Unesco traverse des moments difficiles avec le retrait de certains Etats-membres. Les contributions budgétaires des Etats ne semblent pas suffire à lui apporter la ressource dont elle a besoin pour assurer ses missions dans des domaines qui sont primordiaux. Nous estimons que nous avons besoin de lui assurer les conditions idoines pour conduire ses missions. Le Congo fera tout pour être exemplaire dans ce domaine. Nous avons besoin de l’Unesco qui est notre premier partenaire dans les domaines qu’elle couvre. Grâce à elle, nous avons une stratégie sectorielle de l’éducation, outil indispensable sans lequel nous ne pourrions pas piloter de façon efficace la mission d’organiser un système éducatif qui soit en adéquation avec les besoins de développement. Nous sommes ici pour dire à quel point nous devons soutenir l’Unesco et trouver les voies et moyens pour que l’institution ait les ressources adéquates, travailler à améliorer quelques questions de gouvernance, et sensibiliser sur les questions propres à l’Afrique afin que le continent ne paie pas le prix des difficultés financières que traverse l’Unesco. Par ailleurs, nous sommes heureux du fait que se trouve un Congolais parmi les grands dirigeants de cette institution. Ce qui démontre qu’il y a à la fois une reconnaissance du pays et de la compétence de ses ressortissants.

Propos recueillis par Rose-Marie Bouboutou et Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : Le ministre de l’enseignement supérieur Bruno Jean Richard Itoua répondant aux journalistes Crédit photo : Jean Bedel Bango

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