CPI : Bujumbura refuse de collaborer dans l’enquête sur des crimes présumés

Samedi 11 Novembre 2017 - 12:13

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La décision du gouvernement burundais a été rendue publique, le 10 novembre, par la ministre de la Justice, Aimée Laurentine Kanyana.

 

Dans une déclaration lue à la presse, la ministre a dit que les autorités burundaises ne collaboreront « jamais » avec la Cour pénale internationale (CPI). « D’emblée, le Burundi rejette cette décision rendue publique jeudi, car le Burundi rappelle qu’il s’est retiré du Statut de Rome depuis le 27 octobre 2017. Le gouvernement n’ayant pas été notifié de la décision de la CPI d’enquêter sur le Burundi avant son retrait effectif, (...), il n’est pas lié par cette décision », a-t-elle précisé.

Pour Aimée Laurentine Kanyana, le fait que les dirigeants du pays ont appris l’information sur cette enquête par les médias, 14 jours après la décision de la cour, « confirme encore une fois la politisation des droits de l’Homme et de la justice internationale, ainsi que la tentative de déstabilisation des pays africains (...) par les forces néo-colonialistes ». « En tout état de cause, le Burundi n’ouvrira jamais la coopération avec la CPI dans la mise en œuvre d’une décision, qui a été prise en violation du Statut de Rome et des principes du droit international », a souligné Aimée Laurentine Kanyana

Si le gouvernement burundais refuse de collaborer avec la Cour dans le cadre de l’enquête sur des crimes présumés perpétrés dans le pays, certains Burundais saluent plutôt cette décision. « Le gouvernement du Burundi croyait qu’il avait échappé à la justice internationale en se retirant de la CPI. Cette décision est une grande victoire pour le peuple burundais », a réagi  Me Armel Niyongere, membre d’un collectif international d’avocats pour les victimes des crimes commis au Burundi.

Pacifique Nininahazwe, une figure de la société civile en exil, à la tête de l’initiative "Ndondeza"(Aidez-moi à retrouver mon proche), qui enquête sur les cas de disparitions forcées, a également bien accueilli cette nouvelle. « Pour la première fois dans l’histoire du Burundi, il y a un espoir d’avoir un jugement des violations graves et massives de droits humains, mais ce n’est qu’une étape, car la souffrance du peuple se poursuit par une répression sanguinaire », a-t-il déclaré à la presse.

Dans une décision rendue sous scellés le 25 octobre, la cour« a autorisé la procureure de la CPI à ouvrir une enquête sur des crimes relevant de la compétence de la Cour, qui auraient été commis au Burundi ou par des ressortissants burundais à l’extérieur de leur pays, depuis le 26 avril 2015 et jusqu’au 26 octobre 2017 ».

Burundi est devenu, fin octobre, le premier pays à quitter la CPI, créée il y a quinze ans à La Haye pour poursuivre les auteurs des crimes. Ce pays est plongé dans une grave crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé, en 2015, sa candidature à un troisième mandat, qu’il a obtenu après une élection boycottée par l’opposition. La CPI estime qu'elle reste « compétente à l’égard de crimes qui auraient été commis pendant que le Burundi était un Etat-partie au Statut de Rome », traité fondateur de la cour, période durant laquelle Bujumbura reconnaissait sa juridiction.

Pour les Nations unies et les ONG, les violences ayant accompagné cette crise burundaise ont, depuis, fait de 500 à 2 000 morts, des centaines de cas de disparition forcée ainsi que de torture et ont poussé à l’exil plus de 400 000 Burundais.

 

Nestor N'Gampoula

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