Crise libyenne : Emmanuel Macron rend responsables l’Europe et les États-Unis

Vendredi 9 Février 2018 - 14:00

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En visite d'Etat récemment en Tunisie, le président français a fait une critique de principe de l'intervention de l'Otan, en 2011, à laquelle son pays a pris  une part importante.

Le 15 septembre 2011, le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, et le Premier ministre britannique, David Cameron, décidaient de "libérer le peuple libyen du dictateur Mouammar Kadhafi" selon leurs termes. Depuis, la Libye est plongée dans le chaos, en quête de sécurité et de stabilité politique, en proie à la division ainsi qu' aux tensions claniques et rivales. Le pays est devenu une source de déstabilisaton  de l'Afrique,  instaurant des trafics d'armes à l'échelle continentale, abritant des foyers djihadistes, de passeurs de migrants et des réseaux d'esclavage de migrants. 
A l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Emmanuel Macron a rompu le consensus politique  franco-français, qui a longtemps entouré l'initiative du président français de l'époque, Nicolas Sarkozy, d'enrôler l'Otan et la communauté internationale.  Il a critiqué la décision de Nicolas Sarkozy et de l'Otan, en ces termes :  "L’Europe, les États-Unis et quelques autres ont une responsabilité dans la situation actuelle en Libye [...] . L’idée qu’on règle la situation d’un pays de façon unilatérale et militaire est une fausse idée ". Poursuivant : " Je n'oublie pas que plusieurs ont décidé qu'il fallait en finir avec le dirigeant libyen sans qu'il y ait pour autant de projet pour la suite". 
Pour Emmanuel Macron, les Occidentaux  en général, et la France en particulier, ont "collectivement plongé la Libye, depuis ces années, dans l’anomie, sans pouvoir régler la situation ". A la fin de son dernier mandat, Barack Obama avait reconnu que l'"épisode libyen a été la pire erreur de [s]on mandat".  Un rapport du parlement britannique avait déjà été commis, fustigeant les raisons et les conséquences de l'envoi des forces militaires de l'Otan en Libye, qualifiant "les conséquences de cette expédition militaire d’un autre temps".
Pour Béligh Nabli, directeur de recherche à l'Institut des relations internationales et stratégiques, "en ne se limitant plus à la protection des civils, mais en cherchant la chute du régime de Mouammar Kadhafi, les puissances occidentales ont agi en dehors du cadre strict de la résolution de l’ONU et ont ainsi franchi les limites de la légalité internationale [...]. Outre les motivations réelles de l’intervention militaire, sa légalité même est discutable". 
Il ajoute : "Non seulement des attaques aériennes ou par missiles ont été menées au-delà des « lignes de front » ou zones de combat entre l’armée loyaliste et les rebelles, mais des opérations ont visé la personne même du colonel Kadhafi afin de faire tomber le pouvoir en place [...]très loin des considérations-de-l-hommiste invoquées à l'époque [...]l'intérêt du peuple libyen ne semble à aucun moment pris en compte". 

 

Noël Ndong

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