MST : les contaminations ne sont pas toujours le lot de l’infidélité

Dimanche 25 Février 2018 - 15:30

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« Tu m’as trompé ! C’est toi qui me l’a refilée ! ». Telle est la réaction de certaines personnes face à leur partenaire lorsqu’elles sont atteintes d’une Maladie sexuellement transmissible (MST). Du coup, doute, suspicion, jalousie, agressivité sont au rendez-vous alors qu’avec son compagnon, ils  sont restés tous deux fidèles l’un de l’autre. À qui faut-il attribuer la faute ? Faisons le point de la question.

Les maladies sexuellement transmissibles, communément appelées maladies vénériennes, connues aussi sous le nom d’Infections sexuellement transmissibles (IST), sont des infections dues à des micro-organismes (virus, bactéries, parasites ou champignons). Depuis 1999, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise de remplacer le premier acronyme par le second afin de signifier que, contrairement à une maladie, on peut être porteur d’une infection sans en présenter les symptômes.

Gonococcie (gonorrhée ou blennorragie), syphilis, herpès, trichomonase hépatite, chlamydiose ou encore papillomavirus, y compris le virus du sida… font partie d’une longue liste des maladies que l’on peut contracter au cours d’un rapport sexuel. Ces infections sont transmises particulièrement entre partenaires par  voie sexuelle ainsi que par d’autres voies comme la grossesse, l’accouchement et les transfusions sanguines.

Selon les médecins, on peut avoir été atteint de ces maladies sans présenter aucun symptôme de MST et donc être contagieux sans le savoir parce que certaines infections, sournoises, peuvent rester silencieuses pendant des années. Elles peuvent donc « dormir » longtemps dans le corps humain sans se manifester puisque leurs symptômes sont différents d’une maladie à une autre. D’où l’importance de se protéger et de réaliser régulièrement des tests de dépistage.

 Comment prévenir les IST ?

Pour prévenir les IST, il est primordial de suivre les conseils des médecins sur les infections et leur mode de transmission. Et le dépistage est le seul moyen efficace pour lutter contre ces différentes infections ayant comme point commun, la transmission par voie sexuelle. Le dépistage a pour but d’aider le patient à traiter rapidement ces infections en fonction des symptômes et à éviter les complications. Il permet aussi d’empêcher la transmission chez les partenaires des patients infectés.

« La plupart des germes transmis par contact sexuel peuvent avoir été transférés des semaines, des mois, voire des années auparavant et se manifester tardivement », explique le docteur A. Yoyo, gynécologue à l’hôpital militaire Pierre-Mobengo, de Brazzaville. « Ces maladies déclenchent chez la femme ou son conjoint des lésions précancéreuses dix ou vingt ans plus tard. Si la situation n’est pas expliquée ou relativisée par le médecin, la femme fidèle peut penser que son compagnon l’a infectée, et celui-ci peut s’imaginer à son tour que sa partenaire a eu des rapports extraconjugaux », a ajouté le docteur.

Pour le cas de la gonococcie familièrement appelée « chaude-pisse » par exemple, c'est une maladie très répandue qui touche les organes génitaux, le rectum et la gorge. Elle se transmet par rapport sexuel, et chez la femme enceinte infectée, de la mère à l’enfant au moment de l’accouchement. On estime à 200 millions le nombre de personnes qui souffrent de cette infection par an dans le monde.

Comme la blennorragie et l’herpès, d’autres MST font des ravages

Il est établi que chez la femme, la gonococcie est asymptomatique  dans 70% des cas. Et même silencieuse, la maladie peut entraîner des complications parfois graves. Lorsqu’il y a des symptômes, ils ne sont pas souvent moins importants que chez l’homme : douleur ou brûlure au moment d’uriner, inflammation du col de l’utérus avec parfois présence de pus, perte de sang en dehors des règles. Une gonococcie non traitée chez la femme l’expose à de nombreuses complications comme une cicatrice tubaire (ligature des trompes), une grossesse extra-utérine, une infertilité et des douleurs abdominales et/ou pelviennes chroniques. Chez l’homme, le principal risque est la stérilité, mais il est plus rare que chez la femme. 

Parlons aussi de l’herpès génital, une infection virale fréquente qui peut se réveiller longtemps après la transmission. Le Virus Herpès simplex de type 2 (HSV-2) se transmet presque exclusivement par voie sexuelle et s’annonce par des picotements, brûlures, cloques et démangeaisons. Suivis de douleurs locales parfois vives, et de rougeurs, de vésicules, puis par l’apparition de croûtes, ces signes doivent vous pousser à consulter sans tarder le médecin. Une personne peut donc souffrir d’herpès génital alors que son partenaire contaminé n’a jamais fait de crise.

La plupart des IST sont curables

« Chez la femme, 50 à 60% des herpès ne sont pas diagnostiqués malgré la présence de lésions, signale le docteur Jean-Marc Bohbot, directeur du service IST à l’Institut Alfred-Fournier, à Paris. Soit parce qu’on  pense à une mycose ou à une simple irritation, soit parce que la patiente n’arrive pas à obtenir un rendez-vous suffisamment tôt chez son gynécologue. La poussée dure quatre ou cinq jours, les lésions cicatrisent seules. Passé ce délai, on ne voit plus rien ».    

L’infection à HSV-2 est incurable et dure toute la vie alors qu’aucun traitement définitif n’existe pour l’heure pour le Virus herpès simplex de type 1(HSV-1), qui provoque des infections à l’intérieur et autour de la bouche (herpès orofacial/labial). Selon les estimations, 417 millions de personnes vivaient avec l’infection HSV-2 en 2012 dans le monde. On estime que sa prévalence est la plus élevée en Afrique (35,5%).

En somme, toutes les MST ou IST peuvent avoir de profondes répercussions sur la santé, mais la plupart d’entre elles sont curables à l’aide d’antibiotiques à dose unique et une bonne hygiène pour éviter la récidive. Par ailleurs, il existe des vaccins et divers traitements pour atténuer ou moduler les effets pour le cas des infections incurables.

Faith Maeva Samba

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