Diplomatie américaine : Rex Tillerson fait les frais de ses désaccords avec Donald Trump

Mercredi 14 Mars 2018 - 16:15

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À peine rentré d’une tournée africaine, le secrétaire d’Etat américain a été limogé, le 13 mars, par le président américain qui l’a aussitôt remplacé par le directeur de la CIA, Mike Pompeo.

Rex Tillerson, secrétaire d’Etat depuis janvier 2017, rentrait d’une longue tournée africaine lorsqu’il a appris la nouvelle de son limogeage. Ce remaniement, le plus spectaculaire depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, a été annoncé par le chef de la Maison-Blanche lui-même sur Twitter. Cette fois, c’est un poids lourd de son administration qui en fait les frais. L’ex-PDG de la compagnie pétrolière Exxon Mobil avait pris la tête de la diplomatie américaine à l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.

« Mike Pompeo, directeur de la CIA, devient notre nouveau secrétaire d'Etat. Il va faire un boulot fantastique ! Merci à Rex Tillerson pour sa contribution. Gina Haspel devient la nouvelle directrice de la CIA, et la première femme à ce poste. Félicitations à tous ! », a écrit le président américain.

Son départ n'est pas une surprise en raison des désaccords entre les deux hommes, qui ont culminé l’an dernier après des révélations selon lesquelles Rex Tillerson aurait qualifié Donald Trump de « crétin » pendant une réunion au département d'Etat, en présence des membres de l'administration présidentielle.

Les relations entre Donald Trump et son désormais ex-chef de la diplomatie n'ont jamais été au beau fixe. Les deux hommes ont maintes fois affiché leurs divergences, sur la Corée du Nord ainsi que sur l’Iran ou le Qatar et pas plus tard que lundi sur la Russie, Rex Tillerson ayant mis en cause Moscou après l’empoisonnement d’un ex-agent double russe en Grande-Bretagne.

En effet, Rex Tillerson vient de rejoindre une longue liste de collaborateurs ayant quitté leurs fonctions, plus ou moins forcés, depuis l'entrée du président américain, Donald Trump, à la Maison- Blanche.

Depuis sa prise de fonctions, près de vingt conseillers, secrétaires d’Etat ou très proches de Donald Trump ont démissionné, sont partis sous la contrainte ou en désaccord avec les orientations du 45e président des Etats-Unis.

Avant Tillerson, d’autres figures emblématiques avaient déjà fait leurs valises : le directeur du FBI; le conseiller économique; le fameux Steve Bannon, ou le conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, mi-février ; Reince Priebus, secrétaire général, ancien président du parti républicain ; Sean Spicer, porte-parole. Sans oublier que cinq directeurs de la communication se sont déjà succédé à la Maison- Blanche.

À qui le tour demain ? 

Signalons qu’avant son limogeage, Rex Tillerson a effectué, du 6 au 13 mars, sa première tournée officielle en Afrique. L’ex-chef de la diplomatie américaine s’est rendu successivement en Ethiopie, à Djibouti, au Kenya, au Nigeria et au Tchad.

Au cours de cette tournée, la première du genre depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, Rex Tillerson a rencontré les dirigeants africains et ceux de la Commission de l'Union africaine. Le but de sa visite a été, entre autres, de renforcer la coopération entre les pays du continent dans la lutte contre le terrorisme et encourager la bonne gouvernance. La décision du gouvernement américain d’interdire aux ressortissants tchadiens de voyager aux Etats-Unis a également été évoquée. « Les mesures qui ont été prises sont nécessaires en raison du conflit qui existe aux frontières du Tchad. », a expliqué le secrétaire d’Etat américain, avant de rassurer ses interlocuteurs : « Les Tchadiens sont les bienvenus aux Etats-Unis ».

Selon Rex Tillerson, « des efforts importants ont été faits par le Tchad pour renforcer le contrôle des passeports et les échanges d’informations concernant de présumés terroristes ». Tous ces efforts, a assuré le diplomate, devraient permettre de prendre des mesures afin de normaliser les conditions de voyage des Tchadiens aux Etats-Unis.

Yvette Reine Nzaba

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