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Où va l’argent perçu par des jeunes aux arrêts de bus?

Samedi 17 Mars 2018 - 13:30

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Les arrêts de bus transformés, semble-t-il, par des jeunes malintentionnés en parkings privés sont devenus un business qui ne dit pas son nom. Cette pratique boudée par des chauffeurs de bus, contrôleurs et taximen prend de plus en plus de l’ampleur aussi bien à Pointe-Noire qu’à Brazzaville, voire dans d'autres villes du pays. La petite « escroquerie », disons-le sans hésitation, fait enrichir ceux qui l’entretiennent sur le dos des paisibles transporteurs en commun.

De jeunes gens qui parleraient au nom de certains chefs occupent des arrêts de bus pour obliger à tout bus ou taxi qui sarrêterait sur les lieux de débourser 100 F CFA, voire plus à chaque passage. Et quand le bus ou le taxi refuse de le faire, il est sommé de vite quitter l’arrêt ou de ne pas prendre des clients. Ces jeunes le font sans être inquiétés. Ainsi, il y a souvent des querelles qui les opposent aux contrôleurs de bus. Alors les questions que l’on pourrait se poser  peuvent être les suivantes : « De qui ces jeunes malintentionnés ont-ils reçu mandat pour agir ainsi ? », « Quelle est la destination de cet argent du rançonnage des bus et taxis dans des arrêts ? ».

 À Pointe-Noire, par exemple, aux arrêts de bus de la bourse du travail, sur l’avenue Charles-de-Gaulle, et de celui du grand marché, la chose devient criarde et les clients ne cessent de se soucier des contrôleurs et chauffeurs quand ils les voient déverser tout le  temps de l’argent qui ne va nulle part. Il y a même, par excès de zèle, certains de ces jeunes qui arborent des tee-shirts portant des syndicats des parkings X ou Y. Voilà donc une belle occasion pour les associations et syndicats des transporteurs en commun de faire entendre leur voix en arrêtant net une telle pratique. Ces jeunes crient parfois haut et fort qu’ils sont envoyés par des autorités. Alors, de quelles autorités parlent-ils ?

Et si réellement ils travailleraient avec ces autorités, que cette pratique quitte le rançonnage pour être formalisée afin que les sommes d’argent collectées à chaque heure et tous les trente jours du mois trouvent un canal légal par lequel elles rentreraient au Trésor public. C’est aussi là l’élargissement des assiettes fiscales dont parlent tant les services d’impôt. Car cette escroquerie nourrit seulement ceux qui l’entretiennent et c’est à fustiger. Ces jeunes, interrogés en aparté, répondent en ces termes : « Même les commissaires des arrondissements connaissent bien ce que nous faisons ». Si tel est le cas, que ce système soit donc légalisé afin que le pays en tire profit.

D'ailleurs, les contrôleurs de bus affirment avec force que ces jeunes n’agissent pas seuls car cette pratique ne devrait pas se pérenniser de la sorte. Il y a là anguille sous roche. Pour avoir une perception générale sur les sommes d’argent découlant de cette pratique honteuse, nous nous sommes intéressés aux statistiques.

Prenons, par exemple, le cas d’une ville qui compterait près de trois mille bus et taxis en circulation. Chacun d'eux paie 100 FCFA à chaque stationnement qui ne dure que cinq à sept minutes. Or, chaque bus et taxi marquent plus de cinquante arrêts par jour dans une ville qui a près de quatre cents. Pendant un mois, on arrivera à des sommes colossales d’argent qui s’évaporent dans la nature. Ceci étant, transformons cette pratique en une valeur pour qu’elle soit profitable à la ville et au pays tout entier au lieu de cautionner cette antivaleur.

 

 

  

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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