Affaire Norbert Dabira : le général Nianga Ngatsé-Mbouala dit sa part de vérité

Jeudi 17 Mai 2018 - 20:45

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Comparu devant la Cour criminelle au troisième jour du procès en sa qualité de témoin de l’accusation, l’ancien conseiller spécial du président de la République et commandant de la Garde républicaine a confirmé que le général Dabira l’avait contacté pour faire « un coup d’Etat ».

D’après le général témoin, les faits remontent au lundi 16 octobre 2016, lorsqu’il a reçu le général Norbert Dabira dans son bureau, à la présidence de la République. A l’invitation de son hôte, ils se sont déplacés dans des bureaux situés en face de la Direction générale des affaires électorales (DGAE). « Il m’a dit que nous avons souffert dans ce pays, le président de la République est en train de s’occuper de ses enfants et  parents. Il m’a également parlé de l’avenir des Mbochis, il faut qu’on pense à l’après Sassou et j’ai dit non, lui demandant d’attendre seulement la fin de son mandat pour aller le déposer à Oyo, au lieu de le tuer », a déposé Nianga Ngatsé-Mbouala devant la Cour.

Selon lui, après son refus, son frère d’arme lui aurait demandé de réfléchir et de lui trouver des tireurs d’élite pour abattre l’avion du président de la République. « Après son départ, je suis resté assis longtemps. J’ai saisi mes services de sécurité en leur disant que ce que le général Dabira vient de me dire est grave et difficile. Le 17 octobre, je suis allé voir le président de la République en lui demandant de m’accorder quelques minutes d’audience, il m’a demandé d’aller travailler. Le 24 octobre 2017, j’ai échangé avec Alain Castanou et dans les échanges, il m’a demandé d’être vigilant, me faisant savoir qu'ils avaient des informations qui démontrent qu’il y a un projet d’assassinat et d’attentat contre l’avion du président de la République », a poursuivi le général Nianga-Mbouala.

Par rapport à ces informations, a-t-il déclaré, il s’est rendu compte que le général Dabira était venu le piéger. Le 15 novembre 2017, a-t-il ajouté, le président de la République qu'il avait finalement rencontré, lui aurait instruit de travailler avec le ministre Raymond Zéphyrin Mboulou de l’Intérieur et le secrétaire général du Conseil national de sécurité, le vice-amiral Jean Dominique Okemba. Le général Nianga-Mbouala a également expliqué à la Cour que le 29 novembre 2017, le général Dabira, depuis la France, lui avait fait parvenir une SIM de la RDC et un téléphone ZTE pour échapper aux interceptions de la police. Des éléments qu’il aurait présentés au chef de l’Etat.

« Le ministre Mboulou m’a dit qu’il a emprunté le même avion que le général Dabira. Il a mal parlé du président de la République. Il m’a dit qu’ils préparaient leur président et qu’ils ne travaillaient plus pour Sassou, ils travaillaient maintenant pour Okemba », a révélé le général Nianga Ngatsé-Mbouala.

Quant à la deuxième rencontre entre les deux généraux, elle s’est déroulée le 4 décembre après le retour de Norbert Dabira au pays. « Je lui ai demandé avec qui travaillait-il.  Il m’a cité Marcel Makomé, la Direction générale des services extérieurs de la France, l’Union européenne et Oba-Apounou qui lui auraient demandé de me consulter, m'assurant qu’il était revenu au pays pour conclure. Il m’a dit que tu as des gens, me demandant même d’aller voir le chef d’état-major des Forces armées congolaises. J’ai dit non ! Il faut continuer de travailler, tu peux aller voir le chef d’état-major sans lui dire que tu étais chez moi. Après, j’ai rendu compte au président », a déclaré le général Nianga Ngatsé-Mbouala.

L'ancien commandant de la Garde républicaine a aussi rappelé à la Cour que l’accusé Norbert Dabira avait reconnu les faits qui lui sont reprochés, le 12 décembre, au ministère de l’Intérieur et de la décentralisation, devant le général Philippe Obara, directeur général de la Surveillance du territoire (DGST), et le colonel Atipo, après l’audition de la cassette. Le DGST lui aurait demandé pourquoi le choix du général Nianga Ngatsé-Mbouala et l'accusé aurait répondu qu’il pensait que ce dernier avait des problèmes avec son chef, suite à l’attaque du 4 avril 2016 des ninjas du pasteur Ntoumi.

S’agissant de la veuve de Jean-Pierre Thystère Tchicaya, citée la veille par Norbert Dabira, le général Nianga Ngatsé-Mbouala a indiqué qu’il n’avait pas des relations particulières avec cette dernière. Il a remis à la Cour son numéro de téléphone français pour la contacter si cela était nécessaire. Quant à son implication dans les attaques du 4 avril 2016, comme l’a souligné la veille le général Dabira, il a rétorqué que c’est faux.

Contre-attaque du général Norbert Dabira

Reconnaissant avoir emprunté le même vol avec le ministre Mboulou au retour de Paris, le général Norbert Dabira a reconnu qu’il s’était plaint auprès de lui de ce que le président de la République ne voulait plus le recevoir. Il a cependant nié avoir déclaré qu’il travaillait désormais pour le vice-amiral Jean Dominique Okemba, remettant en cause, par ailleurs, les dépositions du général Nianga Ngatsé-Mbouala. «  Il refuse les choses, il y a eu beaucoup de mensonges. Je donne ma part de vérité, lui aussi donne sa part de vérité. S’il y a un complot, je ne devais pas être seul devant la barre. Il n’y a jamais eu d’organisation et je n’ai jamais demandé au général Nianga-Mbouala de contacter le chef d’état-major général. Ce sont des échappatoires ... », a retorqué le général Norbert.

Suite à ces révélations, la Cour a exigé le témoignage du ministre Raymond Zéphirin Mboulou pour départager les deux généraux.

Parfait Wilfried Douniama

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