Couleurs de chez nous: « Une rue, deux noms »

Samedi 14 Juillet 2018 - 14:56

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Dans l’une des chroniques publiées ici, nous passions en revue les noms des rues et avenues de Brazzaville ainsi que de certaines villes du Congo. De façon générale, nos rues et avenues portent les noms des personnalités, des localités et des ethnies. Ainsi trouvera-t-on des rues ou avenues Fulbert-Youlou, Jacques- Opangault ou Marien-Ngouabi ; des rues ou avenues Mgr Augouard, Archambault ou Raymond-Paillet ; des rues ou avenues Batéké, Mbochis, Babembé, Bomitaba, ou des rues Ollombo, Kinkala, Mossendjo, Owando, etc.

S’agissant des personnalités, le consensus se formait sur l’octroi de leurs noms aux rues. Chacun reconnaît que ces gens sont immortalisés parce que l’action a eu un impact sur la vie de leurs pays, villes, structures de travail ou sur celle de la population. Des gens qui sont pour les autres des modèles. Le cas des Diables rouges qui ont donné la Coupe d’Afrique des Nations au Congo dont les noms sont donnés aux rues du quartier Moukondo, à Brazzaville. Un acte consensuel comme pour les localités qui avaient vu leurs noms être donnés aux rues d’ici et de là.

C’est en calquant sur Brazzaville que les localités du Congo, en retard sur la politique d’adressage, ont dû débaptiser leurs rues et avenues. Certaines ont pensé immortaliser les grands acteurs qui ont œuvré pour la ville. Le cas de Pokola, dans la Sangha, où l’on a rendu hommage à une catégorie de dirigeants de la société forestière ayant contribué à l’émergence de cet ancien campement de pêcheurs.

Ailleurs, ce sont les filles et fils du coin qui ont raflé les suffrages. Rendez-vous à Ouesso pour assimiler cette leçon à travers certains noms de rues et avenues. Mais la « palme d’or » du renvoi d’ascenseurs à ses « élites » locales revient peut-être à Djambala où les grands noms de cette ville des Plateaux sont plaqués à chaque coin de rues ou avenues malgré quelques exceptions sur des personnalités d’ailleurs telles le feu président Omar Bongo Ondimba du Gabon.

A Brazzaville aussi, de plus en plus, des individus s’arrogent ce droit de donner des noms aux rues parce que premiers occupants ou parce qu’ils ont un rang social important. C’est ainsi que des noms d’illustres inconnus, voire de pantins, sont donnés à des rues et avenues. Celui-ci débaptise la rue du nom de sa mère ou de son hameau ; celui-là se souvient de la ville où il a fait ses études et en fait porter le nom à la rue, bref : une nouvelle culture de faire les choses qui n’est pas sans soulever des polémiques.

Quand celles-ci ne se traduisent pas en bagarres rangées dans les quartiers ou en lapidations des usurpateurs de ce droit d’adressage, on assiste à une cacophonie de type « une rue, deux noms ». En effet, il n’est pas rare de suivre une rue et de constater qu’elle change de nom tous les deux kilomètres ou après deux avenues qu’elle traverse.

Ce nouveau tableau est le résultat des initiatives unilatérales par des gens en quête de gloriole ou de reconnaissance. Ne peut-on pas, au nom de la démocratie, de la transparence et du vivre-ensemble, définir les critères pour débaptiser nos rues et avenues sans que cela n’irrite certains ?

Van Francis Ntaloubi

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