Décrispation politique : la Cenco redoute des élections biaisées

Mardi 11 Septembre 2018 - 18:29

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Les évêques catholiques ont, dans une lettre adressée le 10 septembre au président zambien, Edgar Lungu, en sa qualité de chairman de la troïka de la SADC sur la politique, la sécurité et la défense, émis quelques propositions de sortie de crise sans lesquelles le pays court le risque, soit de ne pas avoir de scrutins le 23 décembre, soit d’en avoir mais fallacieux.

Préoccupée par l’état actuel du processus électoral avec ses équivoques et ses incertitudes, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) est de nouveau montée au créneau pour interpeller la conscience collective sur les enjeux politiques de l’heure qui requièrent plus de responsabilité dans le chef des décideurs. À présent que l’intérêt général est porté vers la tenue, le 23 décembre, des élections combinées (présidentielle, législatives nationales et provinciales), les évêques catholiques estiment que tout devra être mis en œuvre pour gagner le pari. Celles-ci devront être crédibles, transparentes, inclusives et apaisées si le pays tient à sortir pacifiquement de la crise sociopolitique qu’il traverse depuis 2016. Pour l’épiscopat catholique, la réussite des scrutins du 23 décembre est la seule voie susceptible de faire éloigner le spectre d’embrasement qui plane sur la République démocratique du Congo (RDC).

Et pour tenir ce pari, l’implication des partenaires de la sous-région s’impose, se convainquent les évêques qui, à travers un plaidoyer signé conjointement par Mgrs Fridolin Ambongo et Marcel Utembi, respectivement vice-président et président de la Cenco, l’ont fait savoir au président de la Zambie et chairman de la troïka de la SADC sur la politique, la sécurité et la défense. Le 10 septembre, le président zambien, Edgar Lungu, a été saisi par la Cenco par le biais d’une correspondance dans laquelle les prélats catholiques lui faisaient part de leurs inquiétudes en rapport avec le déroulement du processus électoral en RDC. Vu son positionnement au sein de la Communauté des Etats d’Afrique australe, la Cenco joue un rôle prépondérant dans l’évolution du processus politique en RDC de manière à « aider le peuple congolais à sortir de la crise et à gagner le pari de l’organisation des bonnes élections crédibles, transparentes, inclusives et apaisées, le 23 décembre 2018 ».

La Cenco redoute que le pays ne bascule dans la violence, voire dans le chaos pouvant embraser toute la sous-région des Grands-lacs. Ses inquiétudes portent notamment sur l’existence d’environ six millions d’électeurs enregistrés dans le fichier électoral sans empreintes digitales mais aussi, sur la machine à voter qui ne fait pas encore l'objet d’un consensus entre parties prenantes. Il y a aussi la tension croissante du climat sociopolitique, sans oublier la faible mise en œuvre des mesures de décrispation de l’espace politique (cas emblématiques : prisonniers et exilés politiques). À cela s’ajoutent l’inféodation des cours et tribunaux au pouvoir en place, l’exclusion du processus électoral de quelques acteurs majeurs de l’opposition, la répression des manifestations publiques initiées par l’opposition et les mouvements citoyens, la confiscation des médias publics, etc.

Eu égard à toutes ces inquiétudes qui risquent d’hypothéquer l’aboutissement heureux du processus électoral, la Cenco recommande au président zambien de peser de tout son poids pour convaincre le gouvernement congolais à parachever la mise en œuvre des mesures de décrispation politique, conformément à l’Accord de la Saint-Sylvestre pour la tenue effective d’élections inclusives et apaisées d’ici au 23 décembre. Il lui est également demandé d’impliquer les parties prenantes à trouver le consensus sur la machine à voter ou à recourir aux bulletins papiers, le cas échéant, tel que prévu aux articles 38, 39 et 40 du calendrier électoral.

Au-delà de la nécessité pour la Commission électorale nationale indépendante de clarifier les cas des personnes enregistrées sans empreintes digitales, la Cenco sollicite aussi du président zambien l’appui à l’accréditation des observateurs électoraux tant nationaux qu’internationaux.    

Alain Diasso

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