Situation économique : la Banque mondiale publie son cinquième rapport de suivi sur la RDC

Mercredi 12 Septembre 2018 - 19:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le document plaide en faveur d’un accroissement substantiel des recettes intérieures grâce à une meilleure exploitation du potentiel fiscal du pays et insiste également sur l’augmentation, de manière tout aussi substantielle, des dépenses de santé pour assurer une croissance économique plus inclusive.

Placée sur le thème de « L’amélioration de la dépense de la santé pour renforcer le capital humain et assurer une croissance inclusive », la cinquième édition du Rapport de suivi de la situation économique de la République démocratique du Congo (RDC) apporte un éclairage sur les développements économiques récents et l’efficacité des ressources allouées au secteur de la santé. Les grandes lignes ont été présentées, le 12 septembre à Kinshasa, par la représentation de la Banque mondiale (BM) en RDC et son équipe d’économistes, à l'occasion de la remise officielle du document au ministre du Budget, Pierre Kangudia.

Selon ce rapport, les experts de la BM constatent un redressement modéré de la croissance congolaise à la suite de la récente remontée des cours des matières premières. Par conséquent, la RDC est bien partie pour sortir de sa récession économique « à un rythme modéré », confient les experts qui n’excluent pas des risques majeurs, notamment le retournement des cours mondiaux, l’aggravation des tensions politiques et une baisse de la croissance de la Chine consécutive aux conflits commerciaux actuels qui l’opposent aux Etats-Unis d’Amérique.

La croissance congolaise est estimée à 3,7 % en 2017, alors qu’elle s’est établie à 2,4 % en 2016. Plus loin, le document épingle la faiblesse du niveau des réserves en dépit de la réduction du déficit des comptes extérieurs. Autre constat préoccupant, un rétrécissement de l’espace budgétaire malgré la relance effective de l’activité. Cela prouve à suffisance les faiblesses structurelles du système fiscal national, renchérit le rapport. Enfin, sur le plan monétaire, l’on signale un durcissement de la politique de la Banque centrale du Congo sans arriver malgré tout à enrayer les pressions inflationnistes. Au second semestre 2017, la monnaie nationale s’est relativement stabilisée après un premier semestre chaotique.

Les dépenses de la santé à la loupe

Par rapport à la santé, les indicateurs restent globalement au rouge en dépit des progrès enregistrés depuis 2007 en matière d’efficacité. Il en ressort un déficit important d’équité et d’efficience de la dépense publique dans le secteur. « La BM appelle à un accroissement du niveau des dépenses en santé pour assurer une croissance économique plus inclusive ». En effet, le niveau des dépenses actuel ne permet que de s’acquitter des salaires, laissant peu de ressources disponibles pour des interventions plus significatives, précisément la construction des nouveaux centres de santé et la modernisation des hôpitaux. Pire, cette dépense est prise en charge en majorité par les ménages qui financent ainsi près du double de la contribution de l’Etat. Il est difficile d’assurer la traçabilité de l’apport direct des partenaires au développement, une autre source importante d’appui pour le secteur.

Maintenir le cap des progrès

La BM termine son rapport par des perspectives à court et moyen termes plutôt encourageantes. Une nette accélération est attendue de la reprise économique, la poursuite de la stabilisation du marché des changes et un fléchissement de l’inflation. Parmi les pistes de solution sur l’épineuse question de l’écart fiscal à compenser, il y a, par exemple, la proposition de la création d’une unité de politique fiscale pour renforcer la maîtrise de l’assiette imposable. La question de la mobilisation plus accrue des recettes est d’autant plus cruciale qu’elle règle durablement la problématique de la baisse des dépenses dans la santé et d’autres secteurs stratégiques. Cela n’empêche pas de réfléchir sur d’autres sources de financement, comme le marché financier. En définitive, tout doit être fait pour empêcher un enlisement au moment où les projections de croissance font état du redémarrage de l’économie nationale. 

Laurent Essolomwa

Notification: 

Non