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Les leçons d’un colloque

Samedi 6 Octobre 2018 - 19:17

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Ce qui ressort du colloque sur le Royaume Kongo qui s’est déroulé mardi et mercredi derniers à Brazzaville, dans le cadre du Mémorial Pierre-Savorgnan-de Brazza, est bien le fait que l’Histoire, la grande Histoire de cette partie de l’Afrique, est en cours de réécriture. Non plus à travers le prisme déformant de l’ère coloniale qui effaçait le passé mais très en amont, grâce aux recherches que conduisent aujourd’hui les chercheurs africains dans les universités des deux Congo, de l’Angola, du Gabon.

Ce n’est évidemment pas un hasard si l’initiative prise par la directrice du Mémorial, Bélinda Ayessa, a reçu le soutien actif des intellectuels mais aussi des institutions internationales telles que l’Unesco, des plus hautes autorités de la République et des représentants officiels de nombreux pays. Remontant très loin dans le passé et explorant avec autant de précision que de passion les sociétés, les modes de vie, les coutumes, les traditions, les arts des peuples de cette partie du continent, le colloque de Brazzaville marque en réalité le début d’un processus de reconstitution du passé qui ne fera que s’amplifier dans les années à venir et qui permettra certainement de construire ou de reconstruire, dans les pays concernés, des lieux de mémoire vers lesquels afflueront les visiteurs venus du monde entier.

Toutes celles et tous ceux qui ont participé à cette rencontre peuvent témoigner du fait que rien n’a été oublié dans la recherche du temps révolu conduite par les quelques quarante spécialistes répartis en quatre panels, dont un consacré à la place des femmes dans la société a fortement marqué les esprits. Une quête du passé aussi minutieuse que passionnante dont on mesurera plus précisément l’importance lorsque les actes du colloque seront publiés et qui génèrera certainement un puissant courant de réhabilitation du passé qui elle-même démontrera que l’Afrique est depuis longtemps entrée dans l’Histoire, contrairement à ce que prétendent certains.

La principale leçon qu’administre l’évènement que nous venons de vivre est bien que l’Afrique centrale, autrement dit le Bassin du Congo s’étendant du golfe de Guinée aux Grands Lacs, a tout à gagner à poursuivre, à creuser, à amplifier la quête d’un passé qui est demeuré trop longtemps ignoré du reste du monde. De la même façon que les Egyptiens ont su, avec l’aide de nombreux chercheurs étrangers, plonger dans leur Histoire, réhabiliter les monuments dont ils avaient hérité, conserver et analyser les documents témoignant de ce passé, les Congolais des deux rives, les Angolais, les Gabonais, les Centrafricains doivent maintenant unir leurs efforts afin de creuser le sillon que vient de tracer le colloque sur le Royaume Kongo. S’ils le font, ils bénéficieront d’appuis importants comme l’a confirmé la présence dans les séances d’ouverture et de clôture du colloque des représentants du corps diplomatique et des grandes institutions internationales.

Soulignons, pour conclure cette réflexion, le fait que la tenue du colloque à Brazzaville, là où repose Pierre Savorgnan de Brazza, confirme avec force le fait que le Mémorial où celui-ci repose avec ses proches sera dans les années à venir l’un des lieux du continent où sera conduit le lent et difficile travail de reconstitution d’un passé qui est resté trop longtemps enfoui dans les sables.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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