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Par où est passée la parenté africaine en ville ?

Mardi 6 Novembre 2018 - 15:50

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La parenté dont il est question ici, c’est la marge de solidarité qui a longtemps cimenté le tissu social dans les villages en Afrique. Le constat fait aujourd’hui dans nos villes est que cette parenté sociale est en train de s’étioler. Dans des quartiers ou blocs de nos agglomérations, les uns et les autres s’occupent à peine des « méchants ennuis » qui pourront survenir à des voisins.

Dans un des quartiers d’une de nos villes, une discussion s’est éclatée entre un homme qui avait vraisemblablement des soucis sanitaires et son voisin immédiat qui était insouciant de son état. Ce dernier se permettait à chaque instant de jouer de la musique à fond. N’eût été l’intervention du chef de quartier, ces deux familles, c’est-à-dire celle du malade et celle du nuisible sonore allaient en venir aux mains. « Où est passée la solidarité africaine ? », s’interrogeait le chef du quartier visiblement affecté par ce genre de comportement antisocial, ajoutant : « Il sait bien que derrière sa parcelle, l’autre a des soucis de santé ».

Cette perte de solidarité villageoise est non seulement vécue à travers des scènes de nuisance sonore mais aussi au manque de partage et d’altruisme dans des quartiers. Du point de vue humain, est-il normal que des voisins se frottent des mains et se permettent de déverser de la « bonne » nourriture dans la poubelle du quartier tandis qu’à côté, il y a bien une ou deux familles qui passent parfois des journées entières sans manger ? Même chose quand des voisins sont incapables d’organiser une collecte spontanée pour vite conduire au centre de santé intégré le plus proche pour les premiers soins un voisin surpris par une crise de paludisme.

Le « Kandza » et le « Olèbè » au nord du pays ainsi  que le « Mbongui » au sud, désignant littéralement «  le hangar », symbolisent la solidarité et l’amour entre les hommes dans toutes nos localités. Ces valeurs sont ancrées dans nos us et coutumes quel que soit le lieu. D’où vient-il que la sociabilité villageoise africaine soit rejetée, semble-t-il, à cause de la ville ? Les mêmes qui agissent ainsi sont les premiers à appeler à l’aide quand ils sont à leur tour en difficulté. Nous ne pouvons pas terminer ce billet d’humeur sans déplorer l’indifférence marquante de certains citoyens qui brillent par la non-assistance à personne en danger dans la rue, s’il arrive qu’un voisin vienne à être visité par des voyous et délinquants de tout acabit. Des voisins ont tendance à se replier sur eux-mêmes en assistant à des scènes de violence qui arrivent à un des leurs, alors qu’en agissant par solidarité, par amour et par altruisme, ils peuvent arrêter certains dégâts avant que n’arrivent la police et la gendarmerie. Là aussi, c’est une faiblesse de la solidarité agissante qui existe dans certains de nos quartiers. Cultivons donc dans nos quartiers cette valeur cardinale qui est la solidarité car elle seule façonne de bons voisinages qui sont des micro-cellules d’entente nationale et de la cohésion sociale.

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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