Contentieux électoral : Martin Fayulu actionne le levier de la contestation

Samedi 12 Janvier 2019 - 16:00

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D’après la coalition Lamuka qui a installé son propre centre de compilation des résultats, parallèlement à celui officiel de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), son candidat aurait obtenu 61% de voix devant Félix Tshisekedi et Ramazani Shadary.

A peine élu président de la République au terme du scrutin du 30 décembre dernier, Félix Tshisekedi est déjà sous la rampe de la contestation. Celle-ci est portée par son concurrent direct, Martin Fayulu, évoquant la vérité des urnes qui, d’après lui, n’a pas été respectée. A en croire le leader de l’Ecidé qui a concouru à la présidentielle sous le label Lamuka, le choix du peuple n’a pas été respecté et, par conséquent, les résultats publiés par la Céni ne reflètent pas la réalité électorale du terrain. Juste quelques heures après la publication des résultats, il est monté au créneau pour récuser le plébiscite de Félix Tshiskedi qu’il qualifie d’un hold-up électoral. Martin Fayulu a invité l’Eglise catholique à publier ses résultats ainsi que les structures d’observation électorales à le faire également, convaincu qu’il incarne réellement le choix du peuple.

C’est dans ce contexte de contestation des résultats qu’il a pris l’option d’introduire un recours à la Cour constitutionnelle contre la victoire de Félix Tshisekedi. D’après la coalition Lamuka qui a installé son propre centre de compilation des résultats, parallèlement à celui officiel de la Céni, Martin Fayulu aurait obtenu 8 600 000 voix, soit 61% devant Félix Tshisekedi qui s’est tiré avec 2 800 000, soit 18,59%. Quant à Shadary, la source le crédite de 2 000 000, soit 18% seulement.

Pour Martin Fayulu qui espère obtenir gain de cause, la Cour constitutionnelle devrait confronter les différents procès verbaux affichés dans les bureaux de vote et les passer au crible afin de découvrir le pot aux roses. Il est indirectement poussé dans cette démarche par l’Eglise catholique dont la mission d’observation électorale allègue que « les résultats de l’élection présidentielle, tels que publiés par la Céni, ne correspondent pas aux données collectées par notre mission d’observation à partir des bureaux de vote et de dépouillement ».

Tout en prenant acte de la publication des résultats provisoires de l’élection présidentielle qui, pour la première fois dans l’histoire de la République démocratique du Congo, ouvre la voie à l’alternance au sommet de l’État, l’Eglise catholique s’est refusée de révéler le nom de la personne ayant remporté la présidentielle. Elle reconnaît à la Céni, à travers l’abbé Donatien Nshole, son secrétaire général, la compétence de publier les résultats conformément à la loi. Et comme si cela ne suffisait pas, la France, par le biais de son ministre des Affaires étrangères,  est venue en rajouter en contestant le choix des Congolais tel qu’entériné par la Céni. « Il semble bien que les résultats proclamés ne soient pas conformes aux résultats que l’on a pu constater ici ou là. La Conférence épiscopale nationale du Congo a fait des vérifications, a annoncé des résultats qui étaient totalement différents », avait déclaré Jean-Yves Le Drian sur CNEWS.

Et d’enfoncer le clou en ces termes : « Cela peut mal tourner parce que M. Fayulu était a priori le leader sortant de ces élections. Il faut qu’on garde son calme, qu’on évite les affrontements et que la clarté soit faite sur ces résultats qui sont inverses à ce que l’on imaginait, à ce qui était avancé. La France a saisi le Conseil de sécurité en fin de semaine dernière pour que les résultats constatés soient les résultats réels. Elle souhaite que les chefs d’État africains et les organisations africaines puissent agir pour que les résultats soient les vrais résultats des élections ». Tous les yeux sont donc tournés vers la Cour constitutionnelle, appelée à statuer sur ce contentieux électoral qui tient en haleine l’opinion nationale et internationale.

Alain Diasso

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