Agriculture : renforcer la culture de la banane plantain au Congo par le « Pif »

Mardi 15 Janvier 2019 - 16:45

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Dans les champs pratiques de la société Eppavpa (entreprise de production, protection, achat et vente des produits agricoles) que dirige Patrick Mbemba, la culture de la plante a trouvé une nouvelle issue. Pour permettre son développement dans le pays de manière intensive avec un résultat satisfaisant, l’entrepreneur et son équipe expérimentent le « Pif », une technique à production en masse des rejets.

L’une des premières entraves dans l’établissement de bonnes exploitations des bananiers est sans doute l’accès à des semences de qualité, explique Patrick Mbemba, après une visite du champ expérimental installé dans sa « clinique agricole », dans le deuxième arrondissement de Brazzaville, Bacongo. Sur une bonne surface, de jeunes plants de bananiers poussent gracieusement. Ils ont été cultivés grâce à la méthode Pif, une des techniques de multiplication intensive qui permet une production en masse des rejets, en seulement trois ou quatre mois, et surtout hors du champ, dans un lieu sain.

La société Eppavpa mise sur cette technique pour contribuer à baisser la faible production de la banane plantain au Congo et sa consommation. « Les exploitations de bananier plantain sont insuffisantes à cause de l’indisponibilité du matériel végétal de bonne qualité. Les maladies se propagent rapidement ainsi que des parasites qui réduisent les rendements », souligne Patrick Mbemba.

L’approvisionnement en semences saines pose, en effet, des soucis à la majorité des producteurs à Brazzaville et à l’intérieur du pays. À cela, il faut ajouter la cherté des plants parfois d’espèces variées, entre 750 et 1000 F CFA l’unité. « Difficile dans ces conditions de rêver même un hectare pour un jeune agriculteur. Il lui faudra donc un million de francs CFA pour seulement mille pieds ! », signifie l’entrepreneur. « Tout ceci ne rémunère pas l’effort fourni par les cultivateurs, conduisant au découragement de ces derniers », ajoute-t-il.

Le bananier est pourtant une plante facile à cultiver. Elle existe en de nombreuses variétés directement exploitables au niveau des familles avec ou sans transformation préalable. Ce qui en fait, selon les experts, une plante au potentiel économique immense. En introduisant la méthode Pif, l’idéal est de produire des plants à n’importe quel moment de l’année sans difficulté. « Elle consiste en la multiplication des plants par fragment de tige », déroule Patrick Mbemba sous des termes quelque peu techniques.

Produire pour réduire les importations

La technique Pif, dans d'autres pays, connaît un essor indéniable auprès des producteurs parce que facilement reproductible. A partir d’un rejet, a affirmé un des spécialistes de la société Eppavpa, l’on est capable d’obtenir dix à cinquante plants de bananier plantain en fonction de la variété et de l’expérience de l’agriculteur.

Une pratique qui, si elle est bien promue, pourrait contribuer à renforcer la vision de l’Etat dans le développement de l’agriculture commerciale car, la banane plantain, à côté du manioc et du cacao, figure comme filière prioritaire du gouvernement dès cette année et un milliard cent cinquante millions FCFA est prévu pour sa culture. Ce montant, selon le projet cofinancé par la Banque mondiale, est dédié en priorité aux petits planteurs et aux groupements de coopératives. Il devrait permettre de réaliser la production et la diffusion du matériel végétal sain (boutures, rejets ou plants) sur toute l’étendue du territoire national.

L’objectif, ainsi que médite Eppavpa, est de coopérer à réduire, à terme, les importations alimentaires nationales chiffrées à environ cinq cents milliards FCFA.

La société Eppavpa est située à Brazzaville, dans le deuxième arrondissement. Elle conseille et vend des intrants et du matériel agricole, tout en assurant un soutien technique aux agriculteurs et les assistant dans la rédaction des projets agricoles. Elle tente, chaque année, d’initier de nouvelles cultures comme celle du maïs hybride VN 10 l’année dernière, grâce à un protocole d’accord signé avec Green Seed, une société semencière vietnamienne leader dans le domaine.

 

Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

Patrick Mbemba (chemise bleue) et ses collaborateurs dans le champ expérimental à Bacongo

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