Musique : Marco Jules, itinéraire d’un DJ hors du commun

Jeudi 7 Février 2019 - 21:12

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L'artiste réinvente le métier de DJ à Pointe-Noire, mix et scratching, performances live et bientôt des compositions personnelles.

Marco Jules ne compte plus les soirées et les heures à mixer derrière ses platines, une passion née dès son plus jeune âge, comme il le raconte : « J’avais 10 ans à peine, j’enregistrais sur des cassettes les musiques électroniques des années 1990 que j’écoutais sur les radios françaises. A 16 ans, j’ai eu la chance de passer derrière les platines d’une petite discothèque du sud de la France, je me suis pas mal débrouillé et le patron m’a gardé, aujourd’hui, je peux dire que j’ai une bonne vingtaine d’années d’expérience. Mais ma professionnalisation, je la dois à l’Afrique, c’est ici que j’ai franchi définitivement le pas ».

Lingala, manioc, Jakarta et rumba

En 2012, et pour son tout premier voyage hors de France, c’est à Brazzaville qu’il pose ses bagages pour saisir une opportunité d’emploi. Plus qu’un simple vol d’avion, plus qu’un premier visa sur son passeport, c’est un bouleversement total de ses repères. Nouveau continent, nouveau pays, nouvel état d’esprit, nouvelle monnaie, nouveau climat,  nouvelle alimentation, nouvelles couleurs, nouvelle joie de vivre ! « Presque un nouveau langage aussi, j’ai appris un peu le lingala, appris de nouveaux mots, ceux de tous les jours pour des conversations ordinaires. Je roulais en Jakarta, j’ai découvert le manioc et puis surtout la musique congolaise, celle des deux rives, plus particulièrement les vieilleries, la rumba, celle des Bantous de la Capitale, de Grand Kallé, de Papa Wemba bien sûr ou encore de Mbilia Bel. D’ailleurs, c’est sur l’un des titres de Mbilia Bel que je me suis essayé à faire mon premier remix DJ », se souvient-il.

"Olambi nini mama ?"

L’aventure brazzavilloise prend fin au bout d’un an, Marco Jules devient Ponténégrin de cœur et c’est dans la capitale économique qu’il se fera découvrir par le grand public dans un registre inattendu à la télévision. Son étonnante faculté d’adoption, sa proximité avec la culture congolaise, le conduit en janvier 2016 à animer l’émission culinaire " Olambi nini mama ?", sur la chaîne Canal 2. Un rendez-vous hebdomadaire à la télévision sans top chef ni recette gastronomique : les chefs sont les mamans des parcelles et Marco Jules d’aider tantôt à éplucher les légumes, piler les noix de palme, écailler les poissons, plumer les poules, pétrir la farine de manioc, ficeler les maboké, surveiller le foyer, tantôt à savourer boa, chenilles, requin, gazelle et autres pigeons verts.  Et Marco Jules se délecte :  « "Olambi nini mama ?"  était une sorte d’hommage aux femmes du Congo, des rencontres étonnantes avec ces formidables cuisinières, un échange de cultures différentes, presque une histoire d’amour ». Sa présence à l’écran,  la chaleur de son timbre de voix, son humour sont un succès médiatique avant qu’il ne se décide en cette fin 2016 à se consacrer pleinement au Djiing.

Alchimie totale, un show inédit et époustouflant

A Pointe-Noire, Marco Jules découvre la musique, celle des vrais instruments et touche un peu à tout, l’ukulélé, la batterie et les percussions, la basse et la guitare, le piano. « Je ne suis pas ce qu’on appelle un musicien mais cette approche avec tous ces instruments m’a aidé à mieux structurer mes mix, à parfaire une notion plus distincte du rythme et des arrangements. C’est presque un passage obligé pour aborder la MAO (Musique assistée par ordinateur). J’ai aujourd’hui le projet de composer mes propres musiques et de les proposer au public sous forme de performances  Live  avec des intervenants, danseuses, choristes, musiciens ou autres featuring », confie ce DJ déjà formé au scratching et habitué derrière ses platines aux plus grandes soirées de Pointe-Noire. S’il mixe dans les meilleures discothèques de la ville océane, on a pu voir Marco Jules à l’affiche de certains festivals comme celui de  Show link Africa où se produisait notamment Zao ou plus récemment en novembre dernier au festival Soul power Kongo en compagnie du Newyorkais DJ Logic.  Mais c’est assurément lors de la soirée Alchimie totale, organisée par B2B Congo en juin 2018, que l’artiste a singulièrement marqué les esprits avec un show époustouflant mêlant mix platines, chorégraphie de danseuses et mannequins, guitariste rock, effets lumières et fumigènes, un happening géant et inédit au Congo.

Déjà à la pointe de la technologie avec l’ensemble de son équipement DJ, Marco Jules qui roule désormais en moto (une autre de ses passions) ne s’arrête pas en bon chemin. Il vient, en effet, de créer sa propre marque de sonorisation « Gimicker » fabriquant lui même des systèmes sons de hautes performances, professionnels ou domestiques, pour nourrir son véritable amour de la haute fidélité.  

 

 

Par Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

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