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Tolérance zéro

Lundi 11 Mars 2019 - 10:43

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Le moins que l’on puisse dire, au lendemain de la condamnation avec sursis du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et président de la Conférence épiscopale de France, est que le temps où le silence, l’omerta, le refus de regarder la vérité en face permettait à des prêtres et à des religieux dépravés d’agresser sexuellement des enfants ou des femmes est bien révolu. Venant après le sommet des Conférences épiscopales du monde entier qui s’est tenu à Rome sous l’autorité du pape François, il y a une semaine, et qui a décidé la mise en place, au sein de l’Eglise catholique, des dispositifs qui mettront fin – du moins faut-il l’espérer – à ces pratiques insupportables, cette décision de la justice française confirme que désormais la tolérance zéro s’impose comme une obligation incontournable du haut en bas de la hiérarchie religieuse.

Après des siècles d’impunité durant lesquels les plus hautes autorités de l’Eglise ont laissé se commettre des crimes de toute nature sans réagir ni même s’inquiéter, les deux événements auxquels nous venons d’assister et que personne n’aurait osé imaginer possibles jusque-là, montrent qu’une véritable révolution se prépare en réalité au sein des sociétés modernes. Une révolution qui, d’une part, ne concernera pas seulement la religion catholique mais va rapidement s’étendre à toutes les religions du monde et qui, d’autre part, gagnera simultanément toutes les collectivités humaines au sein desquelles ce type de comportement régnait jusqu’à présent sans jamais être dénoncé ni condamné.

Touchant déjà de plein fouet le monde des arts, du spectacle, du cinéma comme on l’a vu ces derniers temps avec la multiplication des dénonciations d’actes pervers subis par les femmes, la dénonciation, puis la condamnation de ceux qui les commettent vont s’étendre très vite du haut en bas de la société. Si elles ne mettent pas fin à des pratiques, des agressions, des crimes même qui gangrènent en réalité l’humanité depuis ses origines, elles génèreront à coup sûr un mouvement d’où naîtront des sociétés plus justes, moins aveugles, plus attentives qu’elles ne l’étaient jusqu’à présent. Et c’est pourquoi il convient de relayer avec force les décisions qui sont prises dans le but de mettre un terme aux abus de droit commis par les personnes ayant autorité.

En condamnant le cardinal Barbarin pour avoir fermé les yeux sur ce qui se passait autour de lui, les juges de Lyon ont fait un premier pas dans la bonne direction. Ils n’ont certainement pas résolu le problème auquel ils se trouvaient confrontés, mais ils ont donné un contenu très concret aux propos tenus par le pape François dans son discours de clôture de la conférence de Rome. Si bien que ceux qui se livreront désormais à de telles pratiques savent maintenant qu’au-delà de la sanction morale qui les guette et que leur infligera la hiérarchie catholique, la simple application du droit par les tribunaux civils leur vaudra également de sévères rappels à l’ordre.

La mobilisation universelle qui s'est manifestée, le 8 mars, lors de la Journée internationale des femmes, confirme le fait que le temps de la violence exercée par des personnes ayant autorité est révolu. Elle ne met pas fin à ce cancer qui ronge toutes les sociétés sur les cinq continents mais elle démontre que la société civile est de plus en plus attentive et décidée à sanctionner. L'on ne peut que s'en réjouir.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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