Parlement : l’installation des nouveaux sénateurs suspendue

Lundi 18 Mars 2019 - 18:13

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Le chef de l'Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a décidé, à l’issue de la réunion interinstitutionnelle qu’il a présidée le 18 mars, de surseoir l’installation des sénateurs nouvellement élus ainsi que la tenue prochaine de l’élection des gouverneurs.

Le feuilleton à rebondissements de l’élection des sénateurs, le 15 mars, est loin de se terminer. Le dernier fait en date est la réunion interinstitutionnelle présidée lundi à la cité de l’Union africaine par le président de la République. Une réunion qui était très attendue dans l’opinion car devant régler, entre autres, la controverse suscitée par ce scrutin remporté haut la main par la famille politique de l’ex-chef de l'Etat, Joseph Kabila.

Faisant suite aux dénonciations ayant trait à la corruption à grande échelle lors de cette élection, laquelle a donné lieu à une série des troubles perpétrés par des militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), non contents du fiasco enregistré par leur parti, cette rencontre se devait de trancher cette problématique, au nom de la paix sociale. Ce qui a été fait. Trois grandes décisions sont, en effet, sorties de cette séance de travail qui a réuni, autour de Félix Tshisekedi, le président de la Cour constitutionnelle, les présidents et procureurs près des Cours de cassation, du Conseil d’Etat, de la Haute cour militaire et l’auditeur général des Forces armées de la République démocratique du Congo.  Les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, le Premier ministre et le directeur du cabinet du chef de l’Etat y ont aussi pris part. Quant au président et au vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), ils y ont participé à titre d’invités.

Les trois décisions importantes prises sont la suspension de l’installation des sénateurs élus le 15 mars; le report sine die des élections des gouverneurs et l'instruction faite au procureur général près la Cour de cassation de diligenter des enquêtes sur les allégations de corruption en vue de procéder à l’arrestation des corrompus et des corrupteurs.

« La décision du chef de l’Etat est motivée par son souci de lutter contre la corruption », a commenté le ministre intérimaire de l’Intérieur, Basile Olongo, porte-parole de la réunion interinstitutionnelle.

L’une des conséquences de la première décision est la perturbation du calendrier électoral. La Céni est bien obligée de le réaménager en fonction de cette nouvelle donne. Le risque est de voir les choses tirer inutilement en longueur, repoussant de plus belle l’échéance du parachèvement du processus électoral. Cette situation, en effet, prolonge de fait le mandat des sénateurs, des gouverneurs et vice-gouverneurs en poste au nom de la continuité de l’Etat.

Au Front commun pour le Congo, ces décisions sont très mal digérées. Ce regroupement politique dénie à l’UDPS dont le président intérimaire, Jean Marc Kabund, était le premier à solliciter l’annulation des résultats provisoires des sénatoriales, une telle prérogative et celle de reporter sine die l’élection des gouverneurs. La démarche est qualifiée d’anticonstitutionnelle.

A l’UDPS et à la société civile, par contre, on salue ces décisions. « Félicitation au président Félix Tshisekedi d’avoir agi en véritable garant du bon fonctionnement des institutions. A la justice de faire sa part », a indiqué via facebook Jean-Claude Katende, le président de l’Association africaine pour la défense des droits humains.  

Rappelons que le procureur général de la République, Flory Kabange Numbi, avait demandé, en son temps, l’annulation des sénatoriales pour lui permettre d’investiguer sur plusieurs allégations de corruption. Sa requête s’est butée au refus de la Céni qui a plutôt privilégié l’exécution de son chronogramme. En outre, plusieurs personnalités politiques se sont retirées des sénatoriales parce que les députés provinciaux leur exigeaient des sommes d’argent en échange de leur voix.         

          

Alain Diasso

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