Dicta-Brazza 2014 : Soraya Gindo-Yayos, meilleure élève de tous les lycées confondus de Brazzaville

Mardi 25 Mars 2014 - 19:36

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Soraya Gindo-Yayos a été plébiscitée lors de la cérémonie de remise des prix du concours Dicta-Brazza 2014, qui a eu lieu à l’Institut français du Congo (IFC) la semaine dernière, en présence de l’ambassadeur chef de délégation de l’Union européenne (UE), Marcel Van Opstal, de l’ambassadeur de France au Congo, Jean-Pierre Vidon, et du proviseur du lycée français Saint-Exupéry, Gonzague de Batteux

L’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française au Congo, a fait observer que l’orthographe et la grammaire sont souvent vécues comme des contraintes pesantes, voire comme des règles obsolètes. Et la dictée est toujours un exercice redouté par les élèves. Toutefois, depuis quelques années, l’exercice s’est épanoui, gagnant ses lettres de noblesse lors de ce rendez-vous annuel qu'est devenue la dictée de Pivot, prolongeant en quelque sorte, la tradition française née de la célèbre dictée des Meri mets.

« L’orthographe et la grammaire qui posent des règles, sont au service de l’écrit qui transmet le savoir, les réflexions, les idées. La langue française qui privilégie la culture de l’écrit, y est particulièrement attachée. Elle reflète le modèle cartésien de la pensée française et francophone. La dictée n’est donc pas un exercice stérile, mais, au contraire, un moment de l’apprentissage, de l’évolution et de l’appartenance à une culture. C’est un peu chaque fois mieux appréhender ses racines », a déclaré Jean-Pierre Vidon.

Comment est né ce projet ?

C’est en septembre 2010, que JEGAT est venu présenter ce projet d’organiser un concours d’orthographe qui mettrait en compétition le lycée français et les lycées congolais. Cette proposition a eu l’assentiment du proviseur du lycée français Saint-Exupéry, Gonzague de Batteux. Ce dernier a non seulement donné immédiatement son accord, mais il s’est aussi réjoui parce qu’une telle opération s’inscrivait exactement dans la politique qu’il souhaitait mener à la tête de ce lycée. Il s’agit d’une politique d’ouverture sur le pays d’accueil ; une politique de rapprochement entre la structure qu’il dirige et les lycées publics et privés à programme français de Brazzaville. Par ailleurs, une des missions prioritaires des lycées français de l’étranger est de faire rayonner la langue et la culture française. Ce concours était donc la meilleure occasion de répondre à cette attente.

Le proviseur du lycée français Saint-Exupéry a déclaré que près de 250 millions de personnes dans le monde s’expriment en langue française. Parmi ses faits de gloire, cette langue était au XVIIIe siècle- Siècle des lumières- la langue des philosophes et des intellectuels dans toute l’Europe. Elle est, depuis leur création, la langue officielle des jeux Olympiques. Une langue prestigieuse, mais une langue qui perd du terrain au quotidien, une langue qui doit se battre pour garder sa place comme le rappelait JECAT lors de sa conférence à l’IIFC. Il y a toutefois, dit-il, une bonne nouvelle. Une bonne nouvelle qui vient d’Afrique. En effet, c’est par le continent africain que la langue française va se développer dans les décennies à venir. Kinshasa est déjà actuellement la plus grande ville francophone du monde, et grâce à la démographie, la langue française s’enrichira de millions de nouveaux locuteurs dans un avenir proche. Puis, il a rappelé aux élèves qu’une mission leur était donc assignée : celle de transmettre cette langue française aux générations qui les succéderont.

Revenant à Dicta-Brazza, Gonzague de Batteux a rappelé à l’auditoire qu’en 2013, JECAT a apporté des changements dans le déroulement de cette épreuve. Il a souhaité associer davantage les élèves à la création du texte de la dictée, afin de les rendre encore plus conscients des subtilités de cette langue française. Cette évolution a rendu ce concours original et, par-là, encore plus attrayant.

Marcel Van Opstal a déclaré pour sa part, que l’engagement de l’UE dans le domaine de l’éducation, prend d’autant plus de signification quand l’événement est porté par une équipe encadrante dont la volonté est de renforcer les liens de coopération bilatérale. D’où, constate-t-il avec plaisir, et au même titre que l’année dernière, que l’objectif est resté le même : faire de Dicta-Brazza un des événements incontournables dédiés aux jeunes lycéens de Brazzaville. Réalisation ambitieuse et nécessaire, notamment, à l’heure très contemporaine du tout virtuel où Facebook et langage hachuré des SMS font parfois oublier l’essentiel de la grammaire conventionnelle.

« L’UE porteuse des valeurs d’éducation, d’égalité et d’accès à la connaissance pour toutes et tous, contribue de diverses façons à la promotion de l’éducation : d’abord à travers le monde, en soutenant un accès à l’école pour tous les enfants en âge d’être scolarisés et en développant des programmes d’aide au citoyen pour étudier ; suivre une formation ; effectuer un stage ; apprendre de nouvelles langues via l’apprentissage en ligne ; accompagnant les porteurs de projets dans le domaine de l’enseignement et de la formation. En illustration, pour ne citer que ce projet, le soutien de l’UE dans la scolarisation et la formation professionnelle des jeunes autochtones dans la Likouala mis en œuvre par l’association des Spiritains du Congo », a-t-il déclaré.

Pour lui, l’appui à Dicta-Brazza par la délégation de l’UE se manifeste par un soutien matériel mais aussi symbolique, qui encourage la jeunesse congolaise et européenne dès maintenant à se saisir des questions de développement, en se posant une question : Qu’est-ce que moi, lycéen, je peux faire pour participer à la promotion de l’éducation ? L’accès au savoir étant la clef de tous les succès, il a encouragé l’ensemble des lycéens à saisir ce type d’opportunité pour que le développement social, culturel et économique s’établisse avec eux et pour eux tous. Puis il a invité les responsables des ministères de l’Éducation à poursuivre les efforts entrepris pour améliorer la qualité des enseignements dispensés et les conditions d’enseignement des professeurs pour que parents, enfants et corps professoral redonnent à l’école toute sa place de « temple du savoir ».

En outre, la formation du personnel enseignant, les programmes d’études et le matériel didactique, considérés comme gages de qualité de l’apprentissage, ne seront mesurables qu’en gardant en perspective d’analyse le taux de scolarisation et d’alphabétisation du pays. C’est dans cet esprit de collaboration et dans une volonté de soutenir l’amélioration de la qualité des enseignements, que la délégation félicite la participation à ce concours des lycées congolais, tout en saluant l’initiative du lycée Saint-Exupéry quant à la mise en œuvre de cette épreuve grammaticale. Évoquant le lien indéfectible entre enseignement et liberté qui, au-delà des frontières, demeure indispensable, Marcel Van Opstal a cité Victor Hugo : « Construire une école, c’est fermer une prison. »

Des résultats proprement dits

Première meilleure élève de tous les lycées confondus : Soraya Gindo-Yayos, du lycée Delta le Bambino. Deuxième meilleure élève : Noémie Moungalla, du lycée français Saint-Exupéry. Troisième meilleur élève : Van Ntombet du lycée Chaminade.

Par ailleurs, les meilleurs élèves de chaque établissement ont été aussi connus du grand public. Plusieurs cadeaux ont été remis aux lauréats, tels que des ordinateurs portatifs, Smartphones, dictionnaires de français. Alors que la cérémonie était animée par la chorale du lycée français Saint-Exupéry, qui a bouclé sa prestation par l’interprétation de la chanson Malaïka. Quelques élèves talentueux dans le domaine musical ont également montré de quoi ils étaient capables, à l'instar de Johanna (élève en terminale au lycée Saint-Exupéry) et de Trésor (meilleur élève de la seconde A au lycée français Saint-Exupéry).

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Les drapeaux de l'Union européenne, de la France et du Congo Photo 2 : L'ambassadeur chef de la délégation de l'UE lisant son mot de circonstance Photo 3 : Les lauréats