Action humanitaire en RDC: des financements d’urgence nécessaires pour répondre aux besoins prioritaires

Samedi 23 Mars 2019 - 11:57

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L'aide sollicitée facilitera la prise en charge de près de treize millions de personnes, dont quatre millions d’enfants sous-alimentés qui ont besoin de protection ainsi que de près d’un millier de personnes infectées par le virus d'Ebola et d’autres épidémies.

En marge de leur visite conjointe en République démocratique du Congo (RDC), le responsable de l’action humanitaire des Nations unies, Marc Lowcock, et la directrice générale de l’Unicef, Henrietta Fore, ont souligné la nécessité des financements d’urgence pour répondre aux besoins humanitaires considérables du pays. Les deux personnalités ont, le 21 mars, demandé que soit apporté un financement urgent et durable à l’action que mène le gouvernement congolais pour répondre aux besoins des enfants, des familles et de la population vulnérable, dont les personnes handicapées.

« La transition politique relativement pacifique qui a lieu en RDC constitue une occasion que nous devons saisir. Nous pouvons surmonter la crise humanitaire massive et de longue durée. Mais nous avons de toute urgence besoin que les donateurs accordent de nouveau des financements généreux alors même que les besoins demeurent supérieurs aux ressources disponibles », a expliqué Marc Lowcock, cité dans un communiqué publié par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha). Il a reconnu que la RDC avait besoin d’une mobilisation internationale pour instaurer les conditions nécessaires à la paix, à la sécurité et au développement à long terme.

Des progrès qui méritent un soutien

Les deux personnalités ont, par ailleurs, relevé qu'en dépit de certains progrès réalisés par la RDC ces dernières années, la mortalité des enfants de moins de 5 ans ayant reculé et le nombre d’enfants scolarisés ayant augmenté, la situation humanitaire demeure dans l’ensemble très préoccupante. Le nombre de personnes touchées par la faim a connu une forte hausse, passant de 7,7 millions en 2017 à treize millions l’an dernier. « Au moins quatre millions d’enfants sont atteints de malnutrition. Le choléra, la rougeole et Ebola continuent de sévir », ont-elles signifié.

Henrietta Fore a particulièrement souligné que « la malnutrition aiguë sévère devrait toucher, cette année, 1,4 million d’enfants de moins de 5 ans, auxquels elle fera courir un risque de mort imminente ». La directrice générale de l’Unicef  a indiqué que dans les régions du pays en proie à des conflits, des enfants et des jeunes ont été recrutés comme combattants, agressés sexuellement et privés d’éducation et de services de santé et de protection. « Ensemble, la communauté internationale et le nouveau gouvernement peuvent et doivent améliorer leur action en faveur des enfants », a-t-elle conseillé.

Des rencontres avec les autorités congolaises

Le communiqué de l’Ocha fait savoir que les deux personnalités des Nations unies ont eu des échanges constructifs avec le président de la République, Félix Tshisekedi, qui a réaffirmé la ferme volonté de son gouvernement de diriger l’action humanitaire dans l’ensemble du pays. Pour leur part, elles ont réaffirmé la solidarité onusienne avec le peuple congolais. Alors qu’avec le ministre de la Santé, Oly Ilunga, les deux personnalités ont évoqué la flambée d’Ebola ainsi que d’autres maladies comme la rougeole, le choléra et la polio, qui touchent le pays.

Lors de leur séjour à l’intérieur du pays, Marc Lowcock et Henrietta Fore se sont rendus à Goma, notamment dans le Nord-Kivu. Ils  ont visité un centre de soins et d’assistance aux femmes, y compris aux rescapées de violences sexuelles et sexistes. Ils ont également rencontré des survivantes de viol qui reçoivent une aide médicale, psychosociale et juridique, avec l’appui de l’Unicef et d’autres partenaires.

À Bunia, province de l’Ituri, la délégation onusienne a visité un site de déplacés internes. A Beni et Butembo, où Henrietta Fore s’est également rendue, elle a visité des centres de traitement d’Ebola, des crèches où des rescapées d’Ebola maintenant immunisées face au virus gardent de jeunes enfants dont les mères sont en cours de traitement, qui risquent eux-mêmes d’être victimes de la maladie. Les enfants, note Ocha, représentent un tiers des cas d’Ebola, soit plus que lors de toutes les flambées épidémiques précédentes. Plus d’un millier d’entre eux ont été séparés de leurs parents ou sont orphelins à cause du virus.

Pour les deux hauts responsables, l’élimination véritable de la flambée épidémique actuelle d’Ebola nécessitait avant tout une mobilisation plus grande et plus efficace de la population. « Ce n’est qu’avec la participation entière et la consultation de la population locale que l’on pourra vaincre cette flambée », a déclaré Marc Lowcock, qui pense qu’il faut donc faire participer activement les habitants de la région à la riposte et mieux répondre à leurs besoins plus généraux, compte tenu des priorités qu’ils fixent eux-mêmes. « L’insécurité et les activités des groupes armés constituent un véritable problème mais ce qu’il faut avant tout, c’est écouter la population locale et collaborer avec elle », souligne ce fonctionnaire des Nations unies.

Le Plan d’aide humanitaire de 2019, rappelle-t-on, vise à réunir 1,65 milliard de dollars américains pour apporter une assistance vitale à neuf millions de personnes. Sur ce montant, l’Unicef a besoin de trois cent vingt-six millions de dollars pour répondre aux besoins de 4,3 millions d’enfants. L’Organisation des Nations unies et ses partenaires sont venus en aide à 3,5 millions de personnes l’an dernier.

Lucien Dianzenza

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