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L’Europe à la croisée des chemins

Samedi 23 Mars 2019 - 17:17

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A deux mois des élections qui renouvelleront le parlement de l’Union européenne (UE), le moins que l’on puisse dire est que le plus grand flou règne concernant l’issue de ce scrutin. Un flou qui nourrit des inquiétudes croissantes dans les capitales des nombreux pays partenaires du Vieux continent à travers le monde ; en Afrique tout particulièrement dont les dirigeants se demandent aujourd’hui ce qu’il adviendra demain des relations tissées non sans mal avec ce continent tout au long des siècles précédents.

Au cœur de ces interrogations figurent trois points essentiels que voici résumés en quelques mots.

1)  Si, comme cela semble probable étant donnée la montée des populismes dans plusieurs pays de l’Union, la nouvelle majorité des élus au Parlement de Strasbourg le 29 mai impose sa loi à Bruxelles où siège l’exécutif européen, l’Europe se repliera-t-elle sur elle-même avec toutes les conséquences désastreuses que cela aurait inévitablement : stagnation économique, fermeture des frontières, rejet brutal des migrants, montée des tensions avec le tiers-monde, réduction drastique des aides au développement ?

2)  L’affaiblissement de l’UE que provoquera le Brexit, c’est-à-dire le départ de la Grande-Bretagne qui s’annonce brutal en raison de l’incapacité de la Première ministre, Theresa May, à convaincre les députés de la soutenir dans la mise au point de l’accord négocié avec les autorités de Bruxelles, cet affaiblissement va-t-il reléguer l’Europe au second plan des grandes puissances et provoquer une crise politique dont les effets économiques seraient pour le moins dévastateurs ?

3) L’UE, ainsi impactée par la résurgence des nationalismes et par le retrait de l’Angleterre, aura-t-elle la force de maintenir l’unité qu’elle a si chèrement acquise dans la seconde partie du siècle précédent après s’être déchirée en provoquant deux guerres mondiales, ou bien implosera-t-elle comme le prédisent non sans raison de nombreux observateurs de la scène internationale ? Et, si c’est le cas, qu’adviendra-t-il de la puissante machine qui la gouvernait depuis la capitale belge ?

Si le pire n’est pas certain et si l’on peut encore espérer que le duo constitué par l’Allemagne et la France parviendra à faire entendre la raison dans les semaines à venir, le temps est venu de réfléchir sérieusement aux conséquences qu’aurait inévitablement la dissolution de l’UE. Tout simplement parce que, dans ce cas, l’équilibre stratégique auquel était parvenu non sans mal le Vieux continent volera en éclat, réveillant les vieux démons qui lui ont fait tant de mal dans le passé.

Le réveil de l’antisémitisme et de l’antisionisme, la multiplication des manifestations violentes dans les rues des grandes cités, l’aggravation des tensions sociales dans de nombreux pays, la victoire probable des partis d’extrême droite et d’extrême gauche lors des élections européennes à venir sont là pour démontrer que l’Europe, dans son ensemble, se trouve effectivement à la croisée des chemins.

 

Espérons qu’elle puisera dans ce constat des raisons de lutter efficacement contre les mauvais démons du passé et de retrouver son unité avant qu’il soit trop tard.

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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