Conférence minière : « l’après-Goma » reste sombre

Mercredi 26 Mars 2014 - 19:16

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La deuxième édition n’a fait qu’allonger la liste des recommandations mais leur faible niveau d'application préoccupe le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo.

Le Premier ministre a reconnu qu'un grand travail a été abattu à Goma, la capitale du Nord-Kivu. En effet, les recommandations issues des débats au sein des commissions prouvent à suffisance une réelle implication de toutes les parties prenantes, en l’occurrence les miniers, la société civile, les partenaires au développement, le gouvernement central et les institutions provinciales. La présence également à ces travaux des diplomates accrédités en RDC demeure un acte fort d’une volonté d'ouvrir une nouvelle page. « Dans son allocution, le président de la République a insisté sur les dernières recommandations qui n’ont pas été réalisées pour que celles-ci bénéficient d’une attention particulière de l’ensemble du gouvernement », a réaffirmé Matata Ponyo.

Après un discours très dur de la Fédération des entreprises du Congo sur la sous-traitance nationale, beaucoup attendaient des mesures concrètes mettant en œuvre une discrimination positive au profit des nationaux. Sur cette question des prestations de service, fournitures et approvisionnements des sociétés minières, Augustin Matata a confirmé le dépôt prochain d’un projet de loi au Parlement. La RDC s’est engagée aussi à rendre les forêts et faunes socialement profitables et à finaliser la conversion des titres fonciers. Enfin, un accent particulier sera mis sur l’élaboration d’une politique générale sur l’exploitation du pétrole. L’État se montrera plus regardant sur le respect des délais de production par les sociétés minières. Dans une salle remplie comme un œuf, Matata Ponyo s’est appesantie sur quelques préoccupations soulevées par les parties prenantes. Au sujet des opportunités offertes par les ressources naturelles, il a repris, entre autres recommandations, le retour d’une paix durable sur l’étendue du territoire national. C’est la condition pour encourager l’arrivée des nouveaux investisseurs miniers dans l’est du pays.

Les opérateurs des secteurs miniers, pétrolier et forestier veulent également participer de manière plus intense au processus Itie, selon la norme Itie 2013. Il est impérieux d’ériger en RDC un service géologique ainsi qu’une banque de données géologiques pour promouvoir la mise en valeur rapide des ressources de notre sous-sol. Enfin, il y a la recommandation relative à l’accélération de la révision du Code minier et l’adoption de la proposition de loi sur le régime général des hydrocarbures au niveau du Parlement. Outre la surveillance radiologique des artisanaux et la meilleure protection des travailleurs, le gouvernement est encouragé à développer l’exploitation du gaz méthane dans le lac Kivu. Un point n’est pas passé inaperçu, il s’agit de la meilleure traçabilité à assurer à l'exploitation des ressources naturelles grâce à la fiche électronique à l’exportation qui permet une meilleure maîtrise du processus allant du producteur au consommateur final. D’autres recommandations importantes ont tourné autour des infrastructures, des transports, de l’énergie dans les zones d’exploitation minière, de la responsabilité sociétale des sociétés minières, de la fiscalité minière et de l’audit des immobilisations déclarées pour mieux surveiller le paiement des impôts.

2015 en vue, la deuxième conférence a une fois encore posé plus de problèmes que de solutions à la relance du secteur minier. La contribution du secteur minier est trop faible et ne permet pas de financer des projets de développement de manière remarquable, a martelé Matata Ponyo. Pour les autres parties prenantes, la RDC ne peut rien espérer sans une législation appropriée à ce jour absente. Mais le seul consensus semble se dégager sur l’intérêt de s’appuyer sur ces secteurs stratégiques (mines, hydrocarbures et forêts) pour la relance de l’économie congolaise. En dépit des engagements de chaque partie, la prochaine conférence  s’annonce sous un mauvais augure faute d’application des recommandations antérieures. Au-delà, l’essentiel n’est toujours pas pris en compte, selon certains analystes. L’histoire risque bien de se répéter l'année prochaine.

Laurent Essolomwa