Opinion

  • Le fait du jour

Le jour où nous sommes passés chez Simaro

Samedi 6 Avril 2019 - 17:51

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Jean-Claude Gakosso venait de prendre la tête de la diplomatie congolaise cinq mois en arrière, le 10 août 2015. Le 18 janvier de la nouvelle année, une mission de travail le conduit à Kinshasa, tout en face de Brazzaville, où il est reçu d’abord par son homologue, Raymond Tshibanda, ensuite avec lui par le chef de l’Etat, Joseph Kabila, pour un huis clos d’une bonne quarantaine de minutes en sa résidence privée des hauteurs du quartier de la Gombé.

La presse n’ayant pas été invitée à couvrir l’audience, se contentait de relayer, au bénéfice de celle-ci, les propos des deux ministres des Affaires étrangères livrés lors d’un déjeuner de travail le lendemain. Tous répétaient ce qui l’a toujours été quand on aborde la coopération entre les deux Congo, à savoir contre vents et marées, promouvoir le bon voisinage et préserver les relations anciennes, multiformes, qui unissent les deux peuples.

Mais laissons le côté officiel, beaucoup trop protocolaire de ce voyage pour en évoquer le bilan fraternel à travers la rencontre de la délégation de Jean-Claude Gakosso avec le poète Lutumba Simaro*, chez lui, à Lingwala. Elle a lieu après un long détour par le sanctuaire des bonobos. Situé dans la commune de Mont-Ngafula, au sud de Kinshasa, il recueille et protège les espèces de cette famille de primates menacés d’extinction par les braconniers et autres délinquants fauniques.  

Il se pourrait que Simaro ait été alerté de l’arrivée de la délégation de Brazzaville. Le chef de celle-ci tenait à lui rendre visite sans doute parce qu’il avait appris que l’inusable chansonnier de la rumba congolaise ne se portait pas bien. Etait-ce donc moins un geste diplomatique qu’une démarche amicale et « familiale », pour l’ancien ministre de la Culture et des arts qui ne cache pas, on le sait, son attachement aux œuvres de l’esprit et tout naturellement à leurs créateurs ? Ce jour-là, Simaro qui, bien entendu, aimait manier le dicton confiait à son interlocuteur, parlant des relations entre Brazzaville et Kinshasa, que la corde de la famille peut se tendre même fortement, mais ne doit pas rompre.   

Voici ce que nous écrivions en essayant de commenter la photo prise dans le salon de Lutumba Simaro, lors de cette rencontre :

« Kinshasa, 19 janvier. Commune de Lingwala. Lutumba Simaro Masiya, fondateur des Bana Ok et longtemps sociétaire de Me Franco Luambo Makiadi dans l’Ok Jazz , reçoit chez lui la visite de Jean-Claude Gakosso. Le ministre congolais des Affaires étrangères qui séjournait à Kin, en mission de travail, en a profité pour rendre visite au « poète » de la rumba congolaise, un peu mal en point pour des raisons de santé.

Autour de l’artiste et du ministre qui le connaît bien, Verckys Kiamwangana Mateta, Christophe Muzungu, Mfumu. Difficile de fixer tout le monde sur une photo alors que se trouvaient aussi pour la même occasion trois autres grands noms de la musique congolaise : Jeannot Bombenga, Guvanno et Nyoka Longo, puis l’ambassadeur du Congo Brazzaville à Kinshasa, Clément Yandoma. Des retrouvailles plutôt gaies ! »

 

*Simaro est décédé à Paris, le 30 mars dernier.

 

 

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Le fait du jour : les derniers articles