Election du gouverneur : situation confuse dans le Sankuru

Lundi 15 Avril 2019 - 18:10

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Des mouvements de protestation à Lodja de la décision prise dimanche par Félix Tshisekedi, depuis Goma où il séjourne, de reporter à une date ultérieure le scrutin dans la province ont été rapportés, le  15 avril.

Attendue pour le 15 avril, l’élection du gouverneur de la province du Sankuru n’a finalement pas eu lieu. Et pour cause ? Le chef de l'Etat, Félix Tshisekedi, a demandé à la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de la renvoyer à une date ultérieure. Entre-temps, quelques députés provinciaux d’obédience Front commun pour le Congo se sont présentés au siège du secrétariat exécutif de la Céni, à Lusambo, dans l’optique de participer à l’élection. Ils ont été empêchés d’accéder à la salle par la police, apprend-on, « sur ordre du président de la République », d’après l’explication  qui leur a été fournie par l’Inspecteur provincial de la police, le général Aba, cité par actualités.cd.   

Ce nouveau report n’a fait qu’exacerber la tension dans cette partie du territoire national en proie, ces derniers jours, à des scènes de violence perpétrées notamment par des jeunes gens hostiles à la candidature de Lambert Mende. Ils avaient promis des troubles si l’ancien porte-parole du gouvernement sortant arrivait à Lusambo en se présentant comme le candidat unique tel qu’envisagé par la Céni, après le rejet de la candidature de  Stéphane Mukumadi, son principal challenger, pour détention de la nationalité française. L’annonce du report du scrutin a créé un vent de panique à Lusambo, chef-lieu du Sankuru, à la cité de Lodja et ailleurs, sur fond d’une grande agitation ayant entraîné la paralysie quasi totale des activités, renseignent des sources locales.  

Le rejet de la candidature de Stéphane Mukendi, source de la contestation

Ce fait s’inscrit dans la dynamique contestataire enclenchée par la candidature de Lambert Mende Omalanga au poste de gouverneur de la province. L'hostilité de la population locale contre l’ancien porte-parole du gouvernement sortant est allé crescendo, jusqu’à provoquer des troubles qui ont failli dégénérer. Le rejet par la Cour d’appel de Lusambo de la candidature de Stéphane Mukumadi qui, jusque-là, passait pour son principal challenger (il a été accusé de détenir une nationalité étrangère), avait envenimé la situation.

Initialement prévue le  13 avril, l’élection du gouverneur du Sankuru n’a pas été organisée, faute du quorum à l’Assemblée provinciale. Sur les vingt-cinq députés qui composent cet organe délibérant, seuls huit étaient présents dans l’hémicycle ce jour-là. Les députés provinciaux avaient refusé de siéger avec l’unique candidature de Lambert Mende. Le quorum des deux tiers au moins des membres qui composent l’assemblée provinciale n’ayant pas été atteint, la Céni s’est vue contrainte de repousser l’élection au 15 avril, faisant fi de la décision du Conseil d’Etat suspendant ce scrutin. En effet, cette haute juridiction du pays avait décidé de suspendre l'organisation de l’élection du gouverneur du Sankuru  jusqu'à l'exécution de son arrêt réhabilitant la candidature de Stéphane Mukumadi face à celle de Lambert Mende au poste de gouverneur.

La Céni a refusé de donner suite à cette requête du Conseil d’Etat, réconfortée dans sa position par la dernière prise de position du bureau du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) résultant de sa réunion tenue le 11 avril, à Kinshasa. Pour cet organe judiciaire, les arrêts du Conseil d’Etat sur le contentieux de candidature en rapport avec l’élection du gouverneur dans la province de Sankuru, sont simplement inexistants et partant, ne peuvent être exécutés. Ce qui a donné lieu à une vive polémique entre les deux organes via leurs membres respectifs qui se sont livrés à un débat juridique sur la pertinence des arrêts du Conseil d’Etat.

« Ces arrêts restent valables et doivent être exécutés promptement au nom du président de la République, conformément aux dispositions pertinentes de la loi », a indiqué son président, Félix Vunduawe Te Pemako. Au CSM, on ne l’entend pas de cette oreille, poussant l’outrecuidance jusqu’à menacer d’ouvrir des actions disciplinaires à charge des magistrats du Conseil d'Etat qui ont rendu les arrêts querellés « en violation manifeste de la loi ».

Au finish, l'élection du gouverneur du Sankuru n’a pas eu lieu le 15 avril comme prévue, la présidence de la République s’étant interposée pour décréter sa suspension jusqu’aux jours meilleurs.  En attendant, difficile de prédire la fin de l’épisode de Sankuru, d’autant plus que personne d’entre les deux challengers ne veut rien lâcher.

Alain Diasso

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