Le partenariat Afrique-Europe pour la paix et la sécurité : espoirs et doutes

Dimanche 30 Mars 2014 - 6:45

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Lors d’un conseil des ministres des Affaires étrangères tenu à Bruxelles, les pays européens ont échoué dans la relance d’une éventuelle mission Eufor en Centrafrique. L’appel de la France à ses partenaires européens n’a toujours pas reçu de réponse favorable. Une situation qui n’est pas de bon augure dans le partenariat Afrique-Europe dans le domaine de la défense et de la sécurité, et qui l’est encore moins dans le projet de l’Europe de la défense

À Bangui, les renforts européens se font attendre. Après le soutien obtenu par la France, sur le plan financier, logistique et humain de certains pays européens pour venir à la rescousse de l’opération Sangaris, la mobilisation peine à se concrétiser. La diplomatie européenne s’est accordé un texte éludant la question centrafricaine. Dans ses conclusions, « le Conseil européen souligne la nécessité d’une accélération des travaux relatifs à la préparation de l’opération PSDC Eufor RCA en vue de permettre son lancement rapide, conformément aux engagements de l’Union européenne ».

Le Quai-d’Orsay est à nouveau exaspéré par l’absence de réponse concrète des Européens et son retard dans le déploiement de la mission Eufor en Centrafrique. Finalement, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a haussé le ton, rappelant à ses collègues que « l’Europe s’était engagée et que pour l’instant le compte n’y est pas », et leur a demandé de faire un effort.

Dans un communiqué commun, les ministres français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et de la Défense, Jean-Yves Le Drian, exhortaient leurs homologues européens à passer des paroles aux actes. « L’Union européenne s’était engagée, le 10 février, à déployer une opération militaire en soutien aux efforts internationaux pour stabiliser la Centrafrique. À ce jour, en dépit des contributions annoncées par quelques États européens, force est de constater que le compte n’y est pas. Si un effort supplémentaire n’est pas réalisé rapidement, il ne sera pas possible de lancer, comme prévu, cette opération indispensable la semaine prochaine. L’Union européenne doit assumer ses responsabilités en matière de sécurité internationale. La France appelle vigoureusement ses partenaires à s’en donner les moyens », souligne le communiqué commun.

La sonnette d’alarme tirée par les ministres français a eu un écho du côté de la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères, Catherine Ashton, qui a rappelé aux États membres leurs responsabilités, dénonçant le fait que les contributions fournies ne permettent pas encore au commandant de lancer l’opération. Elle note encore des insuffisances, par exemple en logistique et en personnel. À court terme, l’échec de l’UE dans ce déploiement pourrait compromettre la capacité onusienne de déployer une opération, et à long terme, la crédibilité de l’UE risque de souffrir de cet échec annoncé.

Aujourd’hui, 2 000 militaires français de l’opération Sangaris et 6 000 soldats africains de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca) attendent les renforts promis par les États membres de l’UE. La plupart des grands pays de l’UE avaient manqué à l’appel. C’est le cas de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de l’Italie. Ces pays ont refusé l’idée d’envoyer des soldats dans l’ancienne colonie française.

Noël Ndong