Catherine Ashton : l’UE travaille pour l’Afrique

Dimanche 30 Mars 2014 - 9:30

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Catherine Ashton est Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne.

La crise qui sévit en République centrafricaine est une tragédie non seulement pour la population de ce pays, mais pour nous tous. Les violences interconfessionnelles qui dressent les chrétiens et les musulmans les uns contre les autres déchirent les communautés et divisent le pays tout entier. Nous assistons à une crise humanitaire d’une ampleur considérable

Près d’un million de personnes sont sans foyer. Nombre d’entre elles sont dispersées dans le pays ou ont fui au-delà des frontières, vers les pays voisins. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population a cruellement besoin d’aide. Les citoyens de la République centrafricaine méritent un avenir meilleur. Nous ne pouvons pas permettre que ce pays devienne un refuge pour les criminels, les terroristes et les groupes armés. Il est nécessaire, autant pour l’Europe que pour ses voisins africains, d’empêcher que l’ensemble de la région soit déstabilisé.

L’UE fait tout son possible pour apporter son aide grâce à une approche globale de la crise combinant des instruments diplomatiques, économiques et militaires, afin de contribuer à assurer une sécurité et une prospérité durables. L’année dernière, nous avons plus que triplé notre aide humanitaire pour la porter à plus de 76 millions d’euros afin de favoriser l’accès à l’eau salubre, aux denrées alimentaires et aux soins de santé pour les victimes de la crise. Les personnes qui ont le plus besoin d’aide humanitaire se trouvent souvent dans des zones difficiles d’accès. C’est pourquoi en décembre nous avions établi un pont aérien quotidien entre Bangui et Douala, au Cameroun, afin de convoyer du matériel et du personnel humanitaire vers la République centrafricaine.

Pour protéger les populations les plus exposées, les dirigeants de l’UE ont décidé, en février, de déployer une mission militaire dans le pays. L’Eufor-RCA contribuera aux efforts consentis aux niveaux international et régional pour établir un environnement sécurisé, protéger la libre circulation des civils et établir une zone de sécurité pour les personnes déplacées à Bangui et au-delà. La mission se concentrera en particulier sur la prévention de la violence envers les femmes. Elle collaborera étroitement avec la Mission de soutien sous conduite africaine.

Il faut en outre agir sans tarder pour rétablir un système politique viable sur la base de la réconciliation nationale. L’UE soutient un dialogue national sans exclusive destiné à mettre fin aux violences ethniques et interconfessionnelles. Nous contribuerons à reconstruire les institutions publiques et à réformer le secteur de la sécurité, à restaurer les services sociaux de base et la gestion des finances publiques et nous appuierons le rétablissement, à terme, de l’administration publique et des forces de sécurité. Ce processus ouvrira la voie aux élections, qui doivent se tenir en 2015 et que l’UE soutiendra grâce à une enveloppe de 20 millions d’euros.

Notre action en République centrafricaine est un excellent exemple de l’action menée par l’UE en Afrique. Aujourd’hui, la moitié des missions civiles et militaires de l’UE sont déployées sur le continent africain. L’UE est le principal fournisseur d’aide au développement et d’aide humanitaire en faveur de ce continent, ainsi que son principal partenaire en matière de commerce et d’investissements. Notre objectif est à la fois de fournir l’aide indispensable à court terme et d’œuvrer en faveur d’une paix et d’une prospérité durables en remédiant aux causes profondes des crises.

L’action de l’UE dans la Corne de l’Afrique est un bon exemple de la façon dont nous pouvons combiner tous les instruments dont nous disposons afin d’obtenir des résultats durables. Nous avons dépêché des navires afin d’escorter les livraisons de denrées alimentaires et d’appréhender les pirates. Nous avons collaboré avec les autorités locales afin d’établir des procédures judiciaires régulières. Nous avons en outre bâti des écoles pour veiller à ce que les jeunes garçons reçoivent une éducation plutôt que de fournir l’équipage des bateaux pirates. La piraterie a été réduite de 95 %.

Par ailleurs, nous sommes conscients que le changement doit être pris en main par la population locale elle-même. Lorsque j’ai rencontré des dirigeantes africaines, l’année dernière à Bruxelles, j’ai été frappée par le fait qu’elles étaient résolues à prendre personnellement leur destin en main et à œuvrer en faveur d’un avenir meilleur. C’est pourquoi nous collaborons étroitement avec nos partenaires régionaux, par exemple l’Union africaine, afin de consolider les valeurs démocratiques, de répondre aux crises qui menacent la sécurité et d’encourager le développement socioéconomique. La semaine prochaine, des dirigeants de toute l’Afrique viendront à Bruxelles pour rencontrer leurs partenaires de l’UE. Ce sommet est une formidable occasion de collaborer et de réaffirmer l’engagement que l’UE a pris il y a longtemps déjà en faveur du continent africain.

Les populations sont au cœur du partenariat entre l’UE et l’Afrique. C’est pourquoi nous discuterons de nouveaux investissements dans l’éducation et la formation. Mesurant toute l’importance de l’enjeu que représente la prospérité pour nos deux continents, nous examinerons comment stimuler une croissance susceptible de créer des emplois et de libérer le potentiel de la population en termes de productivité et d’esprit d’entreprise.

Le sommet qui se tiendra la semaine prochaine nous donnera l’occasion d’approfondir notre partenariat établi de longue date d’égal à égal, en mettant l’accent sur les personnes, la prospérité et la paix.

Catherine Ashton