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Valoriser les aires protégées du bassin du Congo

Jeudi 11 Juillet 2019 - 22:49

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La création d’aires protégées est fondée sur une philosophie dont le but initial est d’éviter toute intervention humaine dans certaines zones à caractère pittoresque et de grande beauté naturelle. En termes de beauté, la nature a gâté le bassin du Congo en le dotant de la plus grande forêt tropicale humide de la planète après l’Amazonie. Et ses aires protégées apportent non seulement une contribution importante en matière de valorisation économique à travers l’écotourisme, mais permettent aussi d’assurer une plus grande protection de sa biodiversité.

Au Congo, par exemple, les aires protégées couvrent à peu près 13% du territoire national et permettent de préserver les espèces fauniques et florales contre les activités illicites comme le braconnage et la décimation d’essences forestières. Leur intérêt est de plus en plus avéré à ce moment où l’on parle de la gestion durable des espèces. Le Congo compte dix-sept aires protégées s’étendant sur une superficie de près de cinq millions d’hectares. On y trouve des parcs nationaux comme ceux d’Odzala-Kokoua, de Nouabalé-Ndoki, de Conkouati Douli ou de Ntokou Pikounda. Il y a aussi des réserves de faune, à savoir Léfini, Mont Fouari, Nyanga-Nord ou Tsoulou.

Mais les aires protégées abritent aussi des lieux de vie communautaire des peuples autochtones, dont la subsistance, la culture et l’identité sont intimement liées à ces écosystèmes. Il faut donc, pour les pouvoirs publics, savoir prendre en compte les droits de ces peuples qui ont un lien spirituel et physique fort à la forêt, ainsi que des considérations complexes sur ce que l’utilisation durable de ces territoires signifie pour eux et pour les générations futures.

Depuis quelques décennies, certains modèles d’aires protégées sont critiqués pour plusieurs raisons. Car beaucoup n’atteignent pas les objectifs de conservation fixés en matière de maintien de la biodiversité, d’arrêt de la déforestation, des intrusions industrielles et du braconnage. Selon une étude récente aux chiffres alarmants, environ 50% des aires protégées connaissent « une érosion de la biodiversité », avec comme indicateurs principaux de leur santé déclinante, la perturbation de l’habitat, la chasse et l’exploitation des produits forestiers.

Pour une bonne gestion des aires protégées, les gouvernements des pays du bassin du Congo doivent s’orienter vers un modèle plus efficace et durable, qui ancre ses racines au cœur des communautés locales : un modèle qui respecte leurs droits, protège leurs modes de subsistance, leur attribue des responsabilités de gestion et tire parti de leur intérêt à protéger leurs terres traditionnelles.

Sachons que le bassin du Congo est une priorité de conservation mondiale. Un savant dosage de préservation de ses aires protégées en tenant compte des intérêts de la population locale ne peut que générer des bénéfices mutuels et ainsi longuement conserver son immense biodiversité. 

 

Boris Kharl Ebaka

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Édition du Samedi (SA)

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