Exposition : « Incarnation », un nouveau souffle pour l’art africain

Vendredi 2 Août 2019 - 14:08

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Plus de cinq mille œuvres d’art africain classique et contemporain, entre autres, statuettes, masques, tissus traditionnels, peinture, photos et vidéos, sont exposées du 28 juin au 6 octobre 2019, au palais des beaux-arts, à Bruxelles. Le but de l’exposition ‘’incarnation’’ est de changer le regard européen sur l’art africain. 

Incarnation est une exposition conçue par l’artiste sud-africain Kendell Geers en dialogue avec le collectionneur congolais Sindika Dokolo, une initiative passionnante et inspirante qui reflète la diversité des patrimoines asthéniques africains, débarrassés de tout prisme européocentriste, incluant l’influence des diasporas, des itinéraires des esclaves, du colonialisme ou des mouvements des indépendances. « L’Afrique n’a pas besoin d’être sauvée, elle a juste besoin de changer les préjugés et les générations qui l’accablent », témoigne Kendell Geers.

En effet, l’exposition offrira un panel d’artistes multidisciplinaires, rassemble environ près de cinq mille oeuvres d’art africain classique et contemporain qui sont indissociables, en passant par les statuettes minkinsi du congolais Sindika Dokolo, les photos des black Panthères aux Etats-Unis, la vidéo glauque dans le style ‘’White trash’’ du groupe musical Sud-africain Die Antwoord, la masque Mono de la Côte-d’Ivoire, la peinture de William Kentridge. « Une exposition africaine ne devrait pas avoir lieu dans le silence. Elle doit être vivante, elle doit bouger, exprimer, car en Afrique la liberté de parler et de se faire entendre est loin d’être chose acquise », a laissé entendre Kendell Geers.

En outre, l’exposition incarnation abordera des thématiques variées telles que la place de la femme africaine, les mouvements de libération, l’identité, la politique, les traditions, l’animisme ou encore la négritude. On trouvera également des œuvres des artistes tels que Wagachi Mutu, Otobong Martine, Yinka Shonibare CBE, Pascal Marthine Tayou, Ane Mendieta, Kehinde Wiley, Andres Serrano, Mwanga Hutter, Hank Willis Thomas, Tracey Rose, Andrian Piper, Lubana Himide, Roger Ballen, Zanele Muholi et bien d’autres.

Ainsi, pour briser l’appréciation esthétique et ethnographique jusqu’alors réservée aux objets d’art africain, incarnation propose une version africaine inspirée par la pensée de Léopold Sédar Senghor et du philosophe Souleymane Bachir Diagne « les musées ethnographiques sont une négation de l’art car ils empêchent les objets exposés de nous regarder. Parce que l’ethnographie s’est constituée à ses origines coloniales en tant que science de ce qui est radicalement autre, il appartient à sa nature de fabriquer l’étrangeté, l’altérité, la séparation », a expliqué Souleymane Bachir Diagne.

L’Afrique est un continent constitué de plus de cinquante-quatre pays, de milliers de langues et dialectes, de traditions, de contrastes et d’hétérogénéité. Son héritage a voyagé, s’est mélangé, s’est transformé au fil du temps par des échanges et des diasporas forcées ou volontaires. Aujourd’hui, les voix de l’Afrique prennent la parole pour parler de leur histoire avec leurs propres mots, et à travers leurs univers artistiques.

Par ailleurs, incarnation prône pour la restitution des œuvres d’art africain à leur pays d’origine. Une restitution réclamée haut et fort par Kendell, pour qui, il semble invraisemblable qu’après autant de violences, de vols, selon ses mots « vol de l’Afrique sous toutes ses formes, l’Europe refuse de rendre ces objets d’art à eux dont c’est héritage, l’essence culturelle et qui sont les plus à même de pouvoir les conserver ».

Cisse Dimi

Légendes et crédits photo : 

L"affiche de l'expo

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