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La Côte d'Ivoire et ses cinq "grands"'

Samedi 3 Août 2019 - 18:08

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La presse abidjanaise appelait ainsi le quinté de tête des leaders de Côte d’Ivoire dans la période d’incertitude qui suivit la disparition, en 1993, du père de l’indépendance, Félix Houphouët-Boigny. Il y avait sur leur short list, en 2006, Laurent Gbagbo, président de la République en fonction, Henri Konan Bédié, ex-chef de l’Etat, Charles Konan Bany, Premier ministre en poste, Alassane Ouattara, ancien Premier ministre, Guillaume Soro, président des Forces nouvelles, le bras politique de la rébellion de Bouaké, qui secoua ce pays à partir de 2002.

Le climat étant plus que tendu, l’Union africaine (UA)était venue au secours de la Côte d’Ivoire par le biais de Denis Sassou N’Guesso, chef de l’Etat congolais et président en exercice de l’organisation panafricaine. Les parties se heurtaient sur les modalités de sortie de crise ; une crise multiforme dans laquelle s’entremêlaient bruits de bottes, débat sur l’ivoirité, querelles de légitimité, tensions palpables avec les missions onusienne et française sur place, nombreuses pertes en vies humaines.

Il n’y avait pas de miracle possible à créer dans un tel imbroglio. Tout au plus, le président de l’UA parvint-il à réunir autour de la même table des frères ennemis qui n’avaient pas auparavant eu beaucoup d’occasions de ce genre pour se parler. Cette fois, ils étaient assis avec le médiateur, chacun développant un argumentaire proche de la bonne convenance pour tenter de rassurer l’éminent hôte.

Il y avait ce dilemme qui se posait entre le désarmement des miliciens et le recensement des électeurs en vue d’une hypothétique présidentielle qui semblait focaliser toutes les attentions. Les parties ne s’accordaient pas sur le chronogramme de ce processus. Alors, à défaut de prioriser l’une ou l’autre étape, le médiateur pencha pour que les deux opérations soient menées de façon concomitante. Il en laissait la responsabilité à ses interlocuteurs qu’il assurait en outre de la sollicitude inaliénable de l’UA.

On dit souvent que des grandes médiations le succès consiste dans un premier temps à au moins faire se parler des rivaux. Mais au fond, quand les abysses de la belligérance sont inobservables à l’œil nu comme ce fut le cas au pays d’Houphouët, la meilleure façon d’en sortir était peut-être de laisser agir le temps. Ce n’est en effet que quatre années plus tard, en 2010, que se tint l’élection présidentielle tant attendue en Côte d’Ivoire. La suite est connue : victoire pour Alassane Ouattara, Cour pénale internationale pour Laurent Gbabgo au terme de graves violences entre les deux camps.

Des cinq « grands » de l’époque, Charles Konan Bany est celui qui a raccroché ses bottines comme diraient les footballeurs professionnels. Il en reste quatre sur lesquels tant de choses peuvent encore être dites. Parce qu’ils sont toujours là et forts de leurs appareils politiques, ils vont tenter le tout pour le tout lors de l’élection présidentielle de 2020.

Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo (acquitté depuis par la CPI), et Guillaume Soro, plus jeune parmi tous, sont sur la sellette. Pourront-ils privilégier l’intérêt supérieur de leur pays et éviter de le replonger dans les violences ? Telle est la question qui leur est posée par leurs compatriotes et par l’Afrique aujourd’hui.

Gankama N'Siah

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