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Zimbabwe

Samedi 7 Septembre 2019 - 16:02

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En observant un deuil national en hommage à leur ancien président décédé vendredi 6 septembre, à l’âge de 95 ans, les autorités zimbabwéennes et le peuple de ce pays veulent se réconcilier avec leur propre histoire. Celle de la lutte de libération qui a conduit l’ex-Rhodésie du Sud à son indépendance, en 1980, et dont le principal meneur, parmi sans doute tant d’autres, fut Robert Gabriel Mugabe.

Au pouvoir jusqu’à l’épuisement de ses forces, le père de l’indépendance du Zimbabwe a connu des fortunes diverses durant sa présidence. Il faisait néanmoins partie des dirigeants que l’Afrique tenait en estime quand il s’agissait d’animer la rhétorique anticolonialiste. Pour cela, les tribunes panafricaines et onusiennes étaient des lieux appropriés que les hommes de son cran vénéraient. Ils en profitaient notamment pour dire tout le mal qu’ils pensaient du système impérialiste, et tout le bien que représentait le chantier de l’unité africaine.

Au soir de son exercice quarantenaire, Mugabe pouvait s’en réjouir, le combat pour la libération de l’Afrique du joug colonial était mené à son terme. Aujourd’hui, l’Afrique est un continent constitué de cinquante-quatre Etats indépendants. On ne peut cependant pas dire la même chose du défi de l’intégration africaine, et même de son unité au regard de la trop grande place que prennent les égocentrismes nationaux sur le continent.

Si l’on ajoute au constat posé plus haut le fait qu’à l’intérieur des pays mêmes se posent avec acuité les problèmes de gouvernance, de luttes parfois fratricides pour le pouvoir, on tire assez vite la conclusion qu’il reste à l’Afrique encore un long chemin à parcourir. A chacun sa mission, celle des hommes et des femmes qui ont porté haut la flamme de la libération de l’Afrique a plutôt été mieux accomplie. Aux générations présentes de savoir qu’elle est la leur et de l’assumer avec courage.

S’il est loin le temps où l’euphorie des indépendances octroyées par le colonisateur ou acquises de longue lutte comme celle du Zimbabwe suffisait pour remplir la panse des populations tombées sous le charme de leurs leaders charismatiques, rendre hommage à un dirigeant qui a bravé l’occupant pour la cause nationale n’a rien de désobligeant. Ses erreurs, ses échecs, les brutalités de son régime ? Le bon Dieu en tirera la meilleure conclusion.

Gankama N'Siah

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