Sahel : la lutte contre le terrorisme prend du recul

Jeudi 26 Septembre 2019 - 14:40

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Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé, le 25 septembre à New York, lors d’une réunion de haut niveau sur le Mali et la région, la communauté internationale à redoubler d’efforts face à l’escalade continue de la violence.

« Soyons clairs, nous sommes en train de perdre du terrain face à la violence. Nous devons redoubler d’efforts », a invité le secrétaire général, estimant que ces efforts devraient d’abord être centrés sur le front politique, la résolution du conflit malien étant essentielle à l’établissement d’une paix régionale durable. « Le dialogue politique national inclusif, lancé la semaine dernière, doit ouvrir la voie à des progrès dans la mise en œuvre de l’accord de paix. La révision constitutionnelle sera indispensable pour mettre en place des réformes décisives », a-t-il noté.

L’escalade continue de la violence au Sahel et son expansion vers les pays du golfe de Guinée restent une réalité préoccupante. « Je crains que nous n’ayons collectivement échoué à enrayer les causes profondes de la crise – la pauvreté, les failles de gouvernance, l’impunité – qui nourrissent la montée de l’extrémisme violent. Les groupes terroristes instrumentalisent les conflits locaux et se positionnent en défenseurs des communautés », a déclaré Antonio Guterres aux participants à cette réunion tenue en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. Et d’ajouter : « Tout cela est aggravé par le changement climatique. La raréfaction des ressources naturelles exacerbe les tensions. Au Nigeria, les heurts entre éleveurs et agriculteurs ont fait, l’année dernière, plus de victimes que Boko Haram ».

Soutenir davantage la Minusma

Selon le patron de l’ONU, partout, ce sont les civils qui en paient le prix. Dans les seuls pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), le nombre de morts civils entre 2012 et 2018 a été multiplié par quatre. Plus de cinq millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, plus de quatre millions ont été déplacées, trois millions d’enfants ne sont pas scolarisés et près de deux millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire.

Au cours de cette occasion, il a également salué les actions entreprises par les autorités maliennes avec le soutien de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) pour faire cesser les violences, protéger les civils et promouvoir la réconciliation dans le centre du pays.

Aussi, le secrétaire général de l’ONU a jugé nécessaire de renforcer la coopération régionale et internationale. Il a, cependant, signifié que la force conjointe du G5 Sahel restait cruciale pour combattre les groupes armés extrémistes et les terroristes. Cette force, selon lui, a besoin davantage de soutien, notamment de financement.

« Je crois qu’il faut qu’on reconnaisse que la lutte contre le terrorisme menée par le G5 Sahel n’est pas seulement une question des pays du G5 Sahel ; n’est même pas seulement une question régionale ou africaine, c’est une question globale. Les forces du G5 Sahel nous protègent nous tous du terrorisme. Si ces forces n’ont pas les moyens de lutter efficacement contre le terrorisme, les menaces vont se répandre bien au-delà de la région et sont des menaces à la sécurité globale, collective de notre monde », a insisté Antonio Guterres.

En effet, le secrétaire général a également jugé nécessaire que les fonds promis pour l’assistance humanitaire au Sahel soient effectivement octroyés. « Le Sahel a besoin de l’unité et de l’engagement de tous. Beaucoup d’outils et de mécanismes sont actuellement en place. Tous sont complémentaires et méritent d’être soutenus et valorisés. Le temps presse et c’est dans un esprit de complémentarité et d’unité que nous pourrons arrêter la spirale de violence et de souffrance dans la région », a-t-il conclu.

Josiane Mambou Loukoula

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