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Droits de l'homme

Dimanche 13 Octobre 2019 - 12:24

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Veiller à ce que leurs citoyens bénéficient de la protection nécessaire chez eux ou à l’étranger, et jouissent de tous les droits dans les limites prévues par la loi est le devoir de tous les Etats au monde. C’est pour cela que la problématique des droits de l’homme est au cœur d’un arsenal juridique qui ne connaît pas de frontières car l’être humain, fait de chair et de sang, est sacré. Il l’est d’autant grandement que les œuvres qu’il produit au cours de son existence sur terre, quand elles échappent à son contrôle, le préparent à une chute certaine. Et c’est là tout le paradoxe de la Création.

Cette entrée en matière pour évoquer la situation des personnes de diverses nationalités prises dans la tourmente de la guerre en Syrie sous la houlette djihadiste de ce que l’on a désigné parfois avec détachement, à partir de l’année 2014, l’Etat islamique. On sait que cet Etat fantomatique que ses promoteurs s’évertuaient à sculpter entre l’Irak et la Syrie n’a pas prospéré. En tout cas pas pour beaucoup de temps. Mais ses reliques sont encore en place dans les deux pays, à savoir ses ruines monumentales, symbole de la violence inouïe qui s’était emparée des belligérants dans cette partie du monde toujours campée dans l’incertitude.

Des ruines de l’Etat islamiste rayé de la carte, laissons le temps à la paix qui s’installe encore timidement de s’en occuper. Reconstruire les villes n’a jamais été que le rendez-vous des hommes sur terre et bien souvent, d’ailleurs, sur les délabrements naissent des bâtisses sardanapalesques, l’esprit humain jaloux d’être effrayé cherchant chaque fois à repousser loin les limites de l’imaginable. Soyons-en sûrs, que si la guerre se termine totalement, que la Syrie retrouve son unité et qu’avec ses voisins se reconstruisent des relations respectables, rien n’arrêtera les investisseurs sur le chemin de sa reconstruction.

Le vestige (pardonnons l’expression) le plus redouté du défunt Etat islamiste est, aussi éprouvant qu’il paraisse, de nature humaine. Au plus fort de la conquête des territoires promis à leur califat, les djihadistes avaient assez bien vendu leur projet de société. Au point de bénéficier de la sympathie des hommes et des femmes de presque tous les continents qui les rejoignirent en nombre. L’organisation islamiste revendiquait ainsi des milliers de combattants parmi lesquels des célibataires, des pères et mères de familles. Des foyers conjugaux établis de longue date à ceux constitués sur place sont nés des milliers de gosses aujourd’hui rejetés par les pays d’origine de leurs parents encore en vie ou morts au combat.

L’Europe, continent des droits de l’homme, est confrontée à cette question cruciale du sort des combattants et surtout de ces enfants du djihad, par-dessus tout innocents puisqu’ils ne pourront, ne devront normalement répondre des crimes de leurs parents. Quand on écoute certains dirigeants du Vieux continent, il semble que nombreux militent pour que ces individus hébergés sous des tentes en territoire syrien y passent le restant de leur vie. Ils invoquent, non sans raison, le caractère dangereux de ces djihadistes ; souhaitent vivement qu’ils ne traversent pas les frontières pour regagner l’Europe. Le point de vue des Etats-Unis est que les pays concernés accueillent leurs ressortissants et engagent à leur égard des procédures judiciaires ou de réinsertion appropriées, en rapport avec les actes qu’ils auraient posés. Washington prêche dans le désert, pourrait-on dire, car les positions en Europe sur cette question restent tranchées. Et l’offensive que mène la Turquie dans le nord de la Syrie où sont refugiés les djihadistes démobilisés agrandit les ambiguïtés.   

On peut penser, devant cet état de choses, que si le statu quo actuel perdure (ce qui semble le cas), l’Etat islamique que par les armes on a tué se construira dans les têtes de ces enfants apatrides du djihad dont un tel statut pourrait endurcir dans l’idée qu’ils ne seraient bons qu’à cela. Mieux vaut, en effet, trouver d’autres alternatives que celle en vigueur jusqu’à présent, qui consiste à expliquer à ces rescapés de l’une de ces folies meurtrières du totalitarisme dont le monde a l’habitude depuis son apparition qu’ils ne viennent de nulle part.

Gankama N'Siah

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