Lutte anticorruption : un forum sur le système national d’intégrité

Samedi 7 Décembre 2019 - 16:44

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La rencontre de haut niveau a été organisée par la Ligue congolaise de lutte contre la corruption (Licoco), le 5 décembre à Kinshasa, en collaboration avec le secrétariat international de Transparency international.

Le système national d'intégrité (SNI), a expliqué le conseiller régional Afrique de Transparency international, Samuel Kaninda, est un outil de cette organisation pour lutter contre la corruption dans un pays, un dispositif d’évaluation qui s’appuie sur des piliers, parmi lesquels les institutions du pays qui doivent s’impliquer dans cette lutte (corruption de survie, de profit et la grande corruption qui est plus subtile).

« Système national d’intégrité de la RDC: le rôle des acteurs étatiques et non étatiques en matière de prévention de la corruption et la promotion de la bonne gouvernance » a été le thème de la première table ronde avec quatre intervenants, notamment le député national Jean-Pierre Pasi Za Pamba qui est aussi vice-président de la section RDC du Réseau des parlementaires africains contre la corruption; de Robert Munsi Bunkete, directeur général adjoint de l'Observatoire de surveillance de la corruption et de l'éthique professionnelle (Oscep); d’Ernest Mpararo, secrétaire exécutif e la Licoco et de Mme Mbala, directrice générale adjointe de la société pétrolière Perenco. La deuxième table ronde s’est articulée autour du thème « Système national d’intégrité de la RDC : la lutte contre l’impunité, simple slogan ou réalité vécue ? ». Deux intervenants se sont étalés sur le sujet, Me Georges Kapiamba, coordonnateur de l’Association congolaise d’accès à la justice, et Israël Mutala, journaliste spécialisé dans les questions de gouvernance.

Enfin, la troisième table ronde sur « Système national d’intégrité de la RDC : la lutte contre la corruption et l’atteinte des Objectifs du développement durable en RDC » a connu les interventions riches d’Al Kitenge, expert en gouvernance et d’Oasis Kodila Tedika, expert à l'Observatoire congolais du développement durable du ministère du Plan. Chaque table ronde a donné lieu à des échanges très enrichissants en informations entre l’assistance et les intervenants, d’autant plus que l’on a noté la présence d’un conseiller à la présidence de la République, d’un avocat général du parquet près la Cour de cassation, des représentants d’autres institutions étatiques et des organismes internationaux et de la société civile.

Le Système national d’intégrité, a-t-on fait comprendre, vient donc s’aligner parmi les armes de lutte contre la corruption. Le forum de haut niveau a eu pour objectif de contribuer à une bonne gouvernance effective dans le pays, en favorisant la réalisation des objectifs de développement socio-économique nationaux. Spécifiquement, ce colloque a visé à faciliter un cadre d’échange et de partage entre les différents acteurs et parties prenantes du SNI de la RDC, de mettre en relief les défis et opportunités liés au renforcement du système préventif et répressif de la corruption dans le pays et d’identifier des pistes concrètes pour capitaliser les opportunités de renforcement du SNI de la RDC.

Des chiffres accablants…

Rappelons-le, la RDC est placé 176e sur cent quatre-vingts pays dans le classement 2018 de l’Indice de développement humain des Nations unies. Selon la Banque mondiale, le taux d’extrême pauvreté dans le pays, en 2018, est d’environ 73 %, faisant de lui l’un des pays subsahariens le plus pauvre. Des longues périodes d’instabilité politique, la mauvaise gouvernante et la corruption endémique sont les principaux facteurs d’anéantissement de ses efforts de réduction de la pauvreté.  Le pays est, en outre, 47e sur les cinquante-quatre Etats africains inclus dans la rapport 2018 de l’Indice Mo Ibrahim de gouvernance africaine, avec une note de 32,1 sur 100. Cet indice évalue quatre aspects liés à la gouvernance, à savoir la sécurité et l’Etat de droit ; la participation et les droits humains ; le développement économique durable ; et le développement humain. Et selon l’édition 2018 de l’Indice de perception de corruption qui se focalise sur la corruption dans le secteur public des Etats, la RDC a été classée 161e sur cent quatre-vingts, avec une note de 20/100 qui traduit le caractère systémique du fléau.

D’après la dernière édition Afrique du Baromètre mondial de la corruption, publiée en juillet 2019, 85% des Congolais sondés estiment que la corruption a pris de l’ampleur dans les douze mois précédents tandis que près 80 % estiment que le gouvernement ne fait pas assez pour lutter contre le fléau. En scrutant ces chiffres, Transparency international a pris l’option de développer l’approche SNI comme moyen d’évaluation de l’efficacité du dispositif anti-corruption d’un pays secteur par secteur. Le SNI permet une analyse nuancée de l’état des efforts de lutte contre la corruption. Ce, d’autant plus que la lutte contre ce phénomène fait partie des priorités du président de la République, Félix Tshisekedi. Il a réitéré « son indéfectible engagement à lutter contre la corruption sous ses divers aspects », lors d’une manifestation relative à la Journée africaine de lutte contre la corruption organisée par l’Oscep.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

1 - Le directeur général adjoint de l'Oscep, Robert Munsi, le député national Pasi Za Pamba et Ernest Mpararo de la Licoco / DR 2- Les participants au forum sur le système national d'intégrité / DR

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