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L’Union africaine au seuil de la réforme

Samedi 8 Février 2020 - 18:46

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Avant même que s’achève, à Addis-Abeba, le trente-troisième Sommet des Etats membres de l’Union africaine, il est clair que l’épineux dossier de la Libye ouvre la voie à une réforme en profondeur de cette institution. En faisant apparaître de façon crue l’incapacité de cette communauté régionale, qui compte parmi les plus vastes et les plus peuplées du monde, à coordonner ses moyens pour intervenir efficacement dans la recherche d’une solution pacifique à la crise qui dévaste le Sahel il a ouvert, en effet, les yeux et les oreilles de ses dirigeants.

Ou, plus exactement, il a démontré que le Comité de haut niveau créé au sein de l’Union africaine pour aider la Libye à sortir de l’ornière dans laquelle le pays s’est trouvé  plongé du fait de l’assassinat, il y a neuf ans, de Mouammar Kadhafi explore en réalité la seule voie qui permettra de résoudre ce problème éminemment stratégique. Face à des puissances extérieures au continent qui ne défendent que leurs intérêts, recourent à des moyens inacceptables pour s’imposer dans le débat, facilitent par leur vision égoïste de cette crise les trafics en tous genres qui prolifèrent dans cette partie du continent, l’Union africaine comprend enfin qu’elle doit s’unir si elle veut que la paix l’emporte sur la violence. Elle fait donc  siennes les recommandations du Comité qu’elle a créé mais que, jusqu’à présent, elle n’appuyait pas suffisamment.

Rappelons, avant d’aller plus loin, que dans cette affaire et depuis le début le Congo joue un rôle essentiel puisque c’est sa plus haute autorité, le président Denis Sassou N’Guesso, qui plaide pour la recherche d’une solution pacifique. Au péril de sa vie, comme nous l’avons écrit à plusieurs reprises ces derniers temps lorsqu’il se rendit à Tripoli en 2010 pour convaincre le « Guide » libyen Mouammar Kadhafi sinon de se retirer de la vie politique du moins d’engager un dialogue sérieux avec ceux qui rêvaient de le remplacer au sommet de l’Etat, pour convaincre aussi ceux qui rêvaient de l’assassiner qu’un tel acte provoquerait une crise de grande ampleur.

L’Histoire et sans doute aussi la justice française se chargeront de dire un jour pourquoi précisément ces appels à la raison n’ont pas été entendus alors même qu’ils auraient permis d’éviter le drame que nous vivons dans le moment présent. Mais, en attendant, il devient clair que l’Afrique dans son ensemble prend la juste mesure du défi auquel elle se trouve aujourd’hui confrontée. Et c’est bien ce qui se passe actuellement dans les coulisses, à la tribune, dans les tête-à-tête d’hommes d’Etat du Sommet d’Addis-Abeba où les propositions énoncées récemment  à Berlin puis à Brazzaville ne sont plus  perçues comme des idées vagues, théoriques, illusoires mais ouvrent la voie à une sortie fiable de la crise libyenne.

Ajoutons pour faire bonne mesure que ces réflexions au sommet des Etats déboucheront sans aucun doute sur la mise au point d’un système de prévention et de gestion des crises qui changera la donne de façon radicale sur la scène internationale en donnant à la voix de l’Afrique la force qu’elle n’avait pas jusqu’à présent.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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