Afrique du Sud : Il y a trente ans, la libération de Nelson Mandela

Mercredi 12 Février 2020 - 14:45

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Témoin-clé de la libération de Nelson Mandela après vingt-sept ans de prison, le président Cyril Ramaphosa a ravivé le souvenir du 11 février 1990.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa s'est rappelé mardi, trente ans jour pour jour après la libération de Nelson Mandela, de la libération du héros de la lutte contre l'apartheid qui a marqué « la mort » du régime raciste. « Le jour où Mandela a été libéré, nous savions tous que l'apartheid était mort », a lancé Cyril Ramaphosa devant des centaines d'écoliers et des combattants de la libération au Cap, la capitale parlementaire. Les négociations avaient commencé dès 1987 sous le président Pieter Botha et ont été menées à leur terme par Frederick de Klerk qui annonça au Parlement, le 1er février 1990, la décision de son gouvernement de libérer Mandela.

L'apartheid sera officiellement aboli en juin 1991. « C'était un moment grisant », s'est-il rappelé depuis le balcon de la mairie, là même où Nelson Mandela, libre après vingt-sept ans passés derrière les barreaux, s'était exprimé devant des milliers de ses partisans euphoriques, le 11 février 1990. Un discours ou plutôt le fil d'une conversation avec le peuple sud-africain fatigué de la domination blanche.

Mais Nelson Mandela se prononça aussi contre la domination noire. « Je suis ici devant vous non pas comme un prophète, mais comme votre humble serviteur. C'est grâce à vos sacrifices inlassables et héroïques que je suis ici aujourd'hui. Je mets donc les dernières années de ma vie entre vos mains. […] Aujourd'hui, la majorité des Sud-Africains, Noirs comme Blancs, reconnaissent que l'apartheid n'a aucun avenir. Ce système doit être aboli d'un commun accord afin de reconstruire la paix et la sécurité. […] La situation qui nous avait poussés à prendre les armes existe toujours aujourd'hui. Nous n'avons pas d'autres choix que de continuer. Des mots en résonance avec sa plaidoirie lors du procès de Rivonia avant de se voir condamné à vie pour «haute trahison et tentative de renversement par la force du gouvernement».

Un jour mémorable

Il faut se souvenir que le 11 février 1990, après vingt-cinq années et cent quatre-vingt-dix jours de prison, Nelson Mandela, héros de la lutte anti-apartheid, âgé de 72 ans, retrouve la liberté. Il était jusqu'alors le prisonnier le plus célèbre du monde connu sous le matricule 46664. Nelson Mandela, qui avait fondé l'Umkhonto we Sizwe, la branche armée de l'ANC, avait été condamné à la réclusion à la perpétuité au plus fort de la période de ségrégation raciale. Les images le montrant libre devant des milliers de ses partisans avaient fait à l'époque le tour du monde. Il avait purgé sa peine sur l'île de Robben Island, au large du Cap, puis dans les prisons de Pollsmoor et de Victor Verster. Trente ans plus tard l'Afrique du Sud de Cyril Ramaphosa se souvient et s'interroge.

Depuis 1994, son parti, l’ANC (Congrès national africain), est toujours au pouvoir… mais affaibli par les années Jacob Zuma. Son successeur Cyril Ramaphosa doit composer avec les inégalités sociales, mais aussi avec un ressentiment d'une partie de la population contre les travailleurs immigrés.

En septembre 2019, des scènes de violence, de pillage contre des commerçants notamment Nigérians ou Somaliens, avaient fait douze morts; des chauffeurs de camions sont parfois tués directement au volant quand ils sont identifiés comme venant du Zimbabwe ou de Zambie…  Ces mêmes « amakwere kwere » (étrangers dont on ne parle pas la langue maternelle) qui avaient cru dans un eldorado sud-africain, et plus encore juste après la chute de l’apartheid.

Yvette Reine Nzaba

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