Première édition Africa Héritage Forum 2020 : la place de la cybersécurité au menu des échanges

Mercredi 12 Février 2020 - 17:15

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Kinshasa s’apprête à recevoir la première édition Africa Héritage Forum 2020, du 20 au 22 juillet, sous le haut patronage du président de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi. Chrysostome Nkoumbi-Samba, Franco-Congolais, spécialiste cybersécurité, président du réseau Afrik@cybersecurité, de retour du Onzième Marrakech Security Forum 2020, explique l’essentiel de sa contribution en honorant l’invitation du Réseau Africain Souverain.

Chrysostome Nkoumbi-Samba CEO Afrik@cybersecurité lors du 11ème Forum de Marrakech 2020Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Quelle est votre analyse des pratiques de cybersécurité en Afrique ?

Chrysostome Nkoumbi-Samba (C.N.S.) : L’accessibilité à l’Internet se met en place au fur et à mesure en Afrique, avec le renforcement des équipements télécoms existantes et le déploiement de nouvelles infrastructures. Avec elle s’installe une grande incertitude sur la sécurité des données. On assiste à l’explosion de la déviance de la cybercriminalité engendrant d'importants risques politiques, sociaux et financiers. Les menaces ne cessent de s'amplifier au rythme du développement accéléré des nouvelles technologies « Intelligence Artificielle, blockchain, Cloud, et la data » et les pratiques contraires à l'éthique (terrorisme, corruption, manipulation du processus électoral, etc…) deviennent de plus en plus sophistiquées. Pour contrer les cyber-menaces, nous devons multiplier, coordonner les initiatives et susciter des vocations capables de rompre les chaînes de cybercriminels interconnectés.

L.D.B : A ce propos, comment procéder pour mettre en place une démocratisation de la cybersécurité sur le continent africain ?

C.N.S. : La cybersécurité n'a de sens que si elle est rattachée à une vision, c'est-à-dire une promesse d'un futur souhaitable. L’une des réponses doit être la formation. Laquelle formation qui doit faire partie de la stratégie globale portée par les dirigeants actuels et à venir. C’est dans ce cadre qu’en marge du forum paix et sécurité de Dakar, au Sénégal, l’année dernière, une école à vocation régionale avait été inaugurée afin d’aider les États à lutter contre le terrorisme et réguler les transactions économiques numériques. Ces initiatives doivent continuer à travers tout le continent d’une manière transversale et c'est pourquoi je souscris entièrement aux recommandations du 11eme Marrakech Security Forum 2020 tenu à Marrakech au Maroc du 6 au 9 février 2020 à laquelle je viens de participer et plus particulièrement à la création de l'Agence Africaine du Renseignement et la mise à disposition par le Maroc d'une plateforme dédiée à la jeunesse. La cybersécurité, sur le fond, n’est pas l’affaire des seuls experts mais doit impliquer l’ensemble des acteurs à l'échelle internationale. En plus, si les conférences et forums se multiplient pour sensibiliser et former à la cybercriminalité, il me parait aussi fondamental de s'interroger sur l'impact de l'amélioration de la situation sécuritaire en Afrique. En dehors de la formation se révélera essentielle la pratique des outils Internet à grande échelle, telle l’utilisation de la machine à voter par la Ceni, présidée par Corneille Nangaa, lors de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo. Ce vote portait en elle un message de sécurisation des données numériques allant du piratage informatique au « Fake news ».

L.D.B. : Votre contribution à la première édition Africa Héritage Forum 2020 à Kinshasa suffira-t-elle pour susciter une adhésion des décideurs dans ce domaine ?

C.N.S. : Je saisis l’occasion pour remercier les organisateurs pour cette invitation. Ma contribution consistera à plaider et convaincre de la nécessité d'établir un pont entre le monde 1.0 (un monde en silos, hermétique, régi par les frontières physiques) qui s'efface et le monde 4.0 (un monde dominé par l'instantanéité, les réseaux sociaux, l'intelligence artificielle, la data) qui émerge. L'Afrique doit sortir du post-colonialisme castrateur du XXe siècle et se mettre en marche elle aussi, fort de ses nouvelles générations de leaders. Afin de faire face aux exigences de la nouvelle économie, l'Afrique seule ne pourra pas faire abstraction de la cybersécurité qui est, à mon avis, un des gages de confiance et de stabilité, me semble-t-il.

Chrysostome NKOUMBI-SAMBA 

MBA MSDN

Expert Cybersécurité - Sécurité Des Données

contact@afrikacybersecurite.org

 

Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : Chrysostome Nkoumbi-Samba CEO Afrik@cybersecurité lors du 11ème Forum de Marrakech 2020 Crédit photo : @afrikacyber

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