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Lutter contre le coronavirus certes, mais pas seulement

Samedi 2 Mai 2020 - 17:03

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Lorsque le coronavirus est apparu en Chine, puis a gagné l’Europe pour ensuite s’installer aux Etats-Unis et dévaster l’ensemble de la planète nous avons été nombreux, dans le cercle très divers des observateurs de la scène internationale, à penser, à espérer que le Covid-19 génèrerait un formidable élan de solidarité internationale. Et que, par conséquent, il mettrait en sourdine, voire même effacerait au moins temporairement les tensions de toute nature qui opposent les grandes puissances, ouvrant de ce fait un nouveau chapitre, plus apaisé, des relations internationales.

Malheureusement, c’est exactement l’inverse qui se produit depuis quatre mois sous nos yeux effarés avec une aggravation des tensions entre les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l’Europe qui laisse augurer de plus grands troubles si la communauté humaine dans son ensemble ne se mobilise pas rapidement pour faire triompher le bon sens. Venant se surajouter à un drame sanitaire qui a déjà causé la mort de plus de deux cent mille êtres humains sur les cinq continents, l’aggravation des conflits au Proche et au Moyen Orient, l’affrontement apparemment verbal mais en réalité aussi diplomatique que stratégique entre les Etats-Unis et la Chine, l’effondrement de l’économie mondiale et ses conséquences dramatiques pour les pays émergents, le spectre de la famine qui menace désormais nombre de peuples du tiers-monde font peser sur la communauté une menace jamais vécue jusqu’à ce jour.

Or cette réalité, cette évidence ne s’imposent manifestement pas aux grandes puissances et à leurs dirigeants qui tentent de profiter de la crise présente soit pour mieux asseoir leur pouvoir au sein de la communauté internationale, soit pour défendre plus âprement leurs intérêts égoïstes. Si bien que loin de rassembler les peuples pour lutter contre les menaces que fait peser sur eux la pandémie du Covid-19, celle-ci creuse encore plus le fossé qui les sépare et que rien jusqu’à présent n’est parvenu à combler malgré les progrès de toute nature obtenus ces dernières décennies du fait de la mondialisation. Avec, comme conséquence, un mouvement qui n’est pas encore perçu clairement par la communauté internationale mais qui est bien réel : celui de la relance de la course aux armements parmi lesquels figurent en bonne place les armes de destruction massive, course à laquelle la fin de la « guerre froide » semblait avoir mis un terme.

Dans un pareil contexte il est clair que l’humanité dans son ensemble ne doit pas seulement coaliser ses efforts dans le domaine de la recherche médicale et de l’élévation de barrières sanitaires efficaces pour vaincre le coronavirus, mais doit aussi porter la plus grande attention aux dangers majeurs que porte en elle la relance de la compétition stratégique entre les « Grands » de ce monde à laquelle nous assistons. Si elle ne le fait pas dans des conditions qui restent à déterminer l’on peut être certain que de nouveaux conflits surgiront à brève échéance que la communauté humaine dans son ensemble sera incapable de régler et paiera au prix fort.

Mieux vaut ne pas se faire d’illusion : l’homme moderne n’est ni plus prudent, ni plus sage, ni plus intelligent que ses prédécesseurs. Parole d’ancien !

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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