Evocation : le général Charles de Gaulle, un héros universel (suite et fin)

Jeudi 9 Juillet 2020 - 21:11

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Evocation

En partant de presque rien, De Gaulle réussit à structurer un mouvement de résistance à l’occupant que ses ennemis du gouvernement légal du maréchal Pétain ne pouvaient plus continuer d’ignorer. Mais, autant il fondait son combat sur la légitimité de défendre le territoire français, autant il ne contrôlait aucune parcelle de ce territoire. Acquérir une légitimité territoriale fut donc le point suivant de la lutte pour la reconnaissance de son mouvement. A défaut d’une portion de terre en France métropolitaine aux mains des Allemands et du gouvernement installé à Vichy dans le centre-sud du pays, c’est vers les possessions coloniales que De Gaulle jette son dévolu. Il lance une opération de charme en direction des fonctionnaires civils et militaires des colonies destinée à les rallier à la cause patriotique qu’il défend.  A cet effet, un organe appelé Conseil de défense de l’empire est annoncé et institué dès l’été 1940. Sous l’emprise du gouvernement de Pétain, les gouverneurs des colonies ne se bousculent pas. Un lointain écho positif parvient, toutefois, de l’Afrique équatoriale française avec le ralliement du gouverneur-général Félix Eboué. Un autre écho de ralliement parvint de la Nouvelle Calédonie et de la Polynésie, îles de l’océan pacifique à l’autre bout du monde. Les possessions françaises périphériques du continent européen, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient ou bien encore celles des Antilles restèrent hostiles au discours de De Gaulle présenté comme un fantoche des Britanniques. Menée avec l’aide de la flotte britannique du 23 au 25 septembre 1940, la tentative des Forces françaises libres (FFL) de capturer Dakar, capitale de l’Afrique occidentale française échoua avec pour conséquence d’amenuiser sérieusement la sympathie que certains alliés tels que les Etats-Unis commençaient à porter à la résistance pilotée par le général de Gaulle.

Dans les heures difficiles pour l’Etat français, c’est ici, sur les bords du puissant fleuve Congo que s’implanta la flamme de l’espoir que portaient les résistants de la France libre. En octobre 1940, à Brazzaville, fut créé l’Ordre des compagnons de la libération et, naturellement, des troupes furent levées pour figurer dans le combat contre l’occupant allemand.

En dehors du mouvement du général Charles de Gaulle, d’autres forces patriotiques avaient pris le maquis en France métropolitaine et harcelaient l’ennemi. D’obédience politique diverse, ces mouvements étaient connus sous l’appellation de Résistance intérieure. Les communistes français et autres mouvement de gauche, ardents patriotes républicains, avaient des réserves sur la personnalité de Charles de Gaulle. Militaire, ils le soupçonnaient de conspirer contre la République, en faveur d’un retour au pouvoir de la monarchie des Bourbons. Selon plusieurs témoignages y compris celui d’un Bourbon, le comte de Paris, Henri d’Orléans, c’est par tactique que le général de Gaulle se rallia au régime républicain. L’écueil des soupçons franchi, la Résistance intérieure et les Forces françaises libres formèrent une plateforme dite la France combattante en juillet 1942 sous la houlette de l’homme de l’appel du 18 juin.

Ses relations avec son hôte, le Premier ministre britannique, Winston Churchill, ne furent pas toujours des meilleures. Pertinent, tenace, obstiné De Gaulle ne transigeait jamais sur les questions d’indépendance, de dignité et d’honneur de son pays.  Il y avait un son de cloche entre sa vision et celle du Britannique en terme de légitimité de son mouvement à représenter l’Etat français. Churchill lança un jour à De Gaulle : « mais, vous n’êtes pas la France ! vous êtes la France combattante... ». Le Résistant lui répliqua : « J'agis au nom de la France. Je combats aux côtés de l'Angleterre mais non pour le compte de l'Angleterre. Je parle au nom de la France et je suis responsable devant elle ». Cette fermeté à clarifier les principes sauva la France en lui évitant d’être traitée comme pays vaincu. En effet, en Angleterre comme aux Etats-Unis, l’idée était de considérer la France comme territoire d’un pays vaincu à placer sous gouvernement militaire allié à la fin de la guerre. Jusqu’en 1943, De Gaulle et son mouvement n’étaient pas considérés comme les représentants légitimes de la France ni par la Grande Bretagne, ni par les Etats-Unis et d’autres gouvernements européens en exil à Londres.  Seul le gouvernement belge en exil franchit ce pas au prix d’un entêtement face aux pressions britanniques et américaines.

Mal introduit à la Maison-Blanche, le chef des Français libres souffrait de l’antipathie du président américain Franklin Roosevelt. Celui-ci lui préférait d’autres personnalités militaires françaises actives en Afrique du Nord. L’un d’eux, le général Henri Giraud pilotait une organisation dite Commandement en chef français civil et militaire. Exclu du débarquement américano-britannique en Afrique du Nord en mai 1943, De Gaulle prit pied à Alger où son mouvement fusionna avec celui de Giraud pour donner le Comité français de libération nationale (CFLN). Plus avisé sur le plan politique, De Gaulle laissa Giraud sur le plancher pour devenir le seul chef politique des forces françaises. Son aile militaire, les Forces françaises libres quant à elles fusionnaient avec l’Armée d’Afrique placée sous le commandement du général Giraud et devenaient l’Armée française de la libération. Forte de 1.300.000 hommes, cette armée prit part aux combats pour la libération de la France aux côtes des Alliés américano-britaniques.

Le 3 juin 1944, le CFLN avec à sa tête le général Charles de Gaulle se mua en gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Le 6 juin commençait le débarquement allié en Normandie au nord-ouest du territoire français. De Gaulle revint en France métropolitaine le 14 juin à bord d’un torpilleur au nom évocateur : la Combattante !

Le 25 août 1944, Paris est libéré par la 2ème division blindée du général Leclerc. Le même jour, le général De Gaulle est à Paris. Le 26 août il descend triomphalement le boulevard « les Champs Elysées ». Rapidement et fermement, il met en place un gouvernement national qui évite à la France d’être un Etat administré et occupé par les vainqueurs.

Ainsi du 18 juin 1940 au 26 août, le général Charles de Gaulle entra dans la légende de la plus belle manière. Le sol français est riche en héros. Mais dans l’histoire moderne, un feu aussi ardent pour le salut de la patrie ne s’était plus vu depuis Jeanne d’Arc.

 

 

François Ikkiya Onday-Akiera

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